Le contexte dans lequel l’on se trouve au Cameroun avec la grève des joueurs de l’équipe nationale rehausse la légende de Socrates. Docteur en médecine, qui a choisi de faire carrière en football, mais aussi surtout de trouver des façons de passer au travers des difficultés de son temps. Le monde rend hommage à un homme, à un leader, à un passionné, qui aurait pu vivre bien plus longtemps s’il ne préservait un peu. Mais c’est l’histoire de Socrates.
La mort de Socrates, SoFoot.com
C’était hélas écrit. Socrates, bouffé par l’alcool et opéré à plusieurs reprises ces derniers mois, est mort ce dimanche matin, à 57 ans. Grand frère de l’ancien joueur du PSG Raï, le milieu de terrain n’aura pas remporté beaucoup de trophées dans sa carrière. Mais il aura gagné bien plus : en défendant un football qui allait de paire avec une certaine vision du monde – en gros : “généreuse”-, Socrates s’est arrogé une place de choix dans la légende de son sport. Celle d’un diplômé de la fac de médecine au nom de philosophe, capable de peser sur la démocratisation de son pays via son équipe des Corinthians, de copiner avec un Lula alors simple militant, et d’enchanter le monde par ses passes justes et son jeu tête haute. Son époque fut celle du début des années 80. Socrates était alors ce Brésilien longiligne, barbu, bandana peace & love dans les cheveux, aussi indispensable aux Corinthians de Sao Paulo qu’à l’équipe nationale brésilienne, où il formait, avec Zico et Falcao, un triumvirat de rêve. Comme toute utopie, celle de Socrates finit par se fracasser sur le mur de la réalité. Cela s’est passé lors de la coupe du monde 82, où l’équipe dont il était capitaine, peut-être la plus belle sélection brésilienne de tous les temps, fut sortie par son exact contraire, l’Italie de Paolo Rossi et Claudio Gentile. Après cela, Socrates signe à la Fiorentina, puis rentre chez lui boire des coups et vociférer contre le Brésil réaliste qui gagnera les coupes du monde 94 et 2002. Au fond de lui, Socrates savait sans doute : s’il n’a jamais été champion du monde, c’est que le football ne le méritait pas