Le Président du Comité de Normalisation de la Fécafoot revient sur la crise dans la tanière hier dimanche. Il présente la situation telle qu’il l’a vécu à l’interne: « Nous n’avons pas souhaité que les choses en arrivent là. Le problème est que nous n’avions pas l’argent qu’ils nous réclamaient. Nous avons chaudement discuté avec le capitaine des Lions, Samuel Eto’o Fils, qui parlait au nom de la sélection ».
Comment expliquez-vous le départ tardif des Lions pour le Brésil?
Nous allons en retard parce que les joueurs nous ont posé des conditions pour leur départ. Ils ont exigé le paiement de 50% de leurs primes à prélever sur le cantonnement de la prime de participation que la Fifa doit reverser à la Fecafoot. Ce cantonnement c’est le montant forfaitaire versé par la fédération internationale à la phase finale de la coupe du monde. Il faut noter qu’ils ont demandé la totalité de cette somme. Seulement, nous n’avions pas les moyens de la leur payer. C’est un argent que la Fifa reverse aux fédérations locales trois mois après la finale de la Coupe du monde. Nous avons donc demandé aux joueurs d’accepter 6% de cette somme par personne. Nous ne savions d’ailleurs pas où les chercher. Ils ont finalement accepté cet accord.
Samedi, les joueurs n’ont pas voulu assister à la cérémonie de remise de drapeau. Quel sentiment avez-vous eu?
Un proverbe béti dit: «il faut que vous ayez une bosse sur votre visage pour qu’on sache que vous en avez». Ce qu’ils ont fait samedi, c’est une honte à la nation, un mépris total à l’endroit du Gouvernement camerounais et du peuple camerounais qui s’est déplacé pour leur dire au revoir. Si on ne respecte pas l’emblème de son pays, que peut-on encore respecter?
Pourquoi avoir laissé les choses aller jusqu’à cette extrémité?
Nous n’avons pas souhaité que les choses en arrivent là. Le problème est que nous n’avions pas l’argent qu’ils nous réclamaient. Nous avons chaudement discuté avec le capitaine des Lions, Samuel Eto’o Fils, qui parlait au nom de la sélection. C’était samedi soir à l’hôtel Mont-Febé de Yaoundé. Les discussions se sont poursuivies dimanche matin. C’est ce qui a été à l’origine du retard dans le départ des Lions. Pour en revenir aux primes à verser, les joueurs ayant accepté les 6%, nous avons été contraints d’aller nous endetter en privé pour les leur reverser. Un dimanche…
Finalement quel est le montant des primes donné à chaque joueur et au staff?
Chaque membre du staff, les joueurs et encadreurs compris ont reçu 5.800.000 Fcfa cash dimanche matin. Nous avons emprunté 608.000 dollars. Ce qui est l’équivalent de 204.000.000 de FCFA. Nous avons payé ce que nous avions à payer. Nous avons accepté d’être flexibles pour affronter l’échéance en vue.
Nous avons mis les joueurs au sommet. Il faut voir la cité balnéaire dans laquelle ils sont logés au Brésil. C’est pour qu’ils soient dans des conditions adéquates de compétition. Toutes les chambres sont payées et ce sont les efforts que nous avons consentis. Lorsque je suis rentré à la maison hier, mes enfants n’ont pas osé me regarder en pensant à ce scandale que nous venions de vivre. L’essentiel est que nous partirons de Yaoundé à 3h du matin via la Tag, une compagnie angolaise que nous avons affrété pour que l’équipe aille au Brésil.
Quelles seront les conséquences financières autour de ce retard?
Bien évidemment, la première des conséquences ce sont les pénalités que la compagnie aérienne va nous faire payer du fait de ce retard. Deuxièmement nous serons également pénalisés par la Fifa. Selon le règlement, il est demandé à toutes les équipes d’arriver au Brésil cinq jours avant le début de la compétition. Malheureusement, nous n’y serons que quatre jours avant. Du fait de ce retard, nous paierons également une pénalité auprès de la Fifa. Nous ne savons pas encore à combien cette pénalité va s’élever mais nous ne sommes pas très inquiets car, elle sera prélevée sur notre prime de participation.
© XAVIER MESSE | Mutations