Accusé de s’être entêté à faire d’Idriss Carlos Kameni le gardien de but numéro un durant la 27ème édition de la Coupe d’Afrique des nations de football en Angola, l’entraîneur national adjoint en charge des gardiens est aujourd’hui au centre d’une rocambolesque polémique.
«M. Jacques Songo’o est, à compter de la date de signature de la présente décision, nommé entraîneur national adjoint spécialement chargé des gardiens de buts au sein de l’équipe nationale de football fanion du Cameroun, les Lions indomptables, en remplacement de M. Thomas Nkono». Selon le ministre des Sports et de l’Education physique (Minsep), Michel Zoah, le signataire, la décision N°007/Minsep/Cab du 19 février 2010 portant nomination d’un responsable au sein de l’équipe nationale de football, a été prise pour «les nécessités de services».
Autant la mise à l’écart de certains joueurs présents lors de l’expédition angolaise, tels Song, Njitap, Bikey, Binya, Chedjou, N’dy Assembé et Paul Alo’o Efoulou, pour le match amical du 3 mars contre l’Italie, autant le limogeage de Thomas Nkono, fait couler beaucoup d’encre et de salive. Une déchéance qui a commencé lors de la 27ème édition de la Coupe d’Afrique des nations en Angola, notamment le 24 janvier, à la veille du quart de finale entre les Lions indomptables du Cameroun et les Pharaons d’Egypte. A l’hôtel Praia Morena, quartier général des Lions à Benguela, le Minsep Michel Zoah et le président de la Fédération camerounaise de football, Iya Mohammed auraient attiré l’attention de Thomas Nkono sur le cas Kameni, au-delà de toutes les critiques émises par les journalistes et autres observateurs avertis.
Au terme du premier tour, Idriss Carlos Kameni avait réussi l’exploit d’encaisser cinq buts, dont un contre le Gabon, et deux, respectivement devant la Zambie et la Tunisie. Il eut fallu rectifier le tir, face à l’Egypte. Mais, pour Thomas Nkono, Kameni était bel et bien le meilleur gardien camerounais, devant les remplaçants Souleymanou Hamidou et Guy Rostand Ndy Assembe.
Thomas Nkono aurait été en désaccord avec le ministre des Sports et le président de la Fécafoot, sur la question. À Yaoundé après la défaite, la population en colère aurait voulu incendier le domicile de Kameni au quartier Melen. L’intervention des forces de maintien de l’ordre aurait permis d’éviter le pire.
Au lendemain de la Can, Thomas Nkono aurait adressé à la Présidence de la République, un rapport dans lequel il justifierait la méforme de son gardien N° 1. Des problèmes de ménage lui auraient sapé le moral. Dans la même lettre, il aurait mis à nu les dysfonctionnements de l’encadrement technique national durant la Can. «Pour Thomas Nkono, le coach Paul Le Guen a abandonné l’équipe aux mains de Samuel Eto’o, qui décidait du choix des joueurs», déclare notre informateur.
Informé de la situation par ses sources à la Présidence de la République, qui avaient travaillé dans l’ombre pour son recrutement, Paul Le Guen estime qu’il s’agit purement et simplement d’une «trahison». Dès lors, impossible, estime-t-il, de continuer à faire équipe avec «Tommy». C’est aussi l’avis du Comité d’urgence de la Fécafoot. Alors qu’il présidait une réunion vendredi, le ministre des Sports est joint au téléphone par Thomas Nkono, qui menace de revenir au Cameroun, et déballer tout à la presse. Trop c’est trop, semble dire Michel Zoah, flegme ministre des Sports, qui refuse de céder au chantage de son employé. La sanction tombe en début d’après-midi. Thomas Nkono est limogé de son poste d’entraîneur adjoint chargé des gardiens de buts.
Une nouvelle ère commence-t-elle pour l’encadrement technique de l’équipe nationale fanion ?
Jean Robert Frédéric Fouda, à Yaoundé