Le détenteur de multiples records du football africain a accepté la demande d’interview du magazine français France Football. Il discute à cœur ouvert de son rôle de facilitateur entre les nouveaux dirigeants de la Confédération Africaine de Football et le Cameroun dans la crise qui a secoué les deux parties dans le maintien du Cameroun comme pays hôte de la prochaine CAN2019.
«On vous connaît footballeur, on vous découvre diplomate. Quel fut votre rôle pour la bonne tenue de la CAN 2019 au Cameroun ?
Il fallait tout faire pour que ce tournoi se passe chez nous comme prévu, afin d’offrir cette opportunité unique au peuple camerounais. Des doutes avaient été émis suite à des retards dans la construction des stades, des problèmes dans l’organisation, etc. On m’a appelé pour apporter ma modeste contribution. Or, pour le Cameroun, je n’hésite jamais. J’ai servi d’intermédiaire entre la Confédération africaine (CAF) et l’Etat du Cameroun. Il est vrai que mon beau pays a connu des difficultés mais il est en train de tout faire afin d’être prêt à temps.
Quelle fut votre action concrète ?
Afin de les rassurer, j’ai discuté avec les dirigeants de la CAF, son président en tête, M. Ahmad. J’étais le messager de l’Etat du Cameroun pour que les relations se clarifient. Certaines personnes de l’ancienne direction de la CAF (sous Issa Hayatou, non réélu en mars 2017) ont voulu créer des malentendus. Il fallait que je rassure. J’ai été un facilitateur choisi par l’Etat du Cameroun. Il le fallait.
Le retrait de la CAN à votre pays aurait été vécu comme un affront.
En football, le Cameroun est la plus grande nation d’Afrique (5 victoires à la CAN dont la dernière en 2017, mais 7 CAN pour l’Egypte). Ça aurait une déception énorme pour ce grand peuple, mais le président Ahmad a été élu pour un projet qu’il suit. Il nous a écoutés, il a mesuré la bonne foi des Camerounais. Aujourd’hui, on voit l’avancée dans la construction des stades, les routes, les hôpitaux qui s’améliorent, c’est ce que la CAF attend.
Votre parole a donc porté.
Je n’ai jamais voulu prendre de pots-de-vin, je n’ai jamais vendu ma parole. Comme l’a dit le président Ahmad, le seul interlocuteur entre la CAF et le Cameroun, c’était moi. J’étais la figure de proue des nombreuses personnes qui travaillaient. J’en suis fier. C’est la concrétisation de l’action de la CAF depuis un an et le changement de présidence. Il y a une nouvelle vision, les footballeurs ont été remis au centre de tout. J’en suis la preuve. Je retrouve des aînés comme Mboma, Bell, Okocha ou Amunike aux réunions de la CAF, ils en sont ravis. Ce sont eux qui ont écrit l’histoire de notre football et ont fait rêver les jeunes générations. Auparavant, à part la remise du titre de Joueur africain de l’année (4 fois), je n’étais jamais invité. Le président Ahmad a complètement changé le visage de la CAF. Nous apprécions ce dialogue.»
Propos recueillis par Christophe Larcher
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