Qui ne se rappelle pas du charismatique Emmanuel Kundé qui a joué à la fois au milieu de terrain et en défense avec les lions indomptables. Vous rappelez-vous de ses coups francs, de véritables bombes. Leader indiscutable, Kundé a fait partie des joueurs qui ont permis au Cameroun de croire à son potentiel. Associé à Ibrahim Aoudou en milieu défensif par Jean Vincent au mondial espagnol de 1982, il rythmait les contre attaques et détruisait à souhait toute velléité offensive des adversaires. Discussions avec « Man pass ballon no pass »…
En tant qu’ancien international camerounais, que signifie une coupe du monde pour vous, ou alors, qu’a signifiée une coupe du monde pour vous du temps où vous étiez en activité ?
Je crois que le coupe du monde, c’est le sommet du football mondial. C’est le rêve de tout footballeur, malheureusement, il y a beaucoup qui n’ont pas cette chance. Nous l’avons eu à plusieurs reprises, et je puis vous rassurez que c’est un moment fabuleux. Donc, ceux qui iront en 2014 ou en 2018, doivent savoir qu’ils l’ont mérité et qu’ils soient contents de leur sort.
Parlez-nous de ces phases finales de coupe du monde auxquelles vous avez pris part…
La première était en 1982, c’est vrai que c’était la première participation du Cameroun, mais bon, nous n’avons pas été ridicules. On a terminés, je crois…troisièmes, avec trois matches nuls qui nous ont éliminés malheureusement au goal average. Et nous pouvions être ravis, parce que, c’est une équipe de notre poule, en l’occurrence l’Italie, qui ne nous a pas battu qui a été sacrée champion du monde. Je crois que tous les camarades avons été très contents de vivre cette aventure. En plus, comme c’était la première expérience, on ne savait pas comment attaquer, ni défendre, mais bon, on s’est défendu comme on n’a pu, et je crois que la coupe du monde 1982 est révélatrice des progrès qu’on a fait jusqu’en 1990.
Celle de 1990 qui a été comme une consécration…
Oui, ça été, sur le plan du jeu, l’une de nos meilleures coupe du monde. Mais malheureusement, vous savez, en sport, il faut gagner, soit perdre. En quart de finale contre l’Angleterre, le sort nous a été contraire, malgré le beau spectacle qu’on a livré. Mais, ça aussi, c’est le fair-play. On a été très contents, et je pense que les camerounais l’ont été aussi.
Charismatique défenseur que vous étiez, vous aviez pour crédo : « le ballon passe, le joueur ne passe pas ». Qu’est ce que ça signifie exactement ?
Je crois que c’est ce que les gens pensaient de moi. Mais effectivement, pour un défenseur, se laisser dribbler par un attaquant, surtout à mon poste où j’étais pratiquement le dernier défenseur, c’est-à-dire le libéro, à chaque fois que j’étais battu, le gardien était en danger. Mais, le défenseur, ce n’est pas seulement celui qui défend derrière. On commence à défendre devant, et je crois, la défense est collective comme l’attaque aussi.
Et à votre époque, comment se déroulait la préparation pour la coupe du monde ?
A l’époque, surtout en 1982, les 4/5e de l’équipe nationale étaient des résidants au Cameroun qui jouaient au championnat camerounais. Donc, ça ne posait pas de problème, on pouvait regrouper des joueurs quand on voulait. Malheureusement, maintenant, je crois que les 5/6e de l’équipe nationale résident à l’extérieur, et ça pose problème. Comme ils sont des professionnels, il faut d’abord respecter les clubs qui les emploient. Maintenant, je crois qu’il y a eu un modus vivendi, un arrangement entre les clubs, les pays et les joueurs. Nous avions l’avantage parce qu’on était nombreux ici. Maintenant, les championnats se sont terminés, et ils n’auront que deux semaines pour se préparer.
Est-ce que cet échéancier est suffisant pour préparer une compétition d’envergure comme la coupe du monde ?
Absolument pas. Parce qu’en deux semaines, ceux qui viennent de terminer un championnat professionnel avec 50 matches n’ont pas eu le temps de respirer. Il y a certains qui vont arriver, peut-être diminués par des blessures, mais bon, bonjour la chance, comme on dit.
Pour avoir arboré le vert-rouge-jaune, est-ce que vous voyez l’équipe actuelle le hisser aussi haut que vous l’avez fait en 1990 ?
J’ai des doutes. Je ne suis pas pessimiste, mais ça peut arriver qu’on se lève lors du premier tour et qu’on gagne les matches. Mais quand on voit la configuration de notre groupe, ça va être un peu délicat. On plie les doigts et on prie que le sort nous soit favorable.
Quel conseil donnerez-vous à vos jeunes frères qui défendront dans quelques jours le drapeau camerounais au Brésil ?
Je vais leur demander d’y croire, parce qu’il faut croire en ce qu’on fait. Ils doivent être concentrés sur le sujet coupe du monde. Qu’on oublie les problèmes de vestiaire. Qu’ils se battent, qu’ils n’aient rien à se reprocher, et on tirera les conclusions après.
Recueillis par Armel Kenné