Venue avec son équipe B et repartie avec le trophée, la Nationalmannschaft, sans aucun titulaire habituel, a décroché sa première Coupe des Confédérations en battant le Chili (1–0) en finale, hier à Saint-Pétersbourg. La preuve que le football allemand dispose d’un modèle solide bâti sur sa jeunesse. Tout le contraire des tâtonnements et des générations spontanées qui font la pluie et le beau temps au pays de Roger Milla.
Allemagne, la jeunesse triomphante ! C’est à cela qu’il faut assimiler le sacre de l’Allemagne au terme de cette Coupe des Confédérations. Pour le Mondial 2018, tout d’abord, le message est fort. Pour les années à venir ensuite. La jeune garde a du potentiel et l’a parfaitement affiché dans une compétition où beaucoup pensaient que la mise au repos des cadors serait un handicap pour cette sélection. Le plus vieux parmi les 11 titulaires ? Lars Stindl, 28 ans. Le plus jeune ? Timo Werner, 21 ans. Evidemment, difficile d’être catégorique à un an de l’échéance. En revanche, une tendance claire se dessine : cette Nationalmannschaft dispose d’un réservoir hors normes.
Pour conquérir sa toute première Coupe des Confédérations, elle s’est appuyée sur une équipe largement renouvelée. Pas « une équipe B », comme certains l’ont qualifiée : ce serait faire injure à son talent. Car oui, Löw dispose d’un potentiel XXL sous la main. Il est incarné par des visages juvéniles. Celui d’un Joshua Kimmich (22 ans) présenté comme le successeur de Philip Lahm sur le flanc droit ; celui d’un Leon Goretzka (22 ans) qui a tout pour s’imposer au milieu des Kroos, Khedira et Gundogan. Et qui sait, celui d’un tout frais champion d’Europe U 21, sacré la veille face à l’Espagne (1-0).
Un modèle innovant
La relève allemande est donc déjà là. Elle frappe fort à la porte de la sélection, la grande, la vraie. Et dire que la plupart des champions du monde 2014 n’étaient pas en Russie. En 2018, les Neuer, Boateng, Hummels, Reus, Ozil et autres Müller seront probablement du voyage. Nul doute qu’ils embarqueront une jeunesse triomphante dans leurs valises. Ce n’est ni la magie, ni le hasard encore moins un coup du destin. C’est le travail ; c’est de la planification. A titre d’exemple, le plan de jeu intégré chez les Espoirs offre aux quelques promus chez les « A » cette expérience du très haut niveau international. Car dans les faits, le football allemand, c’est des stades remplis, du spectacle à foison, un public populaire, des clubs bénéficiaires et une formation pointue. Comme en Espagne, le jeu est plaisant et offensif et les jeunes formés restent au pays pour alimenter la Nationalmannschaft.
Le championnat allemand de football est en effet le plus rentable d’Europe avec douze clubs excédentaires (sur 18) la saison dernière. En parallèle, la formation devient un axe majeur – et forcé – de la politique des clubs. En effet, pour obtenir l’autorisation de la Ligue à prendre part au championnat, les 36 clubs professionnels allemands doivent obligatoirement disposer d’un centre de formation digne de ce nom ainsi que d’une équipe de jeunes dans chaque catégorie d’âge. Un quota de joueurs nationaux susceptibles d’intégrer la Mannschaft est même imposé à partir des moins de 16 ans (12 par équipe). Du coup, depuis 2002, ce sont plus de 615 millions d’euros qui ont été investis dans les centres de formation et près de 5 000 jeunes y séjournent actuellement.
Ultra-politisation du foot camerounais
Mais la réussite du modèle allemand ne tient pas qu’à sa rigueur budgétaire et sa politique de formation. La Coupe du monde 2006 a ainsi amené l’Allemagne à effectuer des investissements structurels afin de se doter d’enceintes sportives ultramodernes, faisant qu’aujourd’hui, plus de neuf stades dépassent les 50 000 places. Sièges à l’abri de la pluie, escalators dans les stades, parkings nombreux, commerces abondants, vidéosurveillance renforcée. Des clichés qui rament à contre-courant de notre bricolage favori, nos rafistolages, notre management a la petite semaine et nos batailles futiles pour imposer des joueurs de 30 ans dans une sélection dite en refondation.
Le modèle allemand situé à des siècles lumière de notre débrouillardise camerounaise, peut-il inspirer les dirigeants de Fécafoot, Minsep et même le sommet de l’Etat, champion de l’ultra politisation de notre sport roi?
Il n’y a pas de mal à copier le bon exemple.
C.D.