Crédité d’un statut de redoutable avant-centre en herbe dès ses 13 ans, l’histoire d’amour entre Samuel Eto’o et l’Europe a pourtant commencé par des grincements de dents. De la ville portuaire de Douala à la capitale française, Paris, le jeune Lion n’a pas attendu d’être grand, pour aller à la conquête du monde.
Samuel Eto’o est-il le plus grand footballeur africain de tous les temps ? N’allez pas poser la question dans les rues de Yaoundé et Douala. Ses fans vous diront que s’il n’est pas « le » meilleur, il fait partie des « trois » plus grands plus grands attaquants nés sur le continent. Aucun autre joueur en Afrique n’a autant marqué l’histoire moderne du ballon rond de son empreinte. Enfin, si l’on excepte le Libérien George Weah et le Camerounais Roger Milla.
Weah est l’unique africain à avoir reçu la distinction individuelle suprême pour un footballeur : le Ballon d’Or France Football. Tandis que Roger Milla a marqué à jamais l’histoire de la Coupe du monde avec un parcours inédit et des performances hors-normes (il inscrit 2 doublés et envoie le Cameroun en quart de finale) lors de l’édition italienne de 1990. Il s’agit là, des deux uniques palmarès que Samuel Eto’o ne pourra jamais égaler. Même s’il aura presque tout gagner durant sa carrière.
Le joueur formé à l’école de football, Kadji Sports Academy de Douala est en effet parti à la conquête du monde très jeune. A quinze ans, alors qu’il évolue à l’UCB de Douala, club de deuxième division locale, il brille en Coupe du Cameroun : ses attaques tranchantes et son étonnante assurance face aux buts séduisent les observateurs. Le « petit » Eto’o est adulé dans sa ville. Certains lui prédisent même déjà un avenir glorieux dans le football. Mais le jeune prodige a faim. Pour lui, pas question d’attendre.
Sans papier à Paris
Depuis la ville portuaire de Douala, « l’enfant de New Bell » se met à avancer sans prendre l’habitude de se tourner pour regarder en arrière. Son souhait est d’atterrir en Europe le plus tôt possible, quitte à prendre des coups dans les dents. C’est ainsi qu’il débarque en France sans se douter de ce qui l’attendait sur place. « J’arrive en France avec un visa de 10 jours seulement. Je vais d’abord sur Marseille, Avignon et après, je décide de rester à Paris, à Notre-Dame, relate Eto’o dans une interview avec France 24 en 2014. Je ne suis sorti de mon logement que deux ou trois fois car, à l’époque, tout le monde était soupçonné d’être sans papier. Et lorsque que l’on vous attrapait, on vous renvoyait chez vous ».
Malgré des mois dans la clandestinité, Samuel Eto’o obtient plusieurs essais en France. Mais les résultats sont formels : aucun club ne souhaite l’engager. Le retour au pays sous la pression des parents devient obligatoire, mais l’envie est toujours là. Heureusement, l’histoire ne fait que commencer…
Louis Paul Bisseck
Notre dossier :
- Samuel Eto’o, jeune prodige en quête de club
- Samuel Eto’o : de sans papier en France à roi d’Espagne
- Samuel Eto’o : la consécration à Barcelone
- Doctorat Honoris Causa, rencontres avec des chefs d’Etat, business… la nouvelle vie d’Eto’o
- Samuel Eto’o : en sélection, la quête du brassard et ses conséquences
- Samuel Eto’o, capitaine entre 2009 et 2014, période de troubles incessants dans le football camerounais