Roger Milla est fâché, «c’est une humiliation, on a touché le fond». On sent la rage dans sa voix, on perçoit son courroux, «c’est grave puisque nous commençons à nous bagarrer entre nous […] c’est la catastrophe, il faut remettre les pendules à l’heure». Sur le grill de Dimanche midi sur le poste national de la Crtv, Roger Milla s’est lâché.
Pour lui la débâcle des Lions est la conséquence d’un piètre encadrement de la part des dirigeants. La Fécafoot pour Roger Milla est «inexistante» et son comité de normalisation est responsable de tout ce qui se passe dans la tanière : «Nous sommes le seul pays au Brésil sans fédération. Le comité de normalisation se comporte comme si aujourd’hui c’était la fédération camerounaise de football. Il faut qu’ils fassent la normalisation qu’on leur a demandé, c’est pas de venir gérer le football. […] Le ministre Joseph Owona a fait pire que la Fécafoot».
Face à Alain Belibi, le directeur de l’information et François Marc Modzom, le rédacteur en chef, Roger Milla n’a pas caché son mécontentement quant à la gestion qui est faite du football camerounais. «Les dirigeants veulent prendre tout l’argent du football. Pour eux les joueurs ne doivent rien avoir, a-t-il scandé avant d’ajouter que la tutelle, le ministère des sports et de l’éducation physique ndlr, en voulant jouer son rôle d’arbitre au Brésil, il y a eu un duel, «une bagarre», avec le comité de normalisation».
Alors que: «Raphaël Nkoa m’a appelé et il m’a dit « Excellence. C’est la merde ! » c’est des bagarres de partout». Sans blanchir les joueurs, Roger Milla a refusé de les accuser et principalement d’accabler leur capitaine, Samuel Eto’o Fils «On ne peut pas mettre tout ce qui se passe sur le dos d’un seul joueur. Samuel Eto’o a demandé à l’entraîneur de ne pas le sélectionné pour la coupe du monde. L’entraîneur a demandé qu’il soit là. Même les médecins étaient surpris après l’avoir examiné, de le voir jouer.
Réagit-il en insistant sur le fait «qu’il ne faut pas écarter la valeur de ce garçon. Il a beaucoup apporté à ce pays.». S’il n’a pas pardonné le refus du drapeau national, il s’est refusé de pointé du doigt des «joueurs mercenaires». Pour lui, les primes sont «un du. Il y a l’argent des sponsors que les joueurs ont travaillé, on doit le leur remettre», a-t-il déclaré.
Dans l’hebdomadaire de François Marc Modzom, il s’est donc lâché. Il a dit son désarroi face à une tutelle impuissante et qui ignore les techniciens «Il n’y a pas de footballeurs à la Fécafoot. Même dans l’encadrement des joueurs, il n’y a pas d’anciens joueurs, à part Jacques Songo’o». Il a dit sa rage, il a dit son dépit. Face à une équipe vieille et faible, face des dirigeants avides d’argent, face à un football à rajeunir, pour Roger Milla, la solution est toute simple, «il faut un balayage total».
Ines Mbarga, Mutations