L’ancien arbitre de football, membre du bureau de la ligue régionale de football de l’Ouest, débarqué en 2013, se félicite de la mise en place d’un nouveau comité de normalisation à la fédération camerounaise de football (Fécafoot), mais pense que l’instance faitière du football mondial aurait dû commencer par le respect des décisions du Tribunal arbitral du sport (Tas) stricto sensu.
En mettant à nu la mauvaise gestion de ligue de l’Ouest sous l’ère Tombi, il esquisse également quelques axes qui devraient intéresser au premier degré l’équipe qui sera mise en place pour (re)normaliser le football camerounais.
Comment avez-vous accueilli la mise en place d’un nouveau comité de normalisation à la fédération camerounaise de football (Fécafoot) ?
Ça ne peut qu’être avec fierté, mais j’aurais souhaité que la Fifa dans sa décision, respecte la décision du tribunal arbitral du sport (Tas). En revenant sur l’exécutif de 2009, ça aurait été meilleur. D’emblée j’accueille la décision avec joie parce qu’il fallait que ceux qui ont occupé des responsabilités de manière illégale s’écartent. On ne peut pas être dans la guéguerre tous les jours, c’est bien qu’on revienne sur le comité de normalisation, mais je serais plus ravi si le comité de normalisation arrivait et mettait sur pied des textes qui pourraient permettre au football camerounais de repartir sur de nouvelles bases. Je parle exactement des textes pas partisans.
Quelle appréciation faites-vous du travail effectué par le premier comité de normalisation ?
Je crois que c’est un bilan d’échec parce que nous avons constaté que ces gens n’étaient pas là pour servir le football. On ne peut pas parler d’un comité de normalisation qui vient applaudir comme c’était le cas avec les gens de l’Ouest. Toutes les décisions qui étaient prises au niveau national et tout ce qui était fait par le comité Joseph Owona passait comme une lettre à la poste. Parce qu’après Yaoundé, il fallait que des gens donnent leur quitus à la base. A la base, personne ne pouvait rien dire le contraire parce que les gens sont là pour leur propre intérêt. Ils étaient pour travailler la mise en place de ceux viendront après eux.
Quel bilan faites-vous en tant qu’acteur du football, des deux années de règne du bureau exécutif de la ligue de football de l’Ouest, dirigé par Samuel Wembé ?
Je ne peux pas dire d’emblée que cet exécutif a été élu parce qu’il y a eu un hold-up. Je me rappelle à l’époque, faisant partie de ceux qui pouvaient même élire, ils ont commandité un certain De Pays qui, venant à l’Ouest m’a pris à partie. Ce qui fait que je n’étais même pas dans la salle. Ce ne sont pas des gens légales qui les ont élus, ils n’ont jamais été élus. Pour revenir au bilan, je me pose la question : depuis ce temps qu’ils étaient là, quelles équipes de l’Ouest a eu une promotion ? Quel arbitre a eu une promotion ? Les arbitres sont dans des arriérés terribles. Ceux qui sont là aujourd’hui prennent l’argent des arbitres pour leur propre compte. Les arbitres sont à mon bureau tous les jours pour se plaindre par rapport aux frustrations dont ils sont victimes. Et les gens jouent à la chauve-souris se disant que si le gouvernement venait à valider ceux-là, ils pourraient être là pour une longue durée. Mais ceux qui ont cru à un retour à la légalité savent que ceux-là en principe n’ont rien fait. De votre mémoire de journaliste, qu’est-ce qu’ils ont bien pu faire ? Rien ! Les gens étaient là pour assouvir à leurs propres besoins. Je veux aller plus. Quand vous regardez comment les gens tissent leurs choses, parce que ce sont des gens qui n’ont pas de personnalité, ils se laissent imposer des choses. Regardez un Samuel Wembé qui accepte qu’on parachute Géémi Njitap qui n’a jamais participé aux activités liées au football à l’Ouest. A quoi pensait-il en acceptant ce parachutage ? A cause de cela au niveau national (même si c’était des imposteurs), Samuel Wembé n’a pas pu entrer au bureau exécutif. Or sans Njitap, il serait peut être entré. Ils sont allés à Yaoundé faire la guéguerre et ils ont tout perdu. De toutes les places de vice-présidents, l’Ouest n’a rien eu. C’est un échec total, ça veut dire que des gens ne se défendent pas. Et tout ça avec le concours de quelqu’un qui tournait au fond, celui-là que l’on appelle secrétaire général de la ligue de football de l’Ouest (Philippe Tabopda, ndlr). Lui au centre de toutes ces choses-là, a manigancé à telle sorte que l’Ouest a perdu tous ces postes. Si jamais, ça avait été légal, l’Ouest serait sortie perdante, puisque non représentée au niveau de l’exécutif national.
S’il arrivait que vous soyez coopté dans ce comité de normalisation, quelles seraient vos priorités ?
Comme je l’ai dit plus haut, la priorité c’est de revenir à l’exécutif de 2009, à revenir sur ceux qui avaient l’onction pour diriger. Et que ce soit ceux-là qui choisissent ceux qui vont revenir. Ce sera l’idéal. L’autre priorité ce sont les textes, parce que s’il y a des textes qui n’écartent personne, des textes qui intègrent ceux qu’on doit intégrer, je crois que les gens seront satisfaits de partir sur de nouvelles bases. A titre d’exemple, les corps de métiers (arbitres, les entraineurs, les joueurs…) ont été mis à l’écart. C’est une incongruité que ces corps de métiers aient été recalés pendant les élections qui ont porté aux affaires le bureau récemment déchu, au niveau départemental et régional, mais admis au niveau national. D’où sortaient-ils pour se retrouver au niveau national ? Les choses biaisées à la base. Il y a aussi ce problème de gens qui ont plusieurs clubs, mais qui ne fonctionnent pas au quotidien. Des gens multiplient des équipes pour revenir le lendemain se faire élire pour se servir. La priorité du nouveau comité de normalisation doit être les textes, bannir ces équipes fictives, revenir à l’exécutif de 2009 et donner quitus que ses puissent prendre part aux élections.
Interview réalisée par Gaël Tadj