Arrivé jeune à Manchester United, le milieu de terrain n’a pas su résister au tourbillon du succès. S’il fallait montrer aux jeunes footballeurs les erreurs à ne pas commettre, la carrière d’Eric Djemba Djemba serait un exemple plus que parlant. Promis à un bel avenir, le pensionnaire de la Kadji sport Academy rejoint le championnat de France et brille avec Nantes entre 2000 et 2003.
Le milieu de terrain est si talentueux qu’Alex Ferguson, entraîneur de Manchester United, fait tout pour qu’il signe chez les Reds Devils. A 23 ans, Djemba Djemba est comparé par certains à Roy Keane. On l’annonce même comme le successeur du capitaine emblématique alors en fin de carrière. Mais après une saison, il n’arrive pas à faire son trou au milieu des Van Nistelrooy, Ryan Giggs et autres Rio Ferdinand en une quarantaine de matchs. D’autant que ses virées nocturnes attirent plus l’attention que ses performances. La suite, c’est un passage à Aston Villa où rien ne se passe comme prévu. Une blessure à la cuisse le relègue au banc de touche. Djemba Djemba entre en conflit ouvert avec son entraîneur, David O’Leary, et est prêté six mois à Burnley, club de D2 anglaise. A son retour à Aston Villa, Martin O’Neil, le nouveau coach, ne veut pas non plus du joueur qui est libéré de son contrat. Démarra alors une carrière de bourlingueur à travers le monde (Danemark où il joue à un bon niveau entre 2008 et 2012, Israël, Qatar, Serbie, Ecosse, Indonésie, Inde). Il participe aux CAN 2002, 2004 et 2006 avec les Lions indomptables. Entre-temps, ses ennuis avec le fisc anglais feront la Une des journaux.
Depuis janvier dernier, il s’est engagé pour six mois avec les Voltigeurs de Chateaubriand, club du championnat amateur de France, où il espère passer ses diplômes d’entraîneur. Dans une interview accordée à France Football en février dernier, Eric Djemba Djemba, 35 ans, fait pourtant preuve de lucidité : « Si c’était à refaire, je serais parti de Nantes quelques années plus tard. Mais à l’époque, je n’étais pas très bien conseillé. En 2010, au Danemark, j’ai de nouveau rencontré Ferguson qui m’a dit : « J’aurais aimé t’avoir à cet âge-là ». J’avais 29 ans. Il a senti que j’étais plus mûr, plus posé, plus équilibré. Je ne regrette pas ce choix mais j’aurais pu faire mieux si j’avais été bien entouré quand j’étais jeune ». Parole de vieux singe. Mais au moins celui-là pourra se consoler en se disant qu’il a fait ses débuts en Premier League le 16 août 2003, en même temps qu’une jeune recrue également pleine d’avenir. Un certain Cristiano Ronaldo.
Josiane R. MATIA