Arrivé d’Aulnay il y a quelques mois, Stéphane Ikotbo, attaquant originaire du Cameroun, est l’un des artificiers de l’arsenal saintais. L’histoire d’amour entre Stéphane Ikotbo et la Charente-Maritime a débuté par une petite annonce.
Celle que l’US Aulnay avait diffusée dans le journal « France Football », la saison dernière. Du style, « recherche attaquant désespérément ». Il y a vu un signe du destin. Passé par le centre de formation du Stade de Reims, où il a joué quelques matchs en CFA2, Stéphane s’est donc lancé un nouveau défi. Direction Aulnay, où son arrivée fut un peu un choc des cultures. « C’était d’abord un choix professionnel. On devait me trouver un emploi. Mais j’ai eu du mal à m’adapter à la vie d’une petite commune. De plus, l’éloignement de mon fils, resté à Reims, et la solitude m’ont vraiment pesé. »
Les difficultés sportives n’arrangent rien. L’US Aulnay est englué au fond du classement et sera finalement rétrogradé en District. Il doit partir pour continuer sa progression. Après quelques tracas avec le club saintongeais, qui accepte finalement de le libérer, il arrive à Saintes pour tenter de se relancer. À 26 ans, Stéphane Ikotbo n’a d’ailleurs pas perdu le fil de ses illusions. « Je peux encore faire quelque chose dans le football et, pourquoi pas, retrouver le niveau du championnat de France amateur. Je sais que je peux y arriver. »
À Reims, ça coince
Il faut dire que son passage au mythique Stade de Reims l’a marqué. Comme pour beaucoup de jeunes footballeurs remplis de rêves de grandeur, le foot professionnel aura pourtant ressemblé à un mirage. Mais son espoir se nourrit d’une conviction intime. « Il faut toujours y croire et s’accrocher. Avant d’être recruté par Reims, j’avais été refusé par Guingamp et Metz. Ensuite, j’ai effectué des essais en Angleterre, puis j’ai joué en DH dans la région rémoise. Mon regret, c’est qu’à Reims, même si nous étions très bien encadrés sportivement, j’avais surtout besoin d’être davantage suivi dans ma vie. » Aujourd’hui, il a du mal à regarder certains matchs, qui lui rappellent qu’il a laissé filer une première chance. « Lorsque je vois par exemple Lucas Deaux, titulaire avec Reims en Ligue 2, alors que j’étais avec lui en formation, j’ai effectivement quelques regrets. Je me dis que j’aurais pu avoir ma place à ce niveau. Mais je suis content pour ceux qui ont réussi. S’ils sont pros, c’est qu’ils méritent ce qui leur arrive. »
Optimiste, Stéphane ne veut pas renoncer à voir plus grand. « J’ai toujours envie de m’améliorer. Mon objectif est de jouer le plus haut possible. Pour cela, je me remets toujours en question. À Saintes, je me suis tout de suite adapté à la ville et rapidement intégré dans l’équipe. On m’a placé dans d’excellentes conditions. »
Les Saintongeais font le trou
Il a su se hisser au niveau des autres buteurs saintais, qui forment une attaque volcanique (33 buts en 11 matchs). Pour sa part, Stéphane Ikotbo a désormais fait le plein de munitions. Après un doublé à Jonzac, il a inscrit un triplé lors du choc contre Oléron, avant d’enchaîner par un nouveau but à Sireuil. Désormais, Saintes a fait le trou en tête du championnat et justifie tout à fait ses ambitions. « Nous avons une très belle équipe. Si on continue comme ça, l’accession est en ligne de mire », espère l’attaquant saintongeais.
Mais, il suffit d’une conversation avec Olivier Churlaud, l’entraîneur, pour entendre un léger bémol. « Nous ne sommes qu’à la moitié du championnat. Pour l’instant, l’équipe est dans les temps de passage, que ce soit sur la saison, mais aussi dans notre projet, qui prévoit une accession en DHR d’ici deux ou trois ans. Mais il faut être prudent. Notre adversaire principal, c’est sûrement Saintes. »
En tout cas, si l’Entente Sportive continue sur sa lancée, Stéphane Ikotbo n’aura pas forcément besoin de se replonger dans la rubrique des petites annonces. Saintes est peut-être le club idéal pour assouvir ses rêves.
Laurent Bourgoin