Le père du Grand Kpa Kum a pris sa retraite. Tout en restant attentif au cheminement de son club chéri.
Ferdinand Koungou Edima. Son nom à lui seul rappelle à la conscience collective une époque: celle des années glorieuses du Canon sportif de Yaoundé. Mais, ses proches se refusent à cette perception réductrice de son œuvre. “C’est le bâtisseur du football camerounais”, insiste Rypoulin Koungou, son fils, aujourd’hui secrétaire général du Canon. L’engagement de cet homme dans le sport épouse les contours de sa riche carrière professionnelle, voire de sa vie. “Dès mon jeune âge, je m’intéressais déjà, comme tous les adolescents de l’époque, à l’activité sportive: football, jeu de ngue (sagaie), boxe, tennis, cyclisme…”, explique Ferdinand Koungou Edima.
Ce goût prononcé pour le sport, il ne pourra malheureusement pas l’exprimer par la pratique. Et pour cause, le jeune Koungou est non seulement partagé par ses études, mais surtout, il manque de talent en football malgré un gabarit impressionnant et imposant. L’encadrement des jeunes de Mvog- Mbi se présente alors comme le terreau d’expression d’une passion non assouvie. Sa première affectation à Douala ne fera pas disparaître la flamme allumée au cours des années 1950. Les fruits ne manqueront pas de mûrir très rapidement. A Bafang, l’une des étapes de sa carrière dans le commandement, le jeune fonctionnaire participe activement à la construction du stade de football et à la dynamisation du club local, l’Unisport de Bafang. Il posera par ailleurs les bases d’une impulsion qui fera monter Tarzan d’Obala en division d’élite plus tard. Son passage à Nkongsamba sera marqué par le sacre de l’Oiseau du Moungo comme champion du Cameroun en 1970(…)
La cerise sur le gâteau
Mais le” mythe Koungou”, de l’avis de tous, sera construit dans le Canon de Yaoundé. Une équipe dont il prend les commandes en 1973, à la suite de Bénoît Mballa, un diplomate de métier, déposé faute d’argent. Avec le concours de certains membres – tels que Rudolphe Ntone, Obouh Fegue ou Jérôme Mendouga-, le natif de l’arrondissement de Dzeng (Département du Nyong et So’o) entreprend de donner aux Mekok me Ngonda toutes leurs lettres de noblesse.” Par une stratégie concertée, nous avons dégagé les moyens à hauteur de nos ambitions ; nous avons recruté des joueurs qui comptent parmi les plus talentueux de la fin du siècle notamment Jean Daniel Eboué, Théophile Abéga, Mbida Arantès, Marco Emana, Jean Paul Akono, Jean Manga Onguene, Emmanuel Mvé, Tsebo, Jacques Nguéa, Emmanuel Kundé, Thomas Nkono, Moungam Dagobert…”
Cette juxtaposition moyens – objectifs doublée aux méthodes pratiques et pragmatiques d’un homme à poigne expliquent les résultats exceptionnels enregistrés aussi bien au Cameroun qu’en Afrique. Le club de Nkolndongo enregistrera ainsi un palmarès élogieux: quatre titres de champion du Cameroun en cinq saisons; trois coupes du Cameroun pendant la même période et trois coupes d’Afrique. Avec en prime une invincibilité totale sur toutes les compétitions nationales et internationales. Toute cette moisson conduit le Canon à la signature du livre d’or des exploits mondiaux en 1977.
Testament
Depuis, l’eau a coulé sous les ponts. Koungou s’en est allé, sans crier gare, pour servir la nation sous d’autres cieux. Orphelin, le Canon a repiqué progressivement du nez, au grand dam de ses fans, à l’instar de Abena Grégoire alias Sans Chaud ou de Ewoé Fouda Jean connu sous le pseudonyme de “Akol nnomo”. Ces gardiens du temple, saluent l’immense travail accompli par celui qu’on appelle affectueusement le “Père du grand Canon”. Et c’est avec une pointe de nostalgie qu’ils content, chacun à sa manière l’épopée de leur équipe chérie. D’aucuns, n’oublient cependant pas que chaque rose a des épines. A tort ou à raison, le “Vieux” est accusé de continuer à tirer les ficelles dans l’ombre. Il fait et défait tous les présidents qui passent à la tête du Kpa- Kum. Bien plus, il a toujours, comme par le passé, une mainmise sur la gestion financière des équipes.
Loin de s’en émouvoir, le patriarche Koungou, qui a officiellement pris sa retraite, parle sans témoins à la jeune génération: “les jeunes doivent savoir que le sport est une excellente activité qui n’autorise pas la tricherie, le sport appelle sans cesse le culte de l’effort soutenu, du dépassement de soi, de l’affirmation de la personnalité individuelle, de la sainteté du corps et de l’esprit. Les dirigeants quant à eux doivent comprendre que diriger une équipe de football c’est d’abord aimer les autres, c’est accepter les sacrifices de toutes natures, c’est être présent et suivre régulièrement et attentivement les joueurs, leurs problèmes généraux et spécifiques, l’environnement de l’équipe avec un bon coup d’œil pour recruter ou former les bons éléments.” Voilà qui lève l’équivoque sur les mobiles et les motivations d’un passionné de Canon sportif de Yaoundé