L’ancien capitaine des Lions Indomptables du Cameroun estimait, avant son élection, que son arrivée à la tête du football camerounais devrait contribuer à bonifier les affluences dans les stades. On parle bien entendu lors des matchs des championnats d’élite. Avant le 11 décembre 2021, date justement de son élection à la tête de la Fécafoot, les affluences étaient systématiquement dévoilées. Et c’est de cette affluence que l’on peut mesurer l’attractivité des championnats.
On a droit, depuis lors, à quelques images publiées sur les réseaux sociaux de l’institution. Sachant combien elles peuvent être trompeuses lorsqu’elles ne dévoilent pas des images de l’ensemble du stade, les jeux de mots peuvent laisser perplexes. Et pourtant, l’industrie du football ne peut durablement se mettre en place que si les chiffres sont dévoilés puisque c’est la base de la stratégie marketing.
Si les clubs sont obligés de payer des salaires minimum de 200 000 F CFA aux joueurs, il va bien falloir que ce salaire soit généré de quelque part. Sur la base de ce salaire, pour 23 joueurs, un club de Elite One doit prévoir un fonds de roulement minimum de 4 millions 600 milles FCFA par mois. À cela il faut ajouter les frais de matchs gagnés, de matchs nul, les frais de présence aux entraînements. Arrondissons le tout à 5 millions mensuels.
À cela on doit ajouter les frais de déplacement, location d’autobus ou billets d’avion, frais d’hôtel, de restauration. Et aussi les salaires des différents staffs: technique, médical, administratif.
Fecafoot, les affluences lors des matchs sont des sujets tabous
Un club comme Canon Sportif de Yaoundé s’est voté un budget de 350 millions de FCFA pour cette saison 2024 – 2025. Dans le meilleur des mondes possibles, il va bien falloir que ses activités lui rapportent au moins ce montant pour balancer les livres. Si les chiffres des affluences de ses matchs ne sont pas dévoilés, il doit trouver d’autres façons pour trouver les sommes qui lui serviront pour ses activités. Union de Douala est restée modeste avec ses 120 millions de budget.
En comparaison à la saison 2016 dirigée par la LFPC de Pierre Semengue, l’affluence était à la base de la stratégie de l’institution. Des articles publiés sur Camfoot.com tendent à le démontrer clairement.
La Ligue de football professionnel du Cameroun (Lfpc) a dressé un état non exhaustif des affluences ainsi que les sommes qu’elles ont générées pendant la première partie du championnat. Il en ressort que le stade omnisport de Bépanda à Douala, où évoluent l’Union sportive, Botafogo Fc, Les Astres et New stars, a fait courir du beau monde.
D’ailleurs, c’est dans ce stade que le record de la recette en un match a été battu. En effet, au cours de la 6ème journée du championnat, la direction du stade a déclaré la recette de 4 955 000 Fcfa. Légèrement plus des 4 800 000 FCfa de la neuvième journée. Outre le stade de Douala, celui du Cenajes de Dschang, municipaux de Bafoussam et de Mbouda ont également généré d’importants revenus. Selon la Lfpc, ces quatre stades ont au cours de la première moitié du championnat, produit près de 100 000 000 Fcfa.
Il faut aussi dire que les matchs de Douala, Yaoundé et Garoua se jouaient dans les stades omnisports et drainaient des foules immenses. L’attractivité du football, malgré les multiples mésententes entre les présidents de clubs et la LFPC, n’avait jamais flanché. On parle des stades ayant des possibilités de plus de 20 000 places assises. Depuis 2021, Samuel Eto’o et la Fécafoot ont installé le football d’élite dans des stades de moins de 4000 places, au stade militaire, les annexes des stades Omnisports, le stade Mbappé Leppé, etc… Il faut certes le regretter non seulement d’un point de vue de la visibilité, mais surtout parce que cela ne rapporte pas grand’chose et ne contribue que peu au budget des clubs.
Au regard de la minceur de ces foules, comment logiquement Canon Sportif de Yaoundé peut-il se gargariser d’un budget à hauteur de 350 millions de FCFA ? d’où proviennent ces sommes ?
Victoria United, avec un budget de 1,1 millard FCFA; du blanchiment d’argent ?
Pour la saison 2024-2025, Victoria United a adopté un budget record de 1,1 milliard de FCFA. Cette somme a été annoncée par le président du club, Valentine Nkwain, lors d’une conférence de presse tenue à Limbé le 28 novembre 2024. Ce budget, dit-il, vise à renforcer les infrastructures, les effectifs et les conditions de travail des joueurs, avec notamment la création d’une cité dédiée pour les joueurs et le lancement prochain d’une section féminine. Atanga Nji, le sulfureux ministre de l’Administration Territoriale devrait appliquer ses décisions vis-à-vis des ONG à ce club de Limbé. D’où proviennent ces sommes qui sont ainsi versées dans les caisses de ce club ? Proviennent-elles des activités licites ou cela ne reflètent purement que du blanchiment d’argent ? Combien d’années faudra t-il pour balancer des livres d’un club qui allonge de telles sommes sans contrepartie de retour ?
Dans le pays des “feymen” et des “multiplicateurs de monnaie”, on applaudit et valorise à tout rompre le bruit sourd des billets de banque. Ce qui est sûr, c’est que ce ne sont pas des affluences de 500 personnes qui redonneront au football camerounais toute sa grandeur.