Il y a quand même des réalités que l’on vit ici au Cameroun qui sont réellement ubuesques. Il y a trente ans, la performance de la selection nationale du Cameroun avait impressionné plus d’un. Déjà lors du match d’ouverture contre l’épouventail Argentine, champion du monde en titre, si l’humeur du Président de la République est passée de l’attentisme apeurée à la jubilation assumée, le retour vers sa suite présidentielle a été d’une jouissance contenue pour un homme qui ne laisse pas facilement transparaître ses émotions.
Puis ce fut le match contre la Roumanie et la jubilation de la qualification.
Ce parcours héroique a bien failli se poursuivre au délà des quarts de finale puisque c’est de manière rageante qu’est survenue la victoire de l’Angleterre. Mais les Lions en avaient, pour le dire, fait de loin mieux que ce que l’on attendait d’eux. En vérité, faire revivre cette émotion vécue durant les plus de trois semaines de compétiton de l’équipe nationale à ce Mondial à ceux qui étaient jeunes ou pas encore nés est une tâche difficile.
Aux lendemains de cet exploit, des promesses pleuvent. Les acteurs de cet exploit sont convaincus que leur vie va changer à jamais. Et effectivement ce fut le cas, mais pas dans le sens espéré.
L’une des promeses a été faite par le Chef de l’État, le Président de la République et Chef des Armées. Il avait promis, au nom de la Nation, de recompenser ce groupe de Patriotes, qui se sont sacrifiés pour mettre le Cameroun au firmament. Il était question d’offrir à chaque joueur des commodités tels que le souvenir de l’exploit survive. Des villas leur avaient été promises.
Trente ans plus tard, Paul Biya s’en est souvenu. Comment ?
C’est le Collectif des Anciens Lions Indomptables (CALIF), qui de la plume de son président Bertin Ebwellé, sollicite le Chef de l’État dans une correspondance datée du 15 juin 2020, pour que se réalise le « don de Vingt-deux (22) logement SIC aux Lions Indomptables de cette campagne Italienne ». Il explique pourquoi le don ne s’était pas matérialisé :
« L’instance de la SIC avait fait diligence en demandant au département ministériel compétent de lui fournir la liste officielle des 22 Lions Indomptables concernés (…) En plus des 22 joueurs, de nombreuses autres personnalités ont été intégrées dans la liste signée du ministre des sports de l’époque, en tant que Lions Indomptables ou assimilés. Cette réponse a rendu impossible l’application de Votre décision ».
Avant de solliciter l’intervention de Paul Biya en personne pour corriger cette injustice :
« Trente ans après, nous nous permettons de revenir sur cet épisode et solliciter de votre haute Bienveillance l’application de cette mesure. Ce ne serait que justice, pour une génération qui a toujours porté haut le drapeau Camerounais ».
Paul Biya n’a pas pu résister à une demande si savamment exprimée.