La rumeur s’était répandue dans la capitale, comme une traînée de poudre. Et les travaux de réfection du stade Ahmadou Ahidjo, au ralenti depuis une dizaine de jours, tendaient à confirmer la thèse d’une rupture de contrat, et surtout, d’un départ imminent des ingénieurs asiatiques, partis de l’empire du Soleil Levant pour remettre à neuf l’arène vieille de 35 ans.
En date du 14 mai 2007, le ministre des Sports et de l’éducation physique (Minsep), Augustin Edjoa a procédé à la signature d’une convention d’obligations et d’échange de services avec les Etablissements Cam Conseil international. Basée à Douala, cette régie publicitaire spécialisée dans l’organisation des évènements sportifs, s’emploiera, dans les semaines à venir, à poser quarante mille sièges numérotés sur les gradins et tribunes du stade omnisports Ahmadou Ahidjo de Yaoundé. Elle devrait ainsi couvrir la quasi-totalité des places disponibles. Un marché juteux, moyennant un retour sur images pendant une période de quatre ans. « Le coût de l’opération oscille entre 250 millions et 300 millions Fcfa », avait précisé le Directeur français de Cam Conseil international, Alain Paez.
L’opération de rénovation intégrale des différentes infrastructures sportives en général et du stade Ahmadou Ahidjo en particulier est saluée en grandes pompes par les 18 millions de Camerounais. Mais, la joie n’aura été que de courte durée. A pied d’œuvre depuis deux mois, l’entreprise japonaise en charge des travaux n’est curieusement pas informée de la convention qui lie désormais les pouvoirs publics à Cam Conseil international. Elle ne l’apprendra d’ailleurs qu’à travers les média nationaux et internationaux.
Mercredi le 23 mai 2007, L’ambassadeur du Japon à Yaoundé veut avoir le coeur net ! Il désigne le chef de projet Wakanabe, et son adjoint Matsunage, et le responsable du gazon Yamaguchi, pour rencontrer le patron des Sports. Au cours d’une réunion marathon dans son cabinet, Augustin Edjoa, le ministre des sports et de l’éducation physique, a levé tous les points d’ombres et rassuré ses hôtes. « Aucune entorse ne sera faite à votre cahier de charge. La coopération entre le Cameroun et le Japon date de 1960. Il ne nous viendra jamais à l’idée d’y mettre fin».
Répartition des tâches
En clair, selon les termes de son contrat avec le Cameroun, Cam Conseil international installera uniquement les quarante mille sièges numérotés sur les gradins et les tribunes annexes. Réfection de la pelouse et des vestiaires, construction de nouvelles toilettes et d’une salle de presse, sonorisation, installation d’une ligne téléphonique, remise en marche du tableau électronique d’affichage à l’arrêt depuis deux décennies, relookage de la tribune présidentielle sièges aux charges de la coopération japonaise.
Cette juste répartition des tâches, a tenu à préciser le ministre Augustin Edjoa, « devrait permettre de livrer les travaux dans les délais et surtout permettre au Cameroun de disposer d’un stade entièrement rénové dans la perspective du tournoi Cémac et de la coupe du Cameroun prévus au mois de décembre 2007, sous le patronage du Président de la république ».
Les Japonais estiment le coup de cette énième réfection à 1 milliard 500 millions Fcfa. Reste seulement à espérer qu’au-delà du marché des sièges qui ravive les passions, les travaux ne soient plus perturbés, ni interrompus suite aux incessantes coupures d’eau et d’énergie électrique, comme le déplorent les techniciens.
Jean Robert Fouda à Yaoundé