Javier Clemente se sait sur la sellette. Et le succès du Cameroun contre la Macédoine le 9 février dernier lui a probablement permis de sauver son poste, lui qui pense que certaines autorités camerounaises ont déjà décidé de son sort.
Nous avons été plus que surpris de certaines de ses certitudes. Quand il parle par exemple de la qualité des joueurs camerounais, il est convaincu que notre équipe nationale peut se passer de n’importe quel joueur et même de son capitaine Samuel Eto’o. En cela, il rejoint le point de vue d’un ancien sélectionneur, le portugais Artur Jorge. Il ne voit que des dangers à être dépendant d’un joueur ou d’un groupe de joueurs.
Comme évidemment il fallait s’y attendre, il se dit épié par certains cadres du ministère des sports et de l’éducation physique puisqu’il va jusqu’à affirmer en toute lucidité que l’équipe nationale du Cameroun peut mieux jouer sans Samuel Eto’o Fils. Comme pour illustrer son propos, la deuxième mi-temps du match amical du 9 février a permis d’entrevoir cette eventualité.
Sacré basque!
Clémente en a véritablement gros sur le coeur. Il nous parle de beaucoup de choses. Des choses qui l’ont ralenti lui, dans son fonctionnement. Et ce n’est pas une surprise quand il parle entre autres de l’administration absolument lourde, des processus de décision inimaginables, de la gestion approximative du quotidien de l’équipe nationale, du manque de professionnalisme des dirigeants. Ce qu’il ne supporte pas par dessus tout est l’immixtion de certains joueurs dans la sélection des listes des convocations en équipe nationale.
L’autre chose qui l’irrite c’est cette complicité entre Le capitaine de l’équipe nationale et l’ambassadeur itinérant. Il nous a parlé d’une charge à fond de train lors de son passage à Yaoundé pour voir sur la liste des convoqués une ancienne vedette des lions indomptables. Et il pense que Roger Milla lui aurait parlé sous la commande de Samuel Eto’o.
Des funérailles reportés?
Sans peut être le savoir, la victoire du 09 février dernier a accessoirement permis au technicien basque de retarder son sort. Le décor était pourtant bien planté à Skopje avec plusieurs invités surprises.
Officiellement, Martin Ndtoungou Mpilé n’avait fait le déplacement que pour demander la libération de trois de ses poulains (Joel Matip, Jacques Zoua, Aboubakar Vincent) pour la CAN junior. Sauf que cela a fini par lui prendre quatre jours et que Jacques Zoua et Aboubakar Vincent n’étaient pas du déplacement. Pour être franc, Martin Ndtoungou était probablement celui qu’on attendait le moins dans la tanière. Sachant évidemment qu’à quelques centaines de kilomètres de là, ses poulains affrontaient la Bulgarie en match amical aux mêmes heures que le match des séniors.
Patrick Mboma était aussi là même si on commence à s’habituer à sa présence. S’il justifie maladroitement sa présence autour des lions, sa nomination et son poste sont bloqués à la Présidence de la République par le fait d’un simple chargé de mission. Et pour la petite histoire, sa nomination avait au préalable été validée par la fédération, par le ministère et par le Premier Ministère. C’est donc dire toute l’importance d’un simple chargé de mission de la Présidence du Cameroun qui peut arrêter à lui seul des lois et textes d’une République. Et il se fiche que ce ne soit que les textes du football camerounais.
L’autre présence troublante était celle de Jean Marie Amoa, un autre invité du ministre, et sa conclusion singulière sur la rencontre amicale puisqu’il pense quand même que Clemente est payé trop cher pour ne pas se lever pendant tout un match.
Peut-être que des dispositions avaient été minutieusement prises pour remplacer au pied levé le technicien basque en cas de défaite par Martin Ndtoungou Mpilé. Le but d’Adongcho a visiblement prolongé le bail du sélectionneur national qui a tenu à nous montrer sa sérénité.