Il fallait avoir des nerfs d’acier si l’on était supporter de l’Allemagne samedi soir alors que le pays de Boateng rencontrait la Suède pour leur match de deuxième journée de groupe dans ce mondial russe. Alors qu’elle était menée 1 but contre 0 depuis la 32e minute, but inscrit par Tisonne à la 32e minute après une récupération de passe de Toni Kroos. Mais le coupable est devenu le héros à l’ultime minute du temps additionnel.
« À voir comment nous nous sommes battus, nous avons vraiment mérité cette victoire », a déclaré le héros de la soirée à la télévision allemande, juste après le coup de sifflet final, « maintenant il va falloir se reposer, récupérer, il nous faut encore battre la Corée du Sud et être convaincants ».
Champion du monde 2014, indispensable plaque tournante de la Mannschaft depuis des années, le milieu du Real Madrid a aussi été dans ce Mondial une sorte de révélateur de l’état d’esprit de son équipe.
Lors de la défaite inaugurale contre le Mexique (1-0), il a joué en dessous de son niveau, incapable de verrouiller le milieu de terrain et de prendre la parole sur la pelouse pour replacer ses partenaires lorsque l’équipe partait à vau l’eau.
« Nous avons beaucoup été critiqués, souvent à raison. Cela aurait fait plaisir à pas mal de monde en Allemagne si nous avions été éliminés aujourd’hui », a-t-il ajouté après le match.
Samedi contre la Suède, Joachim Löw lui fait à nouveau confiance, là où les habitués Mesut Özil et Sami Khedira sont mis sur le banc.
Il commence par tâtonner, et se rend coupable d’une perte de balle tout à fait inhabituelle pour lui à la 32e minute, dans son camp sur une mauvaise relance. Les Suédois jouent le coup à fond, et la balle arrive à Ola Toivonen qui trompe Neuer. A ce moment-là du match, Kroos, triple vainqueur de la Ligue des champions, et l’Allemagne, championne du monde en titre, sont éliminés.
Changer le cours de l’Histoire
Mais les très grands joueurs sont ceux qui changent le cours de l’Histoire. Après l’égalisation de Marco Reus (48e), l’Allemagne n’est pas mathématiquement éliminée, mais n’a plus son destin entre les mains. La Mannschaft croit ensuite que le crépuscule de ses Dieux est arrivé lorsque Jérôme Boateng est exclu, laissant les siens à dix à la 82e minute.
Les deux équipes entrent à égalité dans le temps additionnel. Comme ses coéquipiers, Kroos s’active frénétiquement pour remonter les ballons, confondant parfois vitesse et précipitation.
Puis arrive la 95e minute, la dernière. Les remplaçants suédois sur le banc s’apprêtent à jubiler. L’Allemagne obtient un coup franc sur la gauche de la surface de réparation, une dernière chance.
Kroos et Marco Reus, près du ballon, échangent longuement. Visiblement, ils ont en tête de tenter l’une de ces combinaisons que les équipes travaillent à l’entraînement.
Petite passe d’un mètre à peine vers la droite à Reus, qui pose le pied sur la balle pour la bloquer. L’angle de tir par rapport au mur suédois est ouvert. Il ne reste plus qu’à placer l’un de ces tirs que l’on reverra pendant des années dans les anthologies : une balle travaillée du pied droit, qui contourne les défenseurs, échappe au gardien et se loge dans la lucarne opposée. Les Allemands explosent de joie, comme des millions de leurs compatriotes au pays. Depuis bien longtemps, tout le monde a oublié le ballon perdu de Toni en première période.