Depuis le Cameroun, Joseph-Antoine Bell a suivi avec attention la polémique suscitée par les propos de Willy Sagnol. Des propos que l’ancien gardien de Bordeaux et de Saint-Etienne ne veut surtout pas excuser.
Comment réagissez-vous aux propos de Sagnol ?
Ma première interrogation, c’était de savoir si Willy, qui était un gamin du centre de formation de Saint-Etienne, me prenait pour une personne inintelligente. Ai-je été pour lui également un gardien qui manquait de technique ?
S’agit-il d’une maladresse ?
Cela relève du racisme banal, du racisme ordinaire, le plus dangereux. Car on le trouve partout. Il faut le combattre. Sagnol m’a déçu parce que je pensais qu’il était plus intelligent que ça. Ce genre de propos émane forcément d’un cerveau ordinaire. Donc, on va dire que j’ai plutôt pitié. D’ailleurs, moi, j’ai aussi connu des joueurs non africains qui n’étaient pas intelligents.
Vous ne lui trouvez donc pas de circonstances atténuantes ?
Ce n’est pas une erreur. C’est la révélation d’un état d’esprit. Cette affaire est d’autant plus terrible que Sagnol est toujours présenté comme quelqu’un de franc. Il dit ce qu’il pense, et c’est pour ça qu’il est apprécié des journalistes. Seul problème, cette fois-ci, il a dit ce qu’il ne fallait pas dire. Conséquence : cela donne une mauvaise image du football français.
Que doit-il faire aujourd’hui ?
Pour moi, sa situation est totalement intenable… A Bordeaux, il y aura un avant et un après. Car les Noirs du vestiaire ne vont pas accepter de se faire insulter. Tout ça va ressortir. Consciemment, ou inconsciemment.