Parmi tous les symboles de la précarité qui prévaut en ce moment au Cameroun figurent en bonne place les travaux de l’infrastructure qui porte le nom du Président de la République, Son Excellence Mr Paul Biya. L’idée de ce stade avait germé avant le début des années 2000. Mbarga Mboa, lors de sa tenure comme Ministre des Sports, espérait être celui qui rendrait concret ce projet. Près d’une vingtaine d’années plus tard, l’infrastructure est le symbole de l’inertie de tout l’appareil gouvernemental. Et pourtant il porte le nom du Président de la République !
Ce nom, jadis craint, ne suscite plus la moindre réaction. Peut-être est-ce le fruit des habitudes, peut-être est-ce le fait des certitudes qui découlent du fait que « l’Homme Lion » ne punit qu’en tout dernier recours.
Situé au cœur de la capitale politique du Cameroun, les travaux du Stade Paul Biya sont arrêtés depuis plus de huit mois. Autour du site de ce chantier, le ruissellement des eaux de pluie a emporté les derniers vestiges de poussière qui se sont amoncelés lors des excavations. Par-ci et par-là, la sédimentation a accouché de petites monticules. Les travaux semblent avoir été interrompus il y a des années puisque la rouille a envahi le métal abandonné.
Présent lors du séminaire d’harmonisation de la méthodologie de présentation des infrastructures du CHAN 2020 et de la CAN 2021 organisé au Palais Polyvalent des sports de Yaoundé il y a deux semaines, le Control Project Manager de Gruppo Piccini est revenu sur la situation de ce complexe sportif.
» Dans les quelques semaines qui vont venir, d’abord on doit reprendre de façon pleine les travaux. On a dit quelques semaines, mais j’espère dans quelques jours. Cela a été annoncé qu’à priori, il n’y aura pas les épreuves du CHAN sur le stade d’ Olembe, ça ne va pas être présenté à la CAF, mais si les terrains d’entraînement sont prêts, peut-être qu’ils seront utilisés. Mais aujourd’hui nous on a moins la pression de temps, on pourra bien faire les travaux et les finir de façon très correcte, sans cette pression de temps qui n’est pas toujours très favorable pour travailler. »
Parlant des difficultés financières responsables de l’arrêt des travaux, il explique qu’ils ont « bien sûr essayé de résoudre ces problèmes, ç’a été un peu difficile, mais il s’avère qu’effectivement il y a eu des prestations qui ont été faites par l’entreprise et qui n’étaient pas prévues à l’origine, et ont effectivement un tout petit élevé le budget, mais aujourd’hui quasiment c’est résolu, on est dans les derniers points techniques et on espère effectivement pouvoir reprendre sereinement toute la partie des travaux des stades assez prochainement et aller jusqu’au bout. »
Pour ce qui est de la date de livraison, il ne sait » pas trop à quel rythme on va reprendre. Aujourd’hui il y a encore une petite inconnue, je sais qu’on va reprendre; à quel rythme, je ne sais pas, mais ce ne sera pas un rythme aussi intense, puisque du coup, il n’y a plus la contrainte du CHAN. Je pense que dans les six à neuf mois qui viennent, on devrait pouvoir livrer. Mais ce n’est pas un engagement ferme. »
On va donc avoir un problème puisque la Confédération Africaine de Football exige désormais que toutes les infrastructures et les services du cahier de charge de la Coupe d’Afrique des Nations 2021 soient parachevés avant le mois de Juin 2020. Et ce sera un désastre si la CAF retire l’organisation de cette compétition, cette fois-ci définitivement, au Cameroun parce que le Stade, qui porte le nom du Chef de l’État, est en défaut.