« Au Cameroun, on ne comprend que le langage de la violence ». Cette assertion d’un contemporain, n’a jamais été si vraie. Après s’être vu attribuées l’organisation de la Coupe d’Afrique des nations (Can 2019) en 2013, les autorités camerounaises étaient rentrées ranger les dossiers y relatifs très au fond de leurs tiroirs.
En dépit des délais qui s’amenuisaient, personne ne se sentait l’obligation de les mettre enfin sur la table. Il a fallu que lors de lors d’une conférence de presse au détour d’une visite au Burkina Faso que le Malgache Ahmad Ahmad, président de la Caf, fasse une déclaration forte pour qu’un provoquer un léger frémissement. « Même pour une Can à 4 équipes, le Cameroun n’est pas prêt », avait-il largué. Même si, sous le coup de l’émotion, beaucoup de patriotes chauvins s’étaient ligués contre le remplaçant de leur compatriote Issa Hayatou à la tête de l’instance faitière du football africain, avec du recul, la majorité s’est rétractée. Car la sortie du nouvel homme fort de la Caf, mieux que la manifestation d’un complot qu’il ourdirait pour retirer au pays des quintuples champions d’Afrique l’organisation de la fête du football africain, a plutôt été ce détonateur qui a sorti de leur sommeil cadavérique, les dirigeants camerounais. Jadis aux oubliettes dans les discours officiels, l’événement est revenu au centre des préoccupations. En plus de prendre personnellement l’engagement pour assurer la réussite de ce rendez-vous sportif pendant la cérémonie de réception des athlètes camerounais ayant pris part aux jeux de Francophonie (Abidjan 2017) Paul Biya avait signé le décret mettant en place un comité local d’organisation. Quelques jours plus tard, les personnes et personnalités devant faire partie de cette équipe avaient été désignées. De même, les goulots d’étranglement qui coinçaient la passation de certains marchés d’être levés. Les effets de la sortie du président Ahmad Ahmad se sont étendus jusque dans les régions. Chaque gouverneur des régions abritant un site de la Can 2019 ont tenu des rencontres afin de mettre la pression sur les différents maillons de la chaine, concernés dans la mise en réalisation des infrastructures liés à la compétition. A Douala et à Garoua par exemple, les travaux de réhabilitation du stade Mbappè Leppé d’Akwa et du Cenajes de Garoua ont enfin démarré. Grâce au président de la Caf, les partenaires étrangers qui accompagnent le Cameroun ont fait des sorties pour rassurer l’opinion de ce que la construction des stades s’effectuait sans couacs en Italie et Turquie.
Bafoussam, un casse-tête chinois
Hormis la réunion présidée par le gouverneur de la région de l’Ouest afin d’inviter ses collaborateurs à traiter avec diligence tous les dossiers liés à la Can 2019, les autres effets de la sortie d’Ahmad Ahmad demeurent attendus. Car les travaux d’aménagement extérieur du stade omnisports de Bafoussam et de la voirie urbaine de Bafoussam n’ont pas toujours commencé. Quant aux stades d’entrainement, ils attendent désespérément leur réfection. Les hôtels répondant aux normes de la Caf, peinent à sortir de terre. Un seul hôtel déjà opérationnel, et va passer de deux à quatre étoiles après la passage imminent d’une commission de reclassement mise en place par le ministère du tourisme et des loisirs.
Gaël Tadj