L’infortuné a été englouti par une épaisse masse de terre alors qu’il était à son poste de travail. Deux de ses collègues ont été grièvement blessés, tandis que le quatrième du groupe s’est sauvé à temps. Les jeunes hommes ont été conduits à l’hôpital de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNPS) de Yaoundé.
Les travaux de rénovation du stade Omnisports Ahmadou Ahidjo de Yaoundé ont fait trois victimes ce jeudi, 12 mai 2016. Un ouvrier est décédé, tandis que les deux autres sont gravement blessés. « Ils ont été sérieusement abimés. L’un d’entre eux a les pieds cassés. On voyait même les os », raconte Philippe (nom d’emprunt), un ouvrier qui a vécu le drame. Celui-ci aurait pu faire partie des victimes de la cuvette de Mfandéna. « J’ai vu que l’endroit où on nous a envoyé travailler présentait un risque », dit-il. Et contrairement à ses collègues, « moi, j’ai refusé de travailler dans ce secteur-là », confie-t-il encore. Abattu par une frustration qu’il ne parvient plus à contenir, Philippe et bon nombre d’ouvriers présents sur le chantier à 10h ce jeudi n’ont qu’une envie : rentrer à la maison.
Les faits
L’incident s’est produit aux environs de 9h du matin, au milieu de la tribune située à la droite de la tribune présidentielle. « En fait, nous voulons faire un tunnel qui va servir d’entrée présidentielle. Alors ce matin, un engin est venu creuser », raconte un autre ouvrier. Le responsable de ce secteur, « un employé de l’entreprise, Arab Contractor », a demandé à « quatre ouvriers de se charger de racler la terre creusée par l’engin, parce qu’on allait ensuite couler le béton », explique notre source. Mais les quatre ouvriers ont tardé à mettre en exécution les ordres de leur chef. « Ils lui ont dit que, comme il a plu hier (mercredi, Ndlr.), il vaut mieux attendre que la terre sèche un peu parce que le talus (terrain en pente formé par un terrassement, Ndlr) ne semblait pas très solide. Il y avait un affaissement au niveau du coffrage également », ajoute un autre. Mais le responsable les aurait intimidé ensuite. « Il leur a dit : celui qui ne veut pas travailler sort du chantier », révèlent plusieurs ouvriers.
La grogne des ouvriers
C’est alors qu’ils se sont mis au travail. Et en à peine quelques minutes, le pire est arrivé. « Le talus a lâché avec le coffrage, et la terre a recouvert les ouvriers », dit-on encore. Si le quatrième a pu, à temps, sauter et se sauver, le premier a été totalement englouti par la terre, tandis que les deux autres à moitié recouverts se sont tirés d’affaire avec des blessures graves causées au niveau des pieds par les grandes barres de fer qui attendaient le béton. Des ouvriers ne cachent pas leur courroux. Certains se disent même prêt à organiser un mouvement d’humeur dès demain, si leurs conditions de travail ne sont pas améliorées dans les brefs délais. « Cet ouvrier qui meurt et les deux autres blessés payent le fait qu’il n’y avait personne pour les défendre quand ils ont fait le constat selon lequel il y avait des risques à cet endroit », de plus, « ici, nous n’avons que les casques et les chasubles qui nous sont offerts. Les chaussures et le reste, c’est chacun pour soi », confient plusieurs d’entre eux.
Arthur Wandji