Il y a des défaites qui ravissent autant que les plus belles victoires. Imaginons une défaite sur la plus courte des marges de la Papouasie face au Brésil en football. Pour les insulaires du pacifique, ce serait un exploit incommensurable. Pour revenir au Cameroun, les basketteurs camerounais battus (86-72) samedi dernier en finale du 24e championnat d’Afrique des nations par l’Angola- neuf fois champion d’Afrique- n’ont pas à rougir de cette défaite. Il faut dire qu’en une dizaine de jours, ils viennent de résorber un déficit de reconnaissance vieux de plusieurs dizaines d’années du basket-ball camerounais sur le plan continental. Partis en Angola sur la pointe des pieds, ils en reviennent la tête haute. Et surtout ils sont porteurs de grands espoirs pour l’avenir de la balle orange dans notre pays.
Pour autant le bon parcours des basketteurs camerounais en Angola est loin d’avoir été un long fleuve tranquille. Au contraire, à cette occasion, le sport camerounais s’est une nouvelle fois empêtré dans ses travers : impréparation, improvisation, absence de vision…Ainsi, les désormais vice-champions d’Afrique sont passés près du forfait en Angola. Il a fallu que la Fédération internationale de basket-ball association (FIBA) brandisse la menace d’une lourde sanction financière et administrative contre le Cameroun, pour qu’enfin, l’on décide d’engager l’équipe. Et c’est en » pièces détachées » que le Cameroun a débarqué en Angola. A priori pour limiter les dégâts ! Mais c’était sans compter avec la foi et le patriotisme d’une douzaine de gaillards, pour l’essentiel des amis de longue date qui ont décidé de relever le défi. Il faut bien dire que personne, à part eux-mêmes, ne les voyait faire aussi bonne figure en Angola. Mais ils ont fait effectivement entendre leur voix sur le parquet en bousculant la hiérarchie continentale. Davantage, contrairement à d’autres sportifs camerounais, ils n’ont pas parlé d’argent pour jouer. A méditer…
Au demeurant, le bon parcours des basketteurs au 24e championnat d’Afrique des nations est révélateur de l’immensité et de la diversité des talents sportifs au Cameroun. Il n’y a pas que les footballeurs. Les autres sont bien là. Mais tout ce beau monde ne demande qu’un encadrement adéquat, des infrastructures convenables et un minimum de considération pour faire rayonner l’image du pays à l’extérieur. En tout cas, les sportifs camerounais ont déjà démontré qu’ils savent retrousser les manches et se » mouiller » pour leur pays. Aujourd’hui, c’est le tour des basketteurs. Hier, ce fut celui des volleyeurs partis du Cameroun en pirogue pour le Nigeria, ils en sont revenus champions d’Afrique. En ce moment, les volleyeuses se démènent- sans moyens- pour préparer la CAN. Mais il semble qu’il y a une meilleure façon d’aborder les joutes internationales. Sauf à se satisfaire éternellement de modestes résultats, il est temps de procéder autrement. A méditer…
Simon Pierre ETOUNDI, Cameroon-Tribune