Août 2014 : On vit l’après mondial 2014. Samuel Eto’o avait déjà marqué l’histoire des Lions indomptables et était heureux d’être malgré les secousses dans les bonnes grâces du Président de la République. Mais il aura à peine le temps de digérer sa mise à l’écart de la liste des 23 joueurs retenus pour préparer les deux premiers matchs de la campagne qualificative des Lions à la Coupe d’Afrique des nations (Can) 2015, qu’il sera surpris par une autre nouvelle.
Il se voit déposséder de son (précieux) brassard par décision du ministre des Sports et de l’éducation physique Adoum Garoua. On est le 25.
La nouvelle tombe au journal parlé de 20 heures sur les antennes du poste national de la Cameroon Radio and Television (Crtv) alors même que le public fan des Lions, était encore à spéculer sur le remaniement survenu au sein de l’encadrement technique des fauves et de « l’exclusion » de certains cadres au premier rang desquels Samuel Eto’o.
On l’accuse d’avoir été pour beaucoup dans la déconfiture du Onze national en terre brésilienne.
En tant que Capitaine, n’avait-il pas poussé ses coéquipiers à bouder l’emblème national ?
N’a t-il pas poussé le bouchon jusqu’à mettre son véto sur les primes de presque 55 millions FCFA par joueur offert par le Gouvernement de la République ?
N’a t-il pas géré l’humiliation du Premier Ministre, Chef du gouvernement en mondovision le 07 juin 2014 au Stade Omnisports Ahmadou Ahidjo en refusant d’accepter le drapeau en sa qualité de capitaine de la sélection nationale, ce qui est un symbole de la mise en mission des Lions Indomptables ?
Et cette autre humiliation en mondovision au Brésil, où bagarres, batailles, injures et insolences se conjuguaient au pluriel dans la tanière ?
Lors du dernier match de groupe au mondial Brésilien, la conférence de presse de veille de match du Capitaine Samuel Eto’o fut surréaliste. Lui qui avait annoncé sur son compte Twitter qu’il était quasiment forfait avait-il une chance de jouer ? « Je ne peux pas donner de réponse satisfaisante », avait expliqué le joueur de Chelsea.
La star de l’équipe s’était en revanche montrée offensive pour dénoncer ceux qui « déstabilisent » le Cameroun en coulisses : « Je répondrai après le Mondial à tous ceux qui m’ont attaqué de près ou de loin et je donnerai les noms de ceux qui sont derrière certaines histoires pour que le Cameroun comprenne quels sont ceux qui aiment ce pays. »
En Afrique du Sud, en 2010, la guerre des ego Eto’o-Song avait ainsi plombé le groupe. Eto’o avait aussi été suspendu un an par sa fédération, avant d’être rappelé in extremis pour les barrages du Mondial 2014 contre la Tunisie. Ce Mondial brésilien rappelle aussi 2002, quand les Lions avaient fait grève pendant cinq jours pour des primes non réglées, le même problème que cette année.
Les choses n’ont cette fois pas été jusque-là, mais en arrivant au Brésil 24 heures plus tard que prévu et après une nouvelle grève de l’entraînement, les partenaires d’Eto’o ne se sont pas mis dans les meilleures conditions pour commencer une Coupe du monde. Et leur défaite inaugurale contre le Mexique (1-0) n’a fait que valider ce constat, avant que la Croatie n’éjecte les Lions hors du Mondial.
Samuel Eto’o, celui qui se présente devant les délégués de l’Assemblée Générale ce samedi, en leader aura toujours été une calamité. Quand il règne, des problèmes abracadabrants surgissent de partout. Que ce soit sa propre fondation Eto’o que des entreprises dans lesquelles il s’investit, le résultat est le même, l’instabilité est permanente.
Si Eto’o devient Président de la Fécafoot, si on se fie sur son parcours, les secousses seront nombreuses; à commencer par ceux qui vont lui donner leur vote, à l’image de son association avec Seidou Mbombo Njoya lors des dernières élections.
Bernard Patipe
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