De passage au siège du Syndicat National des Footballeurs Camerounais (SYNAFOC), Raymond KALLA NKONGO, ancien joueur de Sivasspor en Turquie, VfL Bochum en Allemagne, Extremadura en Espagne, Panahaiki en Grèce et ancien international camerounais, champion d’Afrique 2000 et 2002 s’est confié à nous. Dans un entretien exclusif, Baresi (surnom de KALLA) évoque sa fierté d’appartenir désormais au SYNAFOC, ainsi que sa ferme volonté et sa détermination à se donner à fond dans la défense des droits et intérêts des footballeurs.
Après votre carrière de footballeur, vous êtes restés proches des terrains. Quelles sont vos motivations et pensez-vous que vous apportez suffisamment à la nouvelle génération ?
Non, pour l’instant je n’apporte rien et ça, il faut le dire. C’est vrai, je ne sais rien faire d’autre. Je ne suis pas médecin pour vous dire que je peux soigner quelqu’un. La seule chose que je sais faire et que je dois continuer à faire, c’est le football. Aujourd’hui, si j’ai décidé de venir au SYNAFOC, c’est simplement pour essayer d’apporter quelque chose à ce football qui m’a tout donné. Ayant mis un terme à ma carrière de joueur, j’ai l’obligation et surtout le devoir d’aider la jeune génération. C’est pour cette raison que je suis là.
Avez-vous l’impression que les anciennes gloires sont suffisamment impliquées dans le développement du football au Cameroun ?
Je dirai non. Et pourtant, nous avons beaucoup à apporter à ce football. Mais pour y arriver, il faudrait associer nos forces. Il faudrait que nous soyons unis, soudé et que nous fassions bloque comme dans une équipe de football. Aujourd’hui notre football va mal, je dirai même très mal. Heureusement, Il y a le SYNAFOC qui existe et qui essaye de faire bouger les choses dans le bon sens. Raison pour laquelle, j’ai décidé d’adhérer. Je dois me mettre à fond pour aider notre football. Je vais discuter avec le président MAYEBI pour savoir quel genre de rôle je vais jouer afin d’apporter ma modeste contribution pour le développement et la modernisation du football camerounais.
Cela fait plus de 15 ans que l’AFC, puis le SYNAFOC s’implique dans la lutte pour l’amélioration des conditions de travail et d’existence des footballeurs camerounais en menant des actions concrètes sur le terrain. On citera par exemple, le premier statut du joueur en 1996, la convention, CNPS – MINSEP – SYNAFOC – FECAFOOT pour la couverture sociale des footballeurs, etc. Que pensez-vous de ce combat?
J’ai été professionnel, je connais l’importance des syndicats dans le foot. En Espagne par exemple où j’ai évolué, je me souviens d’une année où les clubs avaient tellement de difficultés à payer les salaires. Et à un moment donné, le Syndicat espagnol a tapé la main sur la table pour que les clubs remplissent leurs engagements contractuels et cela a été fait. Je pense que le SYNAFOC est une très bonne chose pour le football camerounais, notamment pour les joueurs en activité, qui savent désormais à quelle porte frapper quand ils ont des problèmes. C’est déjà une bonne chose et nous allons tous ensemble continuer à travailler pour essayer d’apporter d’avantage.
Justement quel peut être la nature de votre apport dans le vaste chantier de modernisation et développement du football camerounais?
Ce que je peux apporter c’est d’abord ma présence, ensuite on va aller tout doucement. Je vais essayer de discuter avec le Président MAYEBI. Nous irons doucement tout en grandissant. Vous savez quand vous allez quelque part ne vous dites pas que tout sera rose. C’est en travaillant que vous allez obtenir des résultats. Mais comme je vous ai dit plus haut, je vais me mettre à fond pour le SYNAFOC. J’essayerai d’apporter mon expérience et mon expertise, après on verra.
Un mot sur l’implication des footballeurs camerounais dans la gestion de notre football. Pensez-vous qu’ils soient suffisamment impliqués ?
Non ! Pas du tout. Comme je vous l’ai dit tantôt, le médecin a son rôle, le footballeur le sien. Je ne peux pas vous dire que je peux soigner un enfant qui est malade parce que je ne suis pas pédiatre. Ce que je sais faire, c’est le football. Il serait donc normal qu’on implique d’avantage les footballeurs dans la gestion des affaires du foot. Jusqu’ici nous sommes sous représentés. Et cette minorité qui s’est retrouvée à ce niveau grâce à la défunte AFC est en train d’être mise à l’écart. Nous sommes quasiment déjà à la touche. A présent, nous devons tout faire pour inverser la tendance et être d’avantage représentés dans les sphères de décisions du football camerounais. Pour cela, il faut s’unir, unir nos forces et essayer de voir ce que nous devons faire pour demeurer les principaux acteurs de notre activité. Le football c’est notre métier et notre vie, nous ne devons donc plus être en marge de sa gestion.
A votre époque vous étiez unis. Pourquoi aujourd’hui il y a tant de désamour entre les joueurs de l’équipe nationale?
Vous savez c’est le manque de résultats qui entraîne tout ce désamour dont vous faites allusion. Je vais vous dire que même entre ceux qui sont à la retraite, il n’y a pas plus d’harmonie. Nous ne sommes pas unis. Le problème ne réside pas uniquement aux joueurs en activités. Pour donner plus de force au football camerounais, il faut une union de cœur et esprit des footballeurs. Plus question que certains se regardent en chien de faïence. Non, ça ne marche pas ! Si nous même nous ne sommes pas unis, alors, ne critiquons pas les autres. Aujourd’hui, notre football ne marche pas du tout. Les résultats sont au plus bas. La question est de savoir, qu’est-ce qu’il faut faire ? Et c’est à nous d’apporter des réponses. C’est à nous, les joueurs, anciens et jeunes en activités d’apporter les solutions. Mais pour cela, il faut dialoguer, trouver un compromis. Vous verrez que si nous faisons ça, tout ira mieux.
Quels sont vos projets d’avenir ?
J’ai discuté avec son Excellence l’Ambassadeur Roger MILLA. J’ai discuté avec le Président MAYEBI et j’ai discuté avec beaucoup d’autres personnes comme Gérémi NJITAP. J’ai donc mûri ma réflexion sinon je ne serai pas ici. A présent, j’ai pris ma décision en mon âme et conscience. Le SYNAFOC a un grand projet et une grande vision pour notre football. C’est vrai que à notre époque nous n’avons pas pu bénéficier d’un certain encadrement. Mais je pense qu’après ce que nous avons vécu, il serait juste que nous luttions pour essayer d’organiser les choses comme il se doit afin que les générations présentes et futures puissent en profiter. Sur un plan personnel, je suis installé à Paris où je me forme dans l’entraînement et une fois mes diplômes d’entraîneur de football en poche, je verrai ce qu’il y aura à faire.
Un dernier mot ?
Pour ma première visite au siège du SYNAFOC, j’ai été merveilleusement surpris. Je ne m’attendais pas à ce que j’ai vu. Il existe une parfaite organisation et c’est vraiment génial. Franchement, je dis chapeau au Président MAYEBI et à tous les membres du SYNAFOC. Je remercie également la FIFPro, notamment la Division Afrique pour le beau boulot abattu. Au finish, je dirai que tout ce qui a été mis sur pied ou qui est en voie de l’être, nous devons le confier à Dieu pour bénéficier de sa grâce et de sa sagesse.
Entretien mené par NEG Lilian/Pierre S. AMBANG