Le contraste est saisissant: cinq participations à la Coupe du monde, quatre trophées de vainqueur de la Coupe d’Afrique des nations de football mais, zéro stade de football homologué. Voilà la réalité hideuse qu’offre le Cameroun au monde, abasourdi. La situation n’est pas seulement préoccupante, elle est désespérante.
Parce que rien, mais alors rien, ne peut justifier que notre pays en soit encore à ce stade nul dans la politique de développement des infrastructures sportives, malgré les médailles, la gloire et l’argent que lui rapporte ses sportifs sur la scène internationale.
On ne le relève pas souvent assez, mais le Cameroun se trouve pratiquement dans I’impossibilité de postuler à l’organisation de certaines manifestations sportives, faute de disposer d’infrastructures adéquates pour accueillir la jeunesse africaine. De sorte que, la dernière fois où nous avons osé posé notre candidature pour accueillir la Coupe d’Afrique des nations (édition 1996), nous avons été battus par… Le Kenya. Encore heureux que, par la grâce de la Coopération française, nous puissions brandir une piste d’athlétisme au vétuste stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé, laquelle a permis la tenue dans la capitale camerounaise des 10èmes championnats d’Afrique d’athlétisme en 1996. L’athlétisme est décidément l’exception qui confirme la règle, puisque la ville de Garoua vient d’accueillir sans grand mal les 6èmes championnats d’Afrique juniors d’athlétisme. Au niveau du football, à peine peut-on cité le stade Roumdé Adjia de Garoua, le seul qui a une pelouse acceptable, des vestiaires fonctionnels et un éclairage minimal. Pour le reste, c’est le grand désert. Même pour s’entraîner dignement, les Lions indomptables sont obligés de louer la pelouse de la Béac à Yaoundé. On compte à présent sur le programme de constructions de dix stades provinciaux annoncé il y a quelques semaines dans nos colonnes par le président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot). S’il en est ainsi pour le sport-roi, on peut imaginer le cataclysme des autres disciplines sportives.
Les sports collectifs (handball, basket-ball, volley-ball, etc) se jouent sur du ciment, gracieusement offert par le collège de La Salle, I’université de Yaoundé I et la société Camtel. Le plancher, nos sportifs ne le découvrent que lors des anecdotiques déplacements à l’étranger. La salle de sport promis, sur la foi d’une aide de la Coopération chinoise reste un long serpent de mer. Le rugby, le base-ball et d’autres sports exotiques qui se cherchent encore, se contentent des terrains vagues. Un gymnaste a rendu l’âme cette année en cassant la figure sur les vieux tapis de l’lnjs… En somme, en sport plus qu’ailleurs, le Cameroun est entièrement à construire. Malheureusement, ceux qui sont en charge de le faire, n’ont à l’idée que de se payer des voyages et de fêter des médailles inespérées.
E.Gustave Samnick