La décision de Jean-Paul Akono d’engager une grève de la faim, pour protester contre le non-paiement par l’Etat, des 80 millions de Fcfa représentant huit mois de salaire qu’il aurait dû encaisser à la tête des Lions indomptables entre septembre 2012 et avril 2013, vient ternir davantage l’image du ministre des Sports et de l’Education physique, Adoum Garoua. Mais, le plaignant lui-même n’est pas exempt de tout reproche.
Contacté par Camfoot, mercredi, à Yaoundé, l’un des cadres de sa Cellule de communication a expliqué que le dossier de Jean-Paul Akono était actuellement en instance au ministère des Finances. Il a affirmé mordicus: «Au moment où je vous parle, le dossier financier de Jean-Paul Akono se trouve en instance au ministère des Finances». Toute fois, a indiqué notre source, «Jean-Paul Akono sera payé en fonction des disponibilités financières. D’ailleurs, son salaire de directeur technique national adjoint lui est versé tous les mois».
Une déclaration à laquelle personne ne croit. Vivement que le chef de l’Etat se saisisse de ce problème, comme il l’a souvent fait avec les caprices de Samuel Eto’o, où pour la sélection de Roger Milla au Mondial 1990 en Italie.
En attendant une probable intervention du chef de l’Etat, une certaine opinion affirme toutefois que Jean-Paul Akono est la source de ses malheurs. On se souvient que répondant aux questions des journalistes au cours d’une conférence de presse à Yaoundé il y a quelques mois, le médaillé d’or olympique de Sidney 2000 avait clairement laissé entendre qu’il n’était pas intéressé par le salaire, et encore moins par la signature d’un contrat de travail. «Magnuson» indiquait que sa seule préoccupation était de qualifier le Cameroun pour la Coupe du monde.
Mais, la flamme patriotique s’est éteinte avec son limogeage. Ce qui au départ était une simple réclamation est devenu un objet de chantage. En effet, il devient de plus en plus difficile de comprendre le comportement de ce sexagénaire qui a osé cracher sur une avance de 40 millions de Fcfa à lui proposer récemment par le Minsep. 40 millions, ce n’est pas rien dans un océan de misère qu’est le Cameroun, où la très grande majorité de la population estimée à 20 millions d’âmes vit avec moins d’un dollar par jour. Un pays où des milliers de retraités croupissent dans la misère et meurent sans avoir perçu la moindre pension et où des fonctionnaires revendiquent en vain l’augmentation des salaires depuis vingt (20) ans. En un mot, Jean-Paul Akono agace de plus en plus le peuple camerounais affamé.
Jean-Paul Akono est loin d’être un martyr. En 2007 et 2009, il avait remporté deux titres continentaux avec l’équipe nationale militaire constituée essentiellement de civils. Celui qui se fait passer pour le messie des Lions indomptables a été, en 2004, pris à partie par toute la presse camerounaise pour rançonnement des joueurs. Portée devant les tribunaux, l’affaire avait permis de mettre à nu ses pratiques peu orthodoxes au sein de l’équipe nationale espoirs.
En 2001, il fût chassé comme un vaurien de l’équipe nationale, à la suite d’un match perdu en Angola ? Des piges par la suite au Tchad et au Rwanda, triste destin pour un médaillé d’or des jeux Olympiques de Sidney 2000. Le lingot était l’arbre qui cache la forêt.
L’affaire Akono n’est que pure distraction. Il est temps de porter aussi une attention soutenue au football des jeunes, la préparation de la Can féminine 2016, la construction des infrastructures et bien entendu, les pouvoirs publics feraient mieux de se consacrer à la préparation du match Cameroun-Tunisie du 17 novembre à Yaoundé, comptant pour les barrages retour de la zone Afrique de la Coupe du monde de football 2014 au Brésil.
Par Jean Robert Fouda, à Yaoundé