Arrivé sur la pointe des pieds dans l’ombre de Pauleta ou de Sorin, Modeste M’Bami, 21 ans, est pourtant une des bonnes affaires de l’intersaison pour le PSG. Placé devant la défense, il assure parfaitement la récupération du ballon et entend encore progresser en club comme en sélection. Portrait.
Dans la promotion d’Eto’o et de Djemba
Son prénom donne déjà une indication: Modeste. M’bami n’est en effet pas du genre à tirer la couette à lui. Pour le milieu de terrain parisien, il n’existe qu’une seule valeur: le travail. C’est par celui-ci qu’on réussit à progresser et à s’imposer. C’est aussi grâce à celui-ci que le PSG va mieux qu’en début de saison. Un PSG au sein duquel Modeste M’Bami s’est imposé comme un élément-clé, le tout dans la discrétion qui le caractérise.
Dans les rues de Yaoundé, certains se rappellent du petit Modeste. C’est là, dans sa ville natale, qu’il a tapé pour la première fois dans le ballon et qu’il a appris à s’en servir comme beaucoup de jeunes Camerounais. Fort d’une bonne maitrise du cuir et d’un physique très correct, il ne tarde pas à se faire repérer et signe sa première licence dans le club de D2 de la Jeunesse Star de Yaoundé. Toutefois il ne s’y attarde pas puisque la Kadji Sport Academy, grand club formateur, le veut. Il ne peut refuser et intègre le centre de formation au sein duquel jouent déjà Eto’o, Djemba-Djemba ou encore Kameni. L’ancien sélectionneur camerounais Gweha Ikouam le prend même sous son aile et vante ses mérites. A 16 ans, il est engagé par le Dynamo Douala. Six mois plus tard, il débute en première division.
Convaincant en club puis en sélection
En mal d’argent pour assumer son statut d’aîné, Modeste est obligé de tenter sa chance à l’étranger pour percevoir un salaire. Même si ses essais aux Emirats échouent, il n’en reste pas là. Il est appelé pour la Coupe d’Afrique des Nations juniors au Ghana et pour la Coupe du Monde juniors au Nigeria. Sedan le repère lors de cette dernière. Ensuite, à l’été 2000, profitant d’une série de blessures, M’Bami prend part aux Jeux Olympiques. Et là se déroule une belle histoire comme seul le football en écrit parfois : lors de la demi-finale contre le Brésil, le Cameroun est réduit à neuf et dispute les prolongations. A dix minutes des tirs aux buts, alors que son équipe souffre pour maintenir l’égalité devant l’équipe de Ronaldinho, M’Bami inscrit, d’une splendide frappe à l’extérieur de la surface, le but en or qui envoie le Cameroun en finale de la compétition, qu’il gagnera ensuite contre l’Espagne.
Héros du pays, M’Bami surfe sur la vague du succés en répondant à l’offre de Sedan qui veut à tout prix ce jeune récupérateur doué d’une impeccable technique. A l’intersaison 2000, il a donc signé dans les Ardennes mais voit ses débuts retardés par l’aventure olympique. Finalement c’est quelques jours avant Noël (le 21 décembre) qu’il fait ses débuts en L1 à Rennes (0-2). Sans pause à l’intersaison, le jeune de 18 ans seulement est fatigué et a besoin de souffler et de prendre ses marques chez les Sangliers. Avec dix matches en championnat, il s’intègre petit à petit et confirme la saison suivante, disputant 24 rencontres de championnat. En récompense, il est appelé plusieurs fois sous le maillot du Cameroun A mais ne participe finalement ni à la CAN, ni à la Coupe du Monde en 2002. La consécration internationale n’est malgré tout que remise puisque, après une saison exemplaire en club (35 matches), il est sélectionné pour la coupe des Confédérations en France.
Rattrapé par Paris
Dans son pays d’adoption, il a à coeur de montrer son talent et le fait sans problème. Titulaire tout au long de la compétition (avec notamment un match exceptionnel contre le Brésil), il séduit les observateurs et se voit même nominé parmi les meilleurs joueurs de la compétition. Marqué par la mort de Foé, son compagnon à la récupération, il disputera tout de même la finale que la France remportera au but en or. Après cette aventure, vient le temps de s’occuper de son avenir : celui-ci n’est pas tout rose car Sedan a été relégué en L2 et doit vendre ses meilleurs éléments. Après plusieurs contacts en France (Sochaux et Lille notamment), le demi-défensif de 20 ans reçoit une offre de Wolverhampton, promu en Premiere League. A défaut d’autres offres concrètes, il se prépare à déménager outre-Manche sans trop de conviction. La visite médicale est passée, les journaux annoncent la signature comme officielle, mais… le PSG surgit.
Essien et Pedretti n’ayant pas répondu favorablement au club de la capitale, celui-ci rattrape in extremis M’Bami. Plus intéressé par l’enjeu sportif que financier, le Camerounais fait demi-tour et signe pour cinq ans à Paris. Sans vantardise aucune, il évoque de grandes ambitions : «je suis là pour gagner des titres» . En début de saison, placé à côté de Déhu, il a souffert comme toute son équipe, mais le replacement en défense de l’ancien Lensois a changé la donne. Avec Cana, il est devenu responsable de la récupération et forme un duo d’une vingtaine d’années de moyenne. Malgré une expérience toute relative, ce tandem discret tient bien la route et n’est pas pour rien dans la remontée parisienne vers les premières places. Cependant, il doit encore réduire son agressivité pusqu’il compte déjà douze cartons jaunes et deux rouges.
Dans une discrétion qui le caractérise assez bien, Modeste M’Bami impose petit à petit son style au sein du PSG, mais aussi en sélection. A la vingtaine tout juste passée, il entend encore progresser et définitivement s’imposer avant, pourquoi pas, de briller sur les terrains européens.
Nom: M’Bami
Prénom: Modeste
Âge: 21 ans
Date de naissance: 9 octobre 1982
Nationalité: Camerounaise
Taille: 1m72
Poids: 67kg
Poste: milieu de terrain
Club actuel: Paris Saint-Germain (2003-?)
Clubs précédents: Dynamo Douala, Cameroun (1999-2000), Sedan (2000-2003)
Sélections: 11 avec le Cameroun A.
Palmarès: Champion Olympique 2000, finaliste de la Coupe des Confédérations 2003.
Par Olivier Cothenet