Entre 1990 et 2002, le Cameroun s’est qualifié quatre fois de suite pour la Coupe du Monde de la FIFA™. Les Lions indomptables ont également remporté la Coupe d’Afrique des Nations de la CAF à deux reprises, en 2000 et 2002. Deuxièmes de leur groupe derrière la Côte d’Ivoire, c’est pourtant en tant que spectateurs qu’ils ont assisté à Allemagne 2006. Ils ont ensuite renoué avec la phase finale en 2010 et 2014, mais leur absence en Russie témoigne de la fragilité de la hiérarchie continentale en Afrique.
Pierre Womé appartient à cette génération exceptionnelle. L’ancien arrière gauche au tempérament offensif a réalisé l’essentiel de sa carrière en Italie et en Allemagne. Ses expériences en Serie A lui ont donné l’occasion de se perfectionner sur le plan défensif ; en Bundesliga, il a appris la rigueur tactique indispensable pour maîtriser les transitions offensives et défensives.
Pour FIFA.com, Womé se livre au jeu des comparaisons entre son équipe et cette nouvelle génération, qui espère renouer avec son glorieux passé. « C’est le jour et la nuit », lance-t-il. « Les temps ont changé et le football ne ressemble plus vraiment à celui que j’ai connu. Vingt ans se sont écoulés et les mentalités ont évolué. »
Souvenirs amers
Présent en phase finale entre 1990 et 2002, le Cameroun vise la passe de cinq au moment d’affronter la Côte d’Ivoire dans les qualifications pour Allemagne 2006. Mais ce choc au sommet marque en réalité l’aboutissement de deux dynamiques opposées : sous l’impulsion de joueurs comme Didier Drogba et Gervinho, les Éléphants abordent l’une des périodes les plus fastes de leur histoire.
L’avant-dernière journée de la compétition préliminaire voit le Cameroun se rendre à Abidjan pour un match à quitte ou double. Et, au terme d’une rencontre épique, les Lions Indomptables de Samuel Eto’o s’imposent 3-2. Les Camerounais savent alors qu’une victoire à domicile contre l’Égypte suffirait à assurer leur qualification. Les deux équipes sont toutefois à égalité (1-1) au début du temps additionnel.
C’est à ce moment que les locaux obtiennent un penalty. Dans les tribunes, les supporters se préparent à célébrer une cinquième participation consécutive à la Coupe du Monde. Eto’o est encore présent sur le terrain, mais Womé s’avance pour exécuter la sentence. Malheureusement, sa tentative file au ras du poteau et le match s’achève sans vainqueur. Les Ivoiriens ne laisseront pas passer l’occasion d’accéder enfin à la plus prestigieuse des compétitions. Au Cameroun, personne n’a oublié les images de Samuel Eto’o en larmes au coup de sifflet final.
« Ce match nous a coûté la qualification. Le football peut être cruel. Parfois, les choses tournent en votre faveur et d’autres fois, le sort s’acharne« , se souvient Womé 16 ans plus tard. « Mais je ne regrette rien. Si c’était à refaire, je referais exactement la même chose. Je ne suis pas du genre à fuir mes responsabilités« .
À l’issue de la partie, les supporters quittent le stade furieux et déçus. Pour eux, cette élimination est aussi inattendue que difficile à accepter. Dans les heures qui suivent, la maison de Womé est mise à sac par une foule en colère. Une situation difficile à vivre pour le principal intéressé. « La vie n’est pas toujours tendre avec nous. Ce sont des moments très difficiles« , admet le héros malheureux. « Quand on se retrouve dans de telles situations, il faut vite se tourner vers l’avenir et passer très vite à autre chose. Je n’arrêtais pas de me répéter que ces choses-là pouvaient arriver et qu’il fallait tourner la page« , insiste-t-il.
L’histoire se répète
Seize ans après, le Cameroun et la Côte d’Ivoire vont à nouveau croiser le fer, cette fois pour le compte des préliminaires de Qatar 2022. Les Éléphants font actuellement la course en tête, avec un point d’avance sur les Lions Indomptables. Les deux équipes ont rendez-vous le 16 novembre à Douala. Un point suffirait aux visiteurs pour s’assurer la première place du groupe, synonyme de qualification pour le troisième et dernier tour.
« Nous avons toutes nos chances, d’autant que ce match va avoir lieu chez nous. Je sais que nous allons tout faire pour gagner« , annonce un Womé optimiste. « Il faut prendre cette rencontre très au sérieux. Rien n’est impossible pour nous autres Camerounais, mais il va falloir se battre pour aller au Qatar« , conclut-il.