Coup de tonnerre dans le ciel du football africain ce jeudi 16 mars 2017. L’inamovible président de la Confédération africaine de football (Caf) est tombé. Le Camerounais Issa Hayatou a été battu lors de l’assemblée générale élective de l’instance tenue à Addis-Abeba en Ethiopie, par le Malgache Hamad Hamad. Sur les 54 suffrages exprimés, seuls 20 ont été favorables au Camerounais ; et le reste à son challenger. Ce verdict qui est une surprise pour plusieurs observateurs du football africain, était envisageable.
C’est que depuis quelques années, Issa Hayatou n’est plus en odeur de sainteté avec certains membres du comité exécutif de la Caf. En plus de son état de santé très instable, sa longévité à la présidence de la Caf (29 ans), l’on reprochait également au désormais ancien président, son népotisme dans l’attribution de la phase finale de la Coupe d’Afrique des Nations seniors. Depuis 2012, la sous-région Afrique centrale d’où il est originaire a été retenue pour organiser la compétition trois fois sur quatre éditions. Et la quatrième aura lieu au Cameroun en 2019. Les arguments avancés pour battre en brèche ces accusations visant à le discréditer aux yeux de l’électorat, n’ont pas suffi pour lui permettre de s’offrir un huitième bail comme patron du football en Afrique.
Une victime de Gianni Infantino
Arrivé à la tête de la Fédération internationale de football association l’année dernière, Gianni Infantino s’est entre autres fixé pour objectif, d’écarter de son entourage, les membres du clan Blatter, son prédécesseur auquel appartenait Issa Hayatou (71 ans). Jérôme Valcke, l’ancien secrétaire général de la Fifa l’avait déjà appris à ses dépens. L’Italien Infantino, âgé de moins de 50 ans, ne cachait pas également son envie de voir émerger une nouvelle classe constituée de moins vieux pour gérer le football mondial. C’est sans doute dans cette optique qu’il a ouvertement proclamé son soutien pour Hamad Hamad (58 ans) lors de cette élection à la CAF.
Faiblesse de la diplomatie camerounaise
Depuis quelques années, l’on accuse la diplomatie camerounaise de n’être pas assez vivante. L’occasion de cette élection à la Caf est venue une fois de plus le confirmer. On ne l’a pas senti active dans le lobbying pour faire passer son compatriote. Rien ne peut d’ailleurs certifier que même les voix du Cameroun ont été accordées à Issa Hayatou ; d’autant plus que Tombi A Roko, président de la Fédération camerounaise de footballs (Fécafoot) veut ouvertement se rapprocher de Gianni Infantino qui aurait manoeuvré dans l’ombre.
Malgré sa déchéance, aucun africain de bonne foi ne peut nier à Issa Hayatou d’avoir lancé des réformes et de multiples chantiers pour donner un visage plus reluisant au football africain. On ne se serait pas attendu à moins, après 29 ans de pouvoir sans partage.
Gaël Tadj