La compétition d’envergure internationale aura finalement eu lieu deux ans et demi plus tard que prévu, mais personne ne s’en soucie ni à Yaoundé, ni au Cameroun. Les Lions Indomptables avaient pourtant encaissé à la surprise générale le premier but du match mais, grâce à deux penalties inscrits par le capitaine, Vincent Aboubakar, la série d’invincibilité à domicile en compétition officielle se poursuit. Le Cameroun a entamé leur campagne de Coupe des Nations par une victoire 2-1 contre le Burkina Faso.
Le résultat va certes faire plaisir à l’entraîneur portugais du Cameroun, Toni Conceição. Aboubakar Vincent, qui avait inscrit de manière spectaculaire le but de la victoire en finale au Gabon il y a cinq ans, lorsque le Cameroun a remporté son cinquième titre, a été très actif tout au long de la rencontre. Son autre vedette, André-Frank Zambo Anguissa, a géré le tempo de la rencontre au milieu de terrain. Et, mis à part l’erreur de jugement lors de la séquence du but du Burkina Faso, André Onana a impressionné dans les filets alors qu’il ne livrait que son cinquième match seulement depuis son retour après une suspension assez longue, réalisant un superbe blocage réflexe au début de la seconde période.
Si l’on est soulagé de la remontée du Cameroun, on est également soulagé que le match ait lieu et qu’il puisse se dérouler devant des tribunes relativement bien remplies. L’un des problèmes récurrents des dernières Coupes des Nations est que les stades sont presque vides pour les matches auxquels ne participe pas le pays hôte. Les raisons en sont nombreuses, du prix élevé des billets à l’inaccessibilité des stades, mais la plus importante est l’absence d’une culture du match.
Pour beaucoup, le football est un sport consommé à la télévision et l’expérience montre que les fans qui ont l’habitude de regarder la Premier League ou la Ligue des champions chez eux ou dans un bar local ne changent pas leurs habitudes juste parce que l’Éthiopie joue contre le Cap-Vert à quelques kilomètres de là.
Mais le Cameroun a une culture du football, et les foules y ont été excellentes, tant pour la Coupe d’Afrique des Nations féminine en 2016 que pour le Championnat d’Afrique des Nations, le tournoi des joueurs nationaux, en 2020. En raison des restrictions imposées par le Covid, la capacité d’accueil est limitée à 80 % pour les matches auxquels participe le Cameroun et à 60 % pour tous les autres matches, mais l’atmosphère du match d’ouverture de ce dimanche était incroyablement vibrante.
Le fait que le Cameroun accueille enfin à nouveau la Coupe des Nations suscite un sentiment de fierté évident. Cela fait 50 ans qu’il n’a pas organisé le tournoi, lorsque le Congo, après l’avoir battu en demi-finale, a battu le Mali en finale. Deux mondes séparent les deux compétitions : à l’époque, elle ne comptait que huit équipes et seuls six joueurs des huit nations engagées évoluaient dans des clubs européens (cinq en France plus le Zaïrois Julien Kialunda à Anderlecht). Aujourd’hui, elle compte 24 sélections finalistes et 404 joueurs évoluant dans des clubs européens, mais aussi aux États-Unis, en Chine, en Corée du Sud, en Inde, au Qatar et en Arabie saoudite.
L’Afrique est devenue un grand exportateur de talents, ce qui présente à la fois des avantages, dans la mesure où de nombreux joueurs évoluent au plus haut niveau et où même ceux qui ne le font pas font l’expérience de différents styles et environnements, et des défis, notamment en ce qui concerne la programmation du tournoi. Et pour toutes les récriminations des clubs européens au sujet de leurs joueurs qui se rendent avec leur sélection au Cameroun, il faut garder à l’esprit que la grande majorité d’entre eux viennent de là, ce qui n’a pas toujours été le cas.
La phase de groupe élargie peut sembler énorme avec ses six groupes de quatre, puis vers les huitièmes de finale. Si on peut être frustré par le fait qu’aucune équipe africaine n’ait dépassé les quarts de finale de la Coupe du monde, son développement se standardise et des nations autrefois distantes du top 10, ont rétréci l’écart.
Le Burkina Faso, finaliste de la Coupe des Nations 2013, en fait partie. Ses joueurs ont eu la malchance de ne pas se qualifier aux barrages de qualification pour la Coupe du monde qui se joueront en mars. Ils ont terminé leurs matchs de groupe sans défaite mais avec deux points de retard sur l’Algérie, championne d’Afrique en titre. C’est une équipe jeune et brillante qui a toutes les chances de participer à la Coupe du monde 2026, puisque l’élargissement du format signifiera des possibilités de qualifications supplémentaires.