En dépit de la défaite face à la Tunisie, le Cameroun a présenté un meilleur visage.
Sur les vingt-trois joueurs qu’il a convoqués initialement pour le tournoi de Tunisie, Winfried Schäfer a dû composer avec de nombreuses défections. Foé, Idrissou, Mboma, Alioum Boukar n’ont pas honoré le rendez-vous tunisois pour des raisons diverses. Par contre les joueurs se sont rendus à Tunis appelés au pied levé. Toujours est-il que le groupe s’est retrouvé et a travaillé. Pour les deux matchs, Schäfer a utilisé en tout et pour tout 19 joueurs sur les vingt-trois dont il disposait. Les joueurs dans l’ensemble ont mouillé le maillot, dominant Tunisiens et Malgaches tant sur le plan physique que collectif. Finalement, il n’y a guère que l’attaque camerounaise qui ne s’est pas montrée efficace. Car si Eto’o et Job, principalement avaient concrétisé les nombreuses occasions de but que l’équipe s’est procurées, le Cameroun aurait certainement remporté le tournoi de Tunis. Schäfer a néanmoins profité du tournoi de Tunis pour continuer à expérimenter le système de défense à quatre où les solutions parmi ses joueurs n’ont pas manqué. Notamment sur le flanc droit de la défense avec une alternative entre Perrier Doumbé et Njitap. Au milieu, Schäfer en l’absence de Foé a fait confiance à Mbami Modeste, qui a fait mieux que d’assurer l’intérim. Associé à Djemba lors du premier match, à eux deux ils ont donné du relief au jeu camerounais. Lors du second match face à la Tunisie , l’absence de Djemba n’a pas altéré le rendement de Mbami qui s’est beaucoup appuyé à cette occasion sur Njitap, avec moins d’aisance tout de même. Globalement, la prestation collective a primé sur les individualités dont il est pourtant nécessaire dans une phase de reconstruction d’évaluer le potentiel.
Kameni : en l’absence d’Alioum Boukar, il a hérité de la charge de garder les buts des Lions indomptables. En deux matchs, il s’est acquitté avec brio de sa tâche. Impérial dans les airs et rassurant sur sa ligne. Il ne s’est incliné qu’une fois face à la Tunisie, sans que ce but encaissé lui soit imputable. Il a d’ailleurs été sacré meilleur gardien du tournoi.
Song : fidèle à sa réputation, le capitaine des Lions indomptables s’est battu comme un beau diable. Energique dans ses interventions, il n’a pas manqué de remonter les bretelles à ceux de ses camarades qui fléchissaient.
Mettomo : il s’est acquitté honorablement de sa tâche, même si parfois, il a péché dans la relance et de ce fait, a rarement volé au secours de ses attaquants. Par ailleurs, il donne une impression de timidité dans son jeu qui ne rassure pas ses partenaires.
Tchato : il a joué juste et bien. Pas de gestes superflus, il a été d’une présence physique de tous les instants. Au cours des deux matchs, il n’a presque pas été pris à défaut par les attaquants malgaches ni tunisiens.
Womé : face à Madagascar, il a livré un match moyen. Mais face à la Tunisie en milieu gauche, il est monté en puissance offrant des solutions à ses partenaires aussi bien lors des phases offensives que défensives. Il gagnerait toutefois à être lucide à l’approche de la surface adverse pour faire les choix idoines.
Olembé : juste moyen lors des deux rencontres. Son jeu par séquence a laissé un arrière goût d’inachevé. Un temps très inspiré, l’instant d’après complètement terne.
Njitap : arrière droit face à Madagascar et milieu droit face à la Tunisie, sa prestation n’a pour autant pas changé. Moyen. Il a rarement créé le surnombre sur le côté droit pour aider ses attaquants et porter le danger dans la surface adverse.
Mbami : deux matchs convaincants face aux Tunisiens et aux Malgaches. Physiquement au point, il a aussi apporté de la fantaisie dans le jeu camerounais permettant de créer des espaces pour ses partenaires. Bon tournoi dans l’ensemble.
Eto’o Fils : s’il s’était montré efficace, il aurait été à créditer d’un tournoi impeccable. Malheureusement, il s’est montré très peu inspiré dans le dernier geste. Il a raté de nombreuses occasions qui auraient remis le Cameroun sur la bonne voie. Gagnerait à être plus concentré sur son sujet.
Job Joseph Désiré : toujours disponible dans les phases offensives, il a énormément bougé pour offrir des possibilités à ses partenaires. Il est à créditer d’un bon tournoi. Mais à l’image de son compère d’attaque, il gagnerait à se montrer plus efficace devant le but adversaire.
Djemba : contre Madagascar, il a laissé apprécier sa grande classe au milieu de terrain, avec un jeu dépouillé de gestes superflus et surtout une grande application.
Mezagué : en dix petites minutes face à Madagascar, il a laissé entrevoir un gros potentiel. Il n’a pas hésité à aller au contact physique, pour se mettre directement dans le bain. De plus, sa technique individuelle intéressante est un gage pour l’avenir. Le coach camerounais en a du reste fait son coup de cœur à Tunis même s’il l’a gardé sur le banc face à la Tunisie en finale.
Bella Cyril : son physique impressionnant semble lui attirer la sympathie de Schäfer qui voit en lui une alternative à Mboma. Mais à Tunis , il n’a joué qu’une quinzaine de minutes ,temps insuffisant pour juger de son apport dans le jeu des Lions.
Justice Wamfor : il n’a joué qu’une dizaine de minutes face à la Tunisie. Mais sur une seule incursion dans la défense tunisienne, il a laissé entrevoir de belles dispositions et pourrait bien être une solution supplémentaire sur le flanc droit du milieu de terrain camerounais.
Felmi Ngassam Nana : en dix minutes sur le terrain , il a impressionné principalement par son physique d’échalas. Il s’est montré très prudent dans ses interventions, mais il semble avoir la sympathie de ses partenaires de la défense surtout celle du capitaine Song, qui a déclaré compter sur lui pour se soulager de certaines tâches.
A Tunis le coach camerounais disposait également de Joël Epallé, Ndoé Mbarga , Souleymanou et Nicolas Alnoudji. Mais ces quatre joueurs ne sont pas entrés en jeu lors des deux rencontres , sans toutefois remettre en question leurs qualités. Au bout du compte , le tournoi de Tunis a permis au sélectionneur national de renouer le contact avec la plupart de ses éléments de la diaspora, notamment afin d’établir les bases de l’avenir que l’on souhaite plus heureux pour l ‘équipe nationale du Cameroun.
Simon Pierre ETOUNDI