Dîner de presse hier soir,dans un bel appartement du quartier Bastos à Yaoundé. C’est le domicile de l’entraîneur sélectionneur national de football du Cameroun ici. La Cellule administrative provisoire des équipes nationales, pilotée par le directeur des sports du Minjes Robert Ndzana et André Nguidjol Nlend, a tenu à montrer à la presse nationale (…)
que les récentes instructions du ministre Bidoung Mkpatt, consécutives à l’échec des Lions indomptables à la Can 2004 et selon lesquelles M. Schäfer devra impérativement et en permanence résider au Cameroun, sont entrées en application.
L’intéressé lui-même n’a pas économisé les gestes qui montrent,comme il l’a déclaré, qu’il se sent bien au Cameroun : « Je réside dans ce bel appartement. J’ai une voiture de fonction qui me permet de parcourir le pays. Et dès samedi, je serai à Douala à l’ouverture du championnat pour superviser le match Ksa-Coton Sport, et le lendemain à Limbé pour Victoria United-Botafogo. Que voulez-vous de plus? Je suis au travail, et je suis à Yaoundé et non au Caire ».
Le technicien allemand a parlé aux journalistes excluivement et directement dans un anglais approximatif, mais compréhensible. Une autre façon de montrer sa volonté sa volonté de s’adapter au contexte camerounais, en parlant l’une des deux langues du pays. En passant, il confirme qu’il n’est pas en partance pour l’Egypte et qu’il entend honorer son contrat jusqu’au bout, c’est-à-dire jusqu’à la Coupe du monde de 2006 qui se déroule dans son pays natal.
Pour que les Lions indomptables arrivent à ce rendez-vous, il faudra déjà braver les éliminatoires couplées Can/mondial 2006 dès le 6 juin prochain contre le Bénin. Schäfer annonce qu’il a une liste de 35 joueurs dans cette perspective : le groupe présent à la Can 2004 ne connaîtra pas beaucoup de départs, mais il a déjà pensé à quatre ou cinq Lions espoirs dont Serges Ngal, Narcisse Abada et bien sûr Marcus Mokaké. Il a aussi programmé les retours en sélection de Lauren Etame Mayer et Joseph Désiré Job. Il a également parlé vaguement de quelques éléments de valeur repérés en Europe, notamment au Portugal. Il compte de même s’intéresser plus étroitement à la D1 camerounaise. La Cellule administrative provisoire des équipes nationales a déjà prévu trois matches amicaux avant le début des éliminatoires, à raison d’un par mois à partir de mars. Seul l’adversaire d’avril,la Bulgarie, est connu pour l’instant.
Une petite opération de charme donc hier pour les responsables de l’équipe nationale, qui disent vouloir impulse une nouvelle dynamique aux Lions indomptables. Nous voulons bien les croire, mais il subsiste encore des zones d’ombres. Comment peut-on parler de restructuration avec une cellule administrative provisoire, alors qu’il y a beaucoup de travail à abattre? Winfried Schäfer qui clame son grand amour pour le Cameroun aujourd’hui avait t-il besoin d’attendre 30 mois (il a été nommé en septembre 2001) pour sentir la nécessité de résider au Cameroun et de prospecter les internationaux dans le championnat national? Va t-on continuer à gérer la question des matches de préparation au petit bonheur la chance comme on le fait en ce moment malgré les conséquences désastreuses qu’on en a récolté à la dernière Can? La Cellule administrative (toujours provisoire) de l’équipe nous a promis un calendrier complet du programme annuel des équipes nationales du Cameroun la semaine prochaine.
C’est très bien ! Seulement, si on veut bâtir sur du solide, il faudrait qu’on abandonne enfin la méthode placebo qui consiste à produire des effets annonces après chaque déculottée de l’équipe du Cameroun, sans toucher au fond des choses. Après le désastre du Mondial 2002, la chanson officielle au Minjes était « rajeunissement ». Avec la désillusion de la Can 2004, on a découvert « la clause de résidence » dans le contrat de Schäfer.
Nous n’avons personnellement jamais compris le maintien du technicien allemand depuis l’échec de 2002. Maintenant, nous nous inclinons devant le choix de ceux qui ont le pouvoir de nommer les sélectionneurs. Heureux aussi de constater que M. Schäfer a compris lui-même, sur le tard il est vrai, la nécessité de ratisser large, y compris au Cameroun, pour bâtir une formation solide et sur la durée, et l’importance d’une communication fluide pour la fonction qu’il occupe. Du courage!
Emmanuel Gustave Samnick, Mutations