YAOUNDE – Après le retour samedi à Yaoundé du corps du footballeur camerounais Marc-Vivien Foé, décédé le 26 juin en France, des centaines de personnes sont venues prier et danser toute la nuit au domicile de ses parents, jusqu’à l’aube dimanche, au rythme des tam-tams entremêlés de prières.
Depuis son décès, il y avait des veillées chaque soir mais « aujourd’hui, il y a plus de monde, plus de prières et plus de messes que les autres soirs », raconte à l’AFP Daniel Mbega Mbarga, originaire du village natal de Foé, où des veillées se déroulent également tous les soirs.
« Le fait qu’il soit ici, au village (au Cameroun et non plus en France), les gens sont davantage touchées en voyant la veuve et ses enfants », poursuit-il. Les parents du footballeur décédé, sa femme et leurs trois enfants ainsi que l’équipe nationale du Cameroun, les Lions indomptables, sont arrivés samedi matin à l’aéroport international de Yaoundé. Le corps de Marc-Vivien Foé, reçu avec les honneurs, repose à la morgue dans l’attente des obsèques nationales lundi.
Même si, contrairement à la tradition, le cercueil n’est pas au domicile des parents, une imposante maison blanche près du stade omnisports, un esprit différent anime la grande veillée de samedi. « Avant, on n’avait pas encore d’émotion, on venait pour soutenir la famille. Aujourd’hui, on est convaincu qu’il est vraiment mort », constate un jeune du fan-club Marc-Vivien Foé.
Dès 20H00 (19H00 GMT), la veillée débute par une messe et se poursuit par des chants religieux en français et ewondo, la langue véhiculaire de la famille du footballeur. Lorsque la chorale se tait, les tam-tams reprennent et des femmes dansent.
Dans un va-et-vient permanent, des centaines de personnes se recueillent quelques instants devant les couronnes de fleurs et le portrait du N.17 des Lions indomptables, décédé à la 72e minute de la demi-finale de la Coupe des confédérations, à Lyon (France). Certains, discrets, restent debout à l’entrée de la cour et viennent rendre hommage au défunt pour la première fois puis repartent.
D’autres, présents tous les soirs depuis le jour de sa mort, sont assis sous des tentes. Ils discutent, rient ou dorment. La belle-famille en boubou marron a marqué son emplacement d’une pancarte « Belle-famille Bassa », de l’ethnie de Marie-Louise Foé, les membres de la famille de son mari étant bétis.
« On parle de sa mort, comment ça a pu arriver. Nous parlons aussi de sa femme et de ses enfants, comment ils vont faire sans lui », raconte Olive Missoague, une amie de la famille, aux longues rastas rouges. Près d’elle, Nadine Domdu, une stagiaire de 24 ans, reconnaît que « la gaieté et la tristesse sont mélangées. Les gens se défoulent au son des tam-tams, mais pleurent lors de la messe ».
Et malgré la tristesse, jeunes gens et jeunes filles ne s’ignorent pas. Clin d’oeil et petites discussions: à 22 ans, David s’en donne à coeur joie. Mais pour son camarade: « non, non, nous ne sommes pas là pour ça. C’est plutôt aux mariages que ça drague. » Dimanche soir, une nouvelle veillée devrait débuter au stade omnisports de Yaoundé afin d’accueillir un plus grand nombre de Camerounais. Elle s’achèvera à l’aube, lundi, au domicile des parents Foé.
Et pour tenir toute la nuit et lutter contre le froid relatif, café, pain et chaleur humaine permettront d’être présent jusqu’au bout à ces funérailles qui prendront fin lundi avec la célébration d’une messe à la cathédrale de Yaoundé suivie de l’inhumation du Lion indomptable.