Une altercation verbale entre Albert Roger Milla et le coach Martin Otto Pfister interrompt la réunion. Le Premier ministre tente de sauver les meubles en convoquant dans ses services les participants à la rencontre tenue ce lundi à Yaoundé. Mais jusqu’ici, rien n’a filtré du huis-clos de la Primature. En attendant de trouver un consensus, l’équipe nationale du Cameroun reste dans l’impasse.
Un impressionnant dispositif de sécurité pour tenir à bonne distance les journalistes accourus au ministère des Sports et de l’éducation physique à l’effet d’avoir le scoop sur l’encadrement technique des Lions indomptables après la défaite (0-1) face aux Eperviers du Togo, le 28 mars au Ghana, lors du premier match du troisième tour des éliminatoires jumelées de la Can et du mondial 2010. Les hommes de média se sont vus refusés l’accès du salon d’honneur du Minsep, où étaient réunis le ministre Thierry Augustin Edjoa et de nombreuses personnalités du monde du sport en général et du football en particulier.
Le peuple camerounais et toute la planète foot attendaient impatiemment les résolutions issues de cette assise, au cours de laquelle devait se décider l’avenir de l’entraîneur sélectionneur et directeur technique national. Le débat que le Minsep voulait courtois et poli s’est, contre toute attente, achevé en queue de poisson, dans la zizanie la plus totale. Une altercation verbale entre Albert Roger Milla et le coach Martin Otto Pfister est à l’origine du scandale.
Un proche collaborateur du ministre des Sports qui a pris part à cette réunion de crise de ce lundi, affirme que « l’affaire s’est gâtée à la suite d’un échange de propos particulièrement virulents entre Roger Milla et l’entraîneur Otto Pfister « . Selon notre source, l’entraîneur des Lions indomptables n’a cessé de décrier ce qu’il considère comme une cabale médiatique orchestrée par Roger Milla, qui ne cesse de critiquer ses choix tactiques et demande son départ. « Je sais ce que je fais. Laissez-moi tranquille. Je suis un technicien chevronné…« , a lancé Otto Pfister, affirme notre source.
En présence du ministre des Sports et de l’éducation physique, la tension monte dans le salon climatisé. L’ambassadeur itinérant sort de ses gongs et contre attaque: « Monsieur Otto Pfister, si ça vous a dépassé, faites vos bagages et rentrez en Allemagne. Vous pouvez faire ça chez vous? Ne me parlez plus jamais sur ce ton là« . Silence de mort dans la salle! Et Roger Milla, colérique, saisit ses béquilles et prend congé de l’assistance. La réunion de crise n’avait duré qu’une demie-heure à peine. Le vieux lion claque la porte.
Les journalistes recalés à l’extérieur le mitraillent de questions. Mais Roger Milla rétorque tout simplement: « Allez demandez à Otto Pfister. Il peut parler comme ça en Allemagne ?« . A cet instant précis, le divorce est définitivement consommé! Iya Mohammed, à son tour, quitte la salle. A la question du reporter qui veut savoir le sort réservé à Otto Pfister, le président de la fédération camerounaise de football répond, avec un brin d’humour: « Pour le moment, on peut dire que l’encadrement technique reste en place« .
Deux minutes après, l’affaire se corse avec la sortie de Otto Pfister qui refusera de répondre aux questions de la presse et s’enferme dans son véhicule, où il est aussitôt rejoint par son adjoint Ngweha Ikouam. Le ministre Thierry Augustin Edjoa quitte aussitôt les lieux. En trombe, les véhicules ayant à bord Iya Mohammed et Roger Milla d’une part, Otto Pfister et Ngweha Ikouam d’autres parts démarrent. L’on apprendra, quelques minutes plus tard, que le Minsep et sa suite étaient convoqués d’urgence au Premier ministère.
L’accès à l’Immeuble Etoile sera une nouvelle fois refusé aux journalistes, même aux détenteurs de la carte de presse. « Allez attendre le communiqué final« , déclare un responsable. Ce communiqué final reste toujours attendu. Et pourtant, le temps presse.
Le 30 mars, Augustin Edjoa avait accusé les joueurs de l’équipe nationale d’être à l’origine de la débâcle d’Accra et annonçait sur les antennes de la radio nationale, des sanctions contre les responsables. Un autre dilatoire quand on sait que le Minsep a maintes fois déjà sifflé « la fin de la recréation » et à chaque fois, les Lions indomptables, derniers du groupe A derrière le Gabon, le Togo et le Maroc, retombent dans les mêmes travers. L’heure est grave !
Jean Robert Frédéric Fouda, à Yaoundé