« The end (la fin), vers un nouveau défi » : c’est ainsi que l’attaquant star du Cameroun Samuel Eto’o, considéré comme un des plus grands joueurs africains de tous les temps, a annoncé sa retraite, à 38 ans.
« Merci à tous, big love, adrénaline », écrit-il également dans le message posté sur son compte Instagram dans la nuit de vendredi à samedi. Quelques mots accompagnés d’une photo où l’on voit le buteur vêtu de noir dans l’obscurité, casquette sur la tête, et éclairé par un halo de lumière.
Samuel Eto’o Fils, son état-civil complet, a remporté les Jeux olympiques (2000) et deux Coupes d’Afrique des nations (2000, 2002) avec le Cameroun, compétition dont il est le meilleur buteur historique (18 réalisations). Il a disputé quatre Coupes du monde, de 1998 à 2014, et été élu quatre fois Joueur africain de l’année (record codétenu avec l’Ivoirien Yaya Touré).
À l’instar du mythique Roger Milla, c’est une idole absolue au Cameroun, où il a l’oreille du président Paul Biya. Longtemps capitaine des Lions indomptables, le longiligne buteur (1,80 m) a souvent usé de son influence en équipe nationale et dans les instances pour faire passer ses options, mais il a aussi parfois eu maille à partir avec certains dirigeants ou sélectionneurs.
Car il s’agit d’un homme charismatique, sûr de lui, au franc-parler bien trempé. Début 2019, il lâchait par exemple : « Il y a beaucoup de corruption en Afrique. L’argent donné par la CAF et par la FIFA doit être dépensé pour les infrastructures et pour ceux qui font le spectacle ».
Sextuplé et arrière gauche
Il a souvent demandé davantage de considération pour le foot et les joueurs africains. Comme lorsqu’il avait exprimé sa rancœur de n’être pas assez reconnu à sa juste valeur en Europe, ne figurant sur aucun podium du Ballon d’Or, avec pour seul accessit dans les distinctions individuelles non africaines la 3e place du Joueur FIFA de l’année 2005 …
L’enfant a grandi à Douala, l’adolescent a vécu un certain temps sans papiers à Paris, recalé par quelques clubs français, avant de signer son premier contrat avec le Real Madrid. L’institution espagnole le prête trois fois, mais ne mise pas sur lui.
Le jeune homme explose enfin à Majorque (2000-2004), mais c’est en Catalogne (2004-2009) et en Lombardie (2009-2011) que l’avant-centre vivra ses plus belles heures en club.
En club, il soulève trois Ligues des champions avec le FC Barcelone (2006, 2009) puis l’Inter Milan (2010). Il participe à l’âge d’or du Barça, notamment l’année 2009 où les Blaugranas remportent les six titres possibles. Et à l’Inter, il fait valoir son abnégation au service de l’équipe dirigée par José Mourinho en jouant arrière gauche lors d’une épique demi-finale retour de la C1 2010, sur le terrain du… Barça.
Il connaît ensuite une fin de carrière de globe-trotter aux choix étonnants, en Russie au sein du club tchétchène de l’Anji Makhatchkala, en Angleterre où il retrouve Mourinho à Chelsea, avant d’aller à Everton, puis une brève expérience en Italie à la Sampdoria de Gênes, un séjour en Turquie (Antalyaspor et Konyaspor) et une dernière pige au Qatar SC.
Rôle politique
Au total, Eto’o a marqué 359 buts en 718 matchs toutes compétitions de clubs confondues, et compte 118 sélections (56 buts, record national) en équipe nationale, selon le site spécialisé Transfermarkt.
Quel est le « nouveau défi » évoqué par le Camerounais dans son message ?
Eto’o, qui œuvre en Afrique de l’Ouest à la tête de la Fondation qui porte son nom, a déjà fait part de son « rêve » de devenir entraîneur, et écarté toute ambition politique-alors que beaucoup, du fait de son entregent, l’imaginaient en dirigeant, un peu à la George Weah, ex-attaquant du PSG et de l’AC Milan devenu président du Liberia.
À la mi-juillet, le président de la Confédération africaine de football (CAF), le Malgache Ahmad Ahmad, avait annoncé qu’Eto’o et Didier Drogba, légende ivoirienne fraîchement retraitée, allaient devenir ses « collaborateurs », avec « des fonctions officielles ».
« Didier Drogba réfléchira sur l’amélioration du statut du joueur africain. Samuel Eto’o va se charger des relations avec les fédérations et les confédérations », avait-il précisé. Un rôle aux atours franchement politiques pour le début de la nouvelle vie du Lion indomptable.