Pour la première fois depuis bien longtemps, une sélection allemande ne se déplacera pas en favorite pour disputer une Coupe du Monde. Les mots du président de la fédération allemande (DFB) Gerhard Mayer-Vorfelder viennent d’ailleurs rappeler à quel point la Mannschaft a revu ses ambitions à la baisse : « Ce serait déjà pour nous une grande satisfaction d’atteindre les quarts de finale ».
Les temps ont bien changé: que ce soit en 1994 aux USA (1-2 face à la Bulgarie) ou en France en 1998 (0-3 contre la Croatie), une élimination en quarts de finale scandalisait naguère toute l’Allemagne du football. On se souvient notamment de la pluie de critiques dont fit l’objet le sélectionneur national Berti Vogts et qui entraînèrent finalement sa mise à l’écart à l’automne 1998.
Deux ans après les ratés de l’Euro 2000 et à quelques mois de sa première grande compétition aux commandes de l’équipe aux trois Coupes du Monde, Rudi Völler ne déroge pas à ce nouveau réalisme. Depuis le tirage au sort du 1er décembre 2001 à Busan, il ne rate ainsi aucune occasion de minimiser les ambitions de son équipe.
« L’objectif, c’est d’abord de franchir le premier tour, ensuite nous verrons. » Comme pour enlever leur dernières illusions aux plus optimistes, il poursuit: « Soyons clair, nous ne faisons pas partie des prétendants au titre ». Parmi ses favoris, il cite notamment trois autres grandes nations du football, le Brésil, quadruple vainqueur du trophée suprême, l’Argentine et ses deux titres de championne du monde, et le tenant du titre français.
Peu de chances donc pour que le président de la DFB soit amené au soir de la finale du 30 juin, à Yokohama à verser à chacun de ses joueurs la prime de 92000 euros négociée par l’ancien capitaine Oliver Bierhoff et son successeur Oliver Kahn à l’issue de la qualification de dernière minute arrachée au cours d’un match des plus crispants face à l’Ukraine. Le gardien allemand et ses coéquipiers ne repartiront néanmoins les mains vides que s’ils doivent plier bagage dès la fin du premier tour. Une situation qui serait lourde de conséquences, comme l’avait annoncé Franz Beckenbauer à l’issue du tirage au sort du premier tour.
Inconnue à trois têtes
Au même titre que l’Arabie saoudite, la « grande inconnue », selon les termes de Rudi Völler, adversaire de l’Allemagne pour son premier match le 1er juin, l’Irlande, bourreau des Pays-Bas, et le Cameroun de l’Allemand Winfried Schäfer, récent vainqueur de la Coupe d’Afrique, constituent les trois obstacles qui pourraient empêcher l’Allemagne d’atteindre son objectif minimum, les huitièmes de finale.
Si tout se passe bien, la Mannschaft quittera alors le sol japonais pour la Corée du sud, où elle trouvera sur son chemin l’une des équipes du Groupe B, à savoir l’Espagne, la Slovénie, le Paraguay ou l’Afrique du sud. Un début de phase finale « plutôt favorable » selon Rudi Völler, qui affirme: « A partir des huitièmes de finales, tout deviendra possible, en fonction bien sûr de nos adversaires et de notre état de forme. »
La tâche la plus facile du sélectionneur allemand ne sera certainement pas d’aligner une équipe compétitive. A 41 ans, l’ancien avant-centre de classe mondiale a notamment du mal à trouver un grand buteur, un comble quand on se souvient de la richesse passée du football allemand à ce poste.
Certes, l’ancien capitaine Bierhoff a prématurément obtenu son billet pour la Coupe du Monde, mais le meilleur buteur allemand de tous les temps est manifestement en fin de carrière et a perdu sa place de titulaire. C’est donc le jeune Miroslav Klose qui, malgré son manque d’expérience au niveau international, porte les espoirs de tout un pays.
Figure emblématique de cette sélection et seul joueur de réputation mondiale, le nouveau capitaine Oliver Kahn pourra toutefois s’appuyer sur le milieu de terrain Michael Ballack, dont l’excellente saison avec le Bayer 04 Leverkusen et l’équipe nationale fait dire à Rudi Völler qu’il sera un pion essentiel pour sa première participation à une Coupe du Monde.
Lorsqu’on lui demande qui seront les grands acteurs du mois de juin, le renard des surfaces cite immédiatement l’Anglais David Beckham, le Portugais Luis Figo et Zinédine Zidane, il ajoute néanmoins: « D’autres joueurs pourraient aussi faire une super Coupe du Monde, je pense notamment à Michael Ballack. »