L’entraîneur de football pose un regard sur la prestation des Lionnes Indomptables lors de la Can de football féminin qui s’est achevé ce samedi à Windhoek. Il fait une analyse critique le match des Lionnes en finale face au Nigérianes et sur la situation du football féminin au Cameroun. Entretien.
Fallait-il s’attendre à une autre défaite devant cette équipe du Nigéria en finale de cette Can de football féminin ?
Je ne pense pas qu’il fallait tout de suite s’attendre à une défaite. Mais, je crois que c’est le football. il y a des choses qui peuvent ne pas marcher à un moment donné du match et tout de suite on peut encaisser un but. Et de ce point de vue, les deux buts ont été encaissés à la suite de deux petites fautes. Sur le premier but, on a l’impression qu’il y a une faute au niveau du positionnement de la barrière. Sur le deuxième but, il y a eu comme un amusement de la part de nos filles en défense et tout de suite il y a eu la correction du Nigéria.
Pour vous, qu’est-ce qui aura manqué aux lionnes dans cette finale ?
Il leur a manqué beaucoup plus de fighting-spirit. Ce n’est pas beaucoup plus un travail technique. J’ai l’impression que lors des deux derniers matchs contre la Côte d’Ivoire et cette finale contre le Nigéria, il fallait beaucoup plus faire un travail psychologique. Et quand on regarde comment a été la prestation des Lionnes, on a l’impression qu’elles n’étaient pas bien dans leur peau. C’est comme s’il y avait beaucoup de pression, un excès de motivation même. C’est comme si elles voulaient trop bien faire. C’est le véritable problème ont pu avoir dans cette finale.
Est-ce que les prolongations du dernier match n’ont pas eu un impact sur cette prestation des Lionnes ?
Evidemment, quand on regarde le début de la rencontre, on a l’impression que les 120 minutes beaucoup pesé. Elles n’ont pas entamé le match comme on pensait. Elles étaient un peu timorées. Il faut relever que ce sont les mêmes joueuses qui ont disputé la compétition sans repos. Même au match où l’on pensait qu’elles pouvaient être de repos, elles n’ont pas été ménagées. Le coach s’est dit certainement que, comme il n’y a pas de championnat au Cameroun, ça vaut la peine de continuer à mettre la compétition dans les jambes des filles et j’ai l’impression que cela a joué un peu pendant cette finale.
Vous voulez dire qu’il ya eu un problème de coaching ?
Non. Pas cela en tant que tel. Quand on regarde la prestation du Cameroun, on se rend compte que le coach (Enow, ndlr) a la maîtrise de son groupe. Il arrive à le gérer comme il se doit. La preuve, on a vu Ngono Mani qu’on n’attendait pas peser du la défense nigériane. On a malheureusement eu un problème dans les 30 derniers mètres. On n’arrivait pas à aller jusqu’au bout des actions pour les concrétiser. Je pense que c’est beaucoup plus un problème de fraîcheur physique qui a manqué aux filles, qui a fait défaut et non un problème de coaching.
Sur quels chantiers faut-il se lancer maintenant après avoir perdu ce trophée ?
La première chose à faire, c’est d’abord le staff technique qu’il faut absolument maintenir. Il maîtrise déjà très bien le groupe. Il faut tout de suite repartir au boulot pour préparer la Coupe du Monde. Il (Enow Ngachu, ndlr) a tellement la maîtrise de ces filles qu’il faut plutôt voir comment mettre des moyens pour la préparation à la Coupe du Monde. On a un peu mis ces moyens pour préparer cette Can. Et vous savez, après la Coupe du Monde, suivra la Can chez nous. Automatiquement, il faut faire d’une pierre deux coups. On ne va pas seulement penser à préparer la Coupe du Monde. Il faut préparer ce groupe et une relève en même temps, parce que ça m’étonnerait que l’on retrouve certaines joueuses après quelques temps. Il faut se concentrer réellement et qu’on ne pense pas tours que Carl (Enow Ngachu, ndlr) va faire un travail de titans ; il ne va pas toujours faire un travail de génie. Des miracles ne sont pas possibles tous les jours. Il est parfois obligé de retirer les filles au quartier pour travailler seul avec ses propres moyens. Ce n’est pas logique. C’est l’équipe nationale du Cameroun. Maintenant que la Fécafoot a pris les choses en main, on espère qu’on n’aura plus de difficultés à regrouper ces filles-là.
Pour vous, y a-t-il des compartiments à renforcer dans cette équipe ? Y aura-t-il espoir d’avoir de nouvelles joueuses ?
Il y a espoir d’avoir de nouvelles joueuses. Je crois qu’il faut à un moment donner à la direction technique et à la Fécafoot, qu’on fasse tout de même des recherches à faire. On a retrouvé de l’autre côté (en Europe, ndlr) des Camerounaise qui jouent avec la France. J’ai appris que celle qui est capitaine de l’équipe de France doit avoir une petite sœur qui est à voir. Il y a, et je peux vous le rassurer, des filles de l’autre côté qui veulent jouer avec l’équipe du Cameroun. Je crois qu’il faut se rapprocher d’une fille comme Ngono Mani qui maîtrise mieux la France ; De ce côté, il y a des filles qui y sont nées et qui ont joué avec des équipe des jeunes et qui sont à rendre. Je crois qu’il y a des compartiments à revoir. Le poste de latéral droit par exemple. J’ai l’impression que la jeune (Ejanguè Siliki, ndlr) qui y joue dépanne simplement et n’est pas à son véritable poste. J’espère que cette fois-ci, les clubs européens ne vont plus nous parler de calendrier Fifa. Nous avons connu un préjudice avec cette situation, parce qu’on les a récupérées un peu tard. A quelques jours seulement de la compétition, elles étaient bloquées dans leurs clubs. Avec la Coupe du Monde, je crois qu’elles auront réellement trois semaines à un mois ou un peu plus, pour se préparer et on verra encore quelque chose d’intéressant. Et j’insiste, il faut lancer un championnat au Cameroun. Les filles n’ont pas de compétition dans les jambes. On a vu Michèle Akaba (N°18, ndlr) entrer dans ce match. Ce n’était pas ça. On a ressenti tout de suite qu’elle a un manque de compétition.
Entretien mené par Antoine Tella à Yaoundé