Javier Clemente, le sélectionneur national et ses deux adjoints François Omam Biyik et Jacques Songo’o devraient être face à la presse ce vendredi à Yaoundé. Ils devront expliquer les critères qui ont motivé le choix des 19 joueurs qui vont affronter le 9 février prochain la Macédoine. Michel Zoah, le ministre des Sports et de l’éducation physique n’est pas le seul à être surpris par la constitution de cette liste.
Pourquoi Benoît Assou-Ekotto n’a-t-il pas été convoqué ? Les entraîneurs auraient expliqué que l’arrière gauche de Tottenham en Angleterre ne serait pas en forme. On peut être logiquement surpris par cet argument d’autant plus que Benoît Assou-Ekotto est l’un des joueurs camerounais des plus constants et des plus réguliers. Les statistiques parlent d’eux-mêmes. 1755 minutes pour 20 matches joués (titulaires) en 24 journées de Premier League.
Dès lors, comment peut-on se passer d’un joueur aussi compétitif, alors qu’en même temps, dans la liste des 19, figurent des footballeurs moins compétitifs, ou qui ont peu joué depuis le début de la saison, ou encore carrément sans expérience internationale ? Certains joueurs retenus ne sont même pas alignés en club.
C’est certainement une période Fifa, consacrée aux regroupements et matches amicaux des sélections nationales. C’est le lieu de tester de nouveaux joueurs, soit ! Cependant, l’heure n’est plus aux expériences, côté Lons indomptables. On peut logiquement se surprendre que le Cameroun en soit encore à tâtonner à quelques semaines de la troisième journée des éliminatoires de la Can 2012, contre le Sénégal, à Dakar.
Il y a longtemps que Javier Clemente aurait dû avoir une ossature, une philosophie de jeu. L’équipe doit reposer sur des bases solides, au lieu de procéder par tâtonnement, en mettant à la touche certains pions essentiels de l’équipe. L’entraîneur national se détourne des missions à lui assignées le 28 août 2010 lors de son installation.
Pendant son discours, le ministre des Sports avait demandé à l’Espagnol d’avoir à cœur l’intérêt supérieur du Cameroun dont les Lions indomptables constituent l’une des cordes les plus sensibles. A ce titre, avait-il martelé, «seuls la forme du joueur, son attitude positive, son esprit d’équipe, sa combativité, et surtout, son patriotisme l’imposent à l’équipe nationale».
Pour un regroupement aussi important, Javier Clemente est loin d’avoir choisi le bon casting. Puisqu’il a décidé d’appeler de nouveaux joueurs, pourquoi ne pas avoir convoqué Marvin Matip, le défenseur camerounais de 83 kg pour 1m84, évoluant au Fc Cologne en Allemagne? Et pour parler de discontinuité, Charles Itanje dont on a salué l’arrivée lors du dernier regroupement à Vichy est laissé à la touche. Pourtant, si sa venue était d’autant appréciée, n’était-ce pas le moment idéal de le voir à l’œuvre dans les buts lors d’un match test, même si la Macédoine, 81e ex-eaquo avec la Zambie au classement Fifa de janvier 2011, n’est forcément pas un adversaire redoutable ?
Même si on peut saluer le retour d’Idriss Carlos Kameni qui n’a plus été appelé en sélection depuis la fin de la coupe du monde, il faut s’assurer que ses rapports avec Samuel Eto’o se sont détendus. Le portier de l’Espanyol de Barcelone, non retenu pour le match amical en Pologne du 11 août dernier, avait accusé Samuel Eto’o d’avoir influé sur la composition de l’équipe. Interviewé par la radio Sweet FM, émettant à Douala, Kameni avait révélé les mauvaises relations qu’il entretenait avec le capitaine des Lions Indomptables, et affirmé qu’elles seraient à l’origine de son absence dans la liste des joueurs convoqués. Tout porte donc à croire que les deux joueurs ont enterré la hache de guerre après la tournée européenne du staff technique à Milan, Londres et Barcelone. Mais, il s’agit en vérité, d’une paix de braves qui demeure essentiellement précaire et fragile. Alexandre Song l’a parfaitement compris, et a préféré différé son retour en équipe nationale, parce qu’il faut, pense-t-il, «se donner un temps de réflexion», et solder le lourd passif que l’équipe nationale a ramené de l’Afrique du Sud.
Jean Robert Frédéric Fouda, à Yaoundé