Brouettes, machettes, pioches et seaux,voila le nouveau décor qui vous accueille dans la cuvette de Mfandena. En effet, depuis trois mois, les compétitions sont arrêtées et les athlètes ont cédé la place aux ouvriers de la société Soevecam pour l’accomplissement des travaux de réfection de l’aire de jeu.
Lesquels travaux sont rentrés dans leur phase terminale. Le décapage de la terre et du gazon, c’est-à-dire le retrait total de l’ancienne terre jugée stérile et inapte à la pousse du gazon, est effectué. Le nouvel aspect du terrain, plus vert et luxuriant que jamais, a fière allure, comparé à celui jadis noir et crevassé qu’on lui connaissait. La pose des drains utiles à l’évacuation de l’eau est déjà faite. Il ne resterait plus qu’à compacter le gazon en comblant les espaces vides et à niveler le terrain afin d’éviter les stagnations d’eau.
Cependant, depuis le 8 Septembre 2003, le vacarme des dizaines d’ouvriers de la Soevecam, l’entreprise qui effectue les travaux, a cédé la place à un silence de cimétière. Mardi dernier, ils étaient tout juste deux ouvriers à éffectuer le repiquage du gazon.
Les responsables de la Soevecam ont déserté les lieux avec ouvriers et engins. D’après le directeur du stade Ahmadou Ahidjo, Louis Bella Eves, « La Soevecam réclame le versement du premier décompte, parce qu’ elle n’est pas sûre que les fonds qu’elle a engloutis pour l’exécution des travaux lui seront restitués au terme du contrat ». Il continue en précisant que cet arrêt de travail serait « la faute de l’entrepreneur, qui n’a pas engagé assez tôt les procédures administratives inhérentes à un recours de versement ». Si au ministère de la Jeunesse et des Sports (Minjes) l’on a également constaté l’arrêt des travaux, on évoque d’autres raisons. D’après le directeur des affaires générales (Dag), Pierre Noungui, en charge du dossier, l’arrêt des travaux de réfection de l’aire de jeu du stade Ahmadou Ahidjo est consécutif à « un mouvement de grève des employés de la Soevecam, qui réclament à ce jour trois mois d’arriéres de salaire. Au moment du démarrage des travaux, l’entrepreneur Ngounoua Mama avait recruté un nombre important d’employés. Mais, avec les besoins en matériel, l’argent dont il disposait s’est révélé insuffisant pour payer tout ce monde là. Aussi, s’est-il séparé de la plupart d’entre eux.
» D’après les clauses du contrat, notamment dans le volet relatif aux finances, il est stipulé, révèle Pierre Nougui, que l’entrepreneur sera payé par tranches. Ceci, après évaluation permanente du niveau d’avancement des travaux par une sous-commission technique constituée par des ingénieurs des travaux publics et les personnels du Minjes. Et ce, jusqu’à la fin des travaux. Une situation d’autant plus surprenante que la même sous-commission avait jugé la Soevecam apte à conduire les travaux jusqu’à leur terme, sans risque de les voir interrompus pour pression financière ou autre problème. Néanmoins, depuis vendredi dernier, les responsables de Soevecam seraient rentrés en possession du listing et n’attendent plus que le chèque et les liquidités à percevoir.
Réception
Malgré tous ces contre-coups, la nouvelle aire de jeu est toujours prévue pour être réceptionnée dans trois ou quatre mois. Selon des indiscrétions glanées cà et là au Minjes, la réfection de l’aire de jeu n’est que le début d’un long processus de réamenagement de tout l’édifice, des tribunes aux vestiaires. Déjà, les pilônes lumineux A et B ont été remis en fonction. Un appel d’offres a été lancé pour le renouvellement des tribunes A, complètement affaissées, ainsi qu’un autre pour refaire le panneau d’affichage électronique non fonctionnel depuis belle lurette. Plus tard, interviendra une remise à jour des toilettes, insalubres et disfonctionnelles à souhait pour un lieu qui accueille des milliers de personnes. Les vestiaires, ou plutot ce qu’il en reste, seront également retouchées, ainsi que la tribune présidentielle. Ici, les réfections envisagées iront des sièges jusqu’au plafond. Cette vague de travaux intenses qui, à coup sûr, redonnera un nouveau visage à la mythique cuvette de Mfandena pourrait s’étaler sur des mois, voire des années. Si bien sûr ils ont lieu un jour.
Les mêmes sources laissent par ailleurs entendre qu’après cette grande toilette, le stade omnisport ne sera plus ouvert qu’à l’occasion des matches de prestige du genre matches d’exhibition des Lions Indomptables, des matches amicaux internationaux et autres grands derbies du championnat capables de drainer un nombre important de spectateurs. Cette option serait alors, dit-on à la direction du stade Ahmadou Ahidjo, un moyen de décongestionner le stade rénové afin d’éviter une surutilisation de sa pelouse; et par la même occasion, de le rentabiliser efficacement. Le paliatif à cette utilisation exlusive de l’aire de jeu de la cuvette de Mfandena serait alors les stades annexe 1, 2 et 3, et le stade militaire, eux-mêmes à aménager. En attendant, la cuvette de Mfandena est en repos technique .
Lydie Carole Eyamo (Stagiaire)