« Nous allons faire entendre notre voix… », peut-on encore lire entre les lignes de l’entretien accordé par Roger Milla à nos confrères de Cameroon Tribune. L’ambassadeur itinérant ne cache pas son mécontentement sur la situation actuelle des lions indomptables du Cameroun. Et Joseph Antoine de Bell de renchérir : « L’ère nouvelle n’est pas encore arrivée ».
Roger Milla:« Nous allons faire entendre notre voix… »
« Quand il y a les périodes Fifa, il faut en profiter. Mais il faut trouver les sparring-partners qui peuvent permettre au Cameroun de progresser. Malheureusement cette fois ci encore, nous n’avons pas su profiter de la plage de la Fifa. Ceci m’amène à répéter que le Cameroun doit se doter d’un manager qui va lui trouver des matches amicaux. Il faut que la fédération et le ministère délèguent complètement ce boulot là à quelqu’un et se concentrent à d’autres tâches. Par ailleurs, nous ne devons plus jouer des matches amicaux au rabais. Le Cameroun demeure un label qui se vend. Dans ces conditions, nous pouvons nous permettre de choisir nos adversaires et surtout de gagner de l’argent. Il faut qu’on cesse de brader l’équipe nationale du Cameroun.
Sur un autre plan, la fédération nous a confié un travail de réflexion sur les Lions Indomptables et nous avons déjà rendu notre contribution au commanditaire. Nous ignorons si une copie a été transmise au ministère des Sports et de l’Education Physique pour que ces deux entités puissent ensemble se mettre au travail. Mon inquiétude est que notre travail ait été fait pour rien. Si tel est le cas, nous allons faire entendre notre voix. Parmi les recommandations, il était question de trouver de bons matches amicaux aux Lions. Nous avons également suggéré que l’équipe nationale puisse vraiment bénéficier de toute la chaleur du pays en faisant la plupart de ses stages ici. Notre sentiment est que les joueurs se sentiront plus concernés par le destin de l’équipe et du pays. Les éliminatoires commencent bientôt. Nous avons encore le temps de mettre en place les conditions pour que notre équipe nationale soit compétitive. Les querelles de personnes doivent laisser la place à l’intérêt supérieur du Cameroun. »
Michel Kaham: « La sérénité doit régner autour de l’équipe nationale »
« En tant qu’acteur passif, nous espérons que le voile va être rapidement levé sur le plan de préparation des Lions Indomptables. Toutes les grandes nations de football annoncent leur plan de travail des mois à l’avance avec des échéances bien précises. Notre vœu est qu’on n’attende pas la dernière minute comme par le passé pour colmater les brèches. Dans le cas du Cameroun, dans la perspective de 2010, on devait déjà faire le diagnostic de la CAN et commencer à mettre sur place l’équipe de 2010 afin qu’elle soit prête le moment venu. A ce jour, il est difficile à quiconque de dire quelle est l’équipe type du Cameroun. Dans ces conditions le sélectionneur devait déjà être à pied d’œuvre pour regrouper l’élite nationale éparpillée à travers le monde. Les autres équipes africaines sont déjà au travail et il ne faudrait pas que le Cameroun prenne du retard. Le Cameroun a un potentiel important. Il faudrait simplement mettre les jeunes dans de bonnes conditions et à temps. La sérénité doit régner autour de l’équipe nationale. Il faudrait taire toutes les querelles et regarder dans la même direction. »
Joseph Antoine Bell:« L’ère nouvelle n’est pas encore arrivée »
« Que le Cameroun ne joue pas de matchs amicaux. C’est du déjà vu et entendu. Depuis plus d’une décennie, les Lions ne livrent aucune rencontre amicale lors des périodes retenues par la Caf ou la Fifa, sans que cela n’émeuve personne. Même avant la Can 2008, le Cameroun a sauté des matchs amicaux. L’ère nouvelle n’est pas encore arrivée. Lorsque je parle d’ère nouvelle, je ne veux pas forcément dire des hommes nouveaux. Il y a des gens responsables du football camerounais, ils ont même la latitude de choisir leurs conseillers, mais, que font-ils ? Rien. On refait les mêmes erreurs à chaque fois. La tutelle qui est le ministère du Sport et de l’Education physique, si elle ne réagit pas, que voulez-vous que je fasse ? Si la tutelle s’accommode de cette situation, quel changement attendez-vous ? En sport, quand un athlète s’entraîne durement, c’est parce qu’il redoute la défaite, parce qu’il a des challenges à relever. Mais si ces challenges ne nous disent rien, que dire de plus ? Lorsque les Lions ont remporté leurs Coupes d’Afrique des Nations, aucun Camerounais ne s’est souvenu du finaliste. Même lorsque les Lions l’ont emporté aux tirs aux buts devant le Nigeria en 2000 et le Sénégal en 2002, les Camerounais ont oublié que la victoire aurait pu aller de l’autre côté puisque tout s’est joué sur un coup de dés, une erreur d’arbitrage. Mais, lorsque nous arrivons en finale d’une CAN et que nous perdons pour la deuxième fois contre le même adversaire en trois semaines d’intervalle, tout le monde trouve qu’on a beaucoup fait, que c’est bien. Alors qu’atteindre une finale ne sert à rien si on ne tire pas les leçons pour pouvoir améliorer les résultats. Donc, pour moi, l’ère nouvelle n’est pas encore arrivée. »
Propos recueillis par Simon Pierre ETOUNDI, Eric Vincent FOMO (CT)