Tous les jeunes que l’on convoque sont au niveau et répondent présents. Ils sont en train de remonter l’équipe nationale. Ce sont des jeunes de valeur. Je suis content que l’on ait pu récupérer Clinton Njie (l’attaquant de Lyon né à Douala). Il nous manque encore Samuel Umtiti. Il faut qu’on le prenne avec les Lions indomptables. Ils représentent l’avenir du Cameroun.
Le Point Afrique : Roger, avant de se projeter sur l’alléchant clasico PSG-OM du 9 novembre, quel regard portez-vous sur le virus Ebola qui frappe le continent africain et menace le report de la CAN 2015 ?
Roger Milla : Je suis tout ça évidemment avec un oeil attentif mais je me pose des questions quant à la position du Maroc. Je ne pense pas qu’Ebola fasse peur au Maroc, je pense que le Maroc nous cache quelque chose. A eux de nous dire quoi ? Quant à l’idée de la CAF, pour moi déplacer la Coupe d’Afrique des Nations au Ghana ou en Afrique du Sud, c’est déplacer le problème. Et puis il faudra nous expliquer ce qu’on fait du Maroc ? En tant que pays hôte, les Lions de l’Atlas étaient qualifiés automatiquement. Là, c’est le Ghana ou l’Afrique du Sud. Potentiellement, ça touche deux groupes ! Et il reste des journées… Que vont dire les pays éliminés ? Non, ce n’est pas la solution. Je ne veux pas m’avancer mais ce dont je suis sûr, c’est que ce n’est pas un problème d’argent : les stades et les infrastructures sont là… Le Maroc est un grand pays qui a déjà organisé une CAN (en 1988, NDLR).
D’une Coupe à l’autre Roger. La Ligue des champions reprend ses droits avec le déplacement du PSG, à Nicosie. A la tête de cette équipe de galactiques, il y a Laurent Blanc, votre ex-coéquiper en club à Montpellier (1986-89). Êtes-vous séduit par son coaching ?
Je pense que c’est un bon coach. Il a fait ses preuves à Bordeaux en club puis en sélection, à la tête de l’équipe de France. J’ai trouvé les critiques sévères à son égard en fin de parcours avec les Bleus. Depuis un an, il a remplacé Carlo Ancelotti à la tête du PSG. Ancelotti c’est un vieux de la vieille, « Lolo », c’est un jeune entraîneur qui monte. Il faut lui laisser du temps je pense pour mener à bien son projet. Mais c’est le problème des clubs et des sélections, pas qu’en France d’ailleurs : on ne laisse pas les gens suffisamment en place. On ne leur laisse pas le temps de travailler. A ce propos d’ailleurs moi je préfère qu’en club comme en équipe nationale on fasse appel à d’anciens joueurs, d’anciens pros qui connaissent le ballon plutôt qu’à des « inconnus ». Même s’ils n’ont pas le diplôme.
Sous l’ère Laurent Blanc, quel est le match référence du PSG pour vous ?
Je dirais le dernier PSG-Barcelone au Parc (victoire 3-2). Là j’ai retrouvé le grand PSG qui s’est affirmé face à un grand d’Europe. Les Parisiens ont affiché un beau mental. Ils ont prouvé qu’ils étaient au niveau. C’était spectaculaire.
Dans moins de deux semaines, il y a un alléchant PSG-OM. Le clasico. L’OM est en tête de la Ligue 1 avec sept points d’avance sur le PSG. Qui sera champion à votre avis ?
Je ne peux pas m’avancer. On est seulement à la 10e journée. Maintenant il faut reconnaître la qualité du travail de Marcelo Bielsa. L’OM vient de signer sa huitième victoire de rang en Championnat et imprime un rythme d’enfer. Ça me fait sourire de voir que tous ceux qui doutaient ou critiquaient la méthode Bielsa au bout de 2-3 journées retournent leur veste…
Bielsa, c’est le genre de coach que vous auriez aimé avoir ?
Bielsa j’aime sa poigne, son caractère. Ce n’est pas seulement ses joueurs qu’il dirige. Non seulement ses joueurs le craignent et le respectent, mais ses dirigeants aussi !
Et à Paris, quel est votre joueur préféré ?
Il y a en plusieurs : j’adore Lucas. Lucas il est capable d’effacer trois-quatre joueurs. Je le trouve très tranchant. Pastore aussi, quel joueur quand il est en confiance ! Tous les deux sont très spectaculaires ! J’aime bien aussi le calme et le talent de Marquinhos, pour son jeune âge.
Et c’est avec ces joueurs que le PSG peut gagner, à votre avis, la Ligue des champions ?
Oula… Vous savez la Ligue des champions, c’est compliqué à gagner. Regardez Chelsea qui a attendu dix ans malgré les investissements massifs de Roman Abramovitch, pour lever la Coupe. Mais, moi je préfère ceux qui ne s’avancent pas trop. C’est une compétition où il faut être au top et gagner tous ses matches. Mais pour répondre à votre question, oui le PSG peut aller en finale cette saison. Après, il restera encore à gagner la finale (sourire)..
Roger, un dernier mot sur le Cameroun bien positionné pour se qualifier pour la prochaine CAN 2015. Comment jugez-vous cette nouvelle génération ?
Tous les jeunes que l’on convoque sont au niveau et répondent présents. Ils sont en train de remonter l’équipe nationale. Ce sont des jeunes de valeur. Je suis content que l’on ait pu récupérer Clinton Njie (l’attaquant de Lyon né à Douala). Il nous manque encore Samuel Umtiti. Il faut qu’on le prenne avec les Lions indomptables. Ils représentent l’avenir du Cameroun. Avec eux on aura une grande équipe nationale qui s’inscrira derrière la génération Etoo, Makoun.. Samuel et Jean II ont décidé de tourner la page. Ils ont décidé d’arrêter la sélection. Aujourd’hui, on ne va pas pleurer leur retraite, il faut les remercier pour ce qu’ils ont apporté au Cameroun, mais penser au futur.
Propos recueillis par Olivier Schwob