Le sélectionneur des Lions U-23 n’est pas tendre envers des présidents de clubs qui lui font pression au moment où il a commencé le stage préparatoire au match retour contre le Zimbabwe qui aura lieu le 12 avril prochain au stade Ahmadou Ahidjo de Yaoundé. Il fait une analyse du match aller et reste optimiste pour la qualification à ce match retour. Interview.
Comment se passe cette reprise de la préparation pour le match retour contre le Zimbabwe ?
Nous avons repris les entraînements ce matin et la plupart des convoqués sont là. Nous avons pu tenir une réunion avec la Fécafoot immédiatement dès notre retour à Yaoundé et on a pris un certains nombre de résolutions ; entre autres nous avons de commun accord décidé de faire venir à temps les joueurs de Coton sport ainsi que nos professionnels qui évoluent en Europe. Des invitations ont été faites et d’un moment à l’autre les joueurs sont attendus. Je pense que si cet effectif est là, ajouté à la base que nous avons pu constituer et connaissant mieux l’adversaire, il y a lieu d’avoir espoir.
Que prévoit votre programme de préparation jusqu’au match ?
Nous serons basés ici au centre technique de la Fécafoot, le temps que cela sera utile. On a le terrain à côté, on a le dortoir et on a amélioré quelque peu les conditions de vie avec le ravitaillement en eau. Quand les autres arriveront, on pourra déjà se rapprocher du stade Omnisports, là où le match va se jouer. On pourra travailler sur cette pelouse la dernière semaine avant le match. Pour le moment nous travaillons deux fois par jour ; On aura en fin de chaque semaine soit des matchs amicaux, soit on laisse les joueurs aller disputer le championnat avec leurs équipes respectives pour avoir la compétition dans les jambes. Et là, ils reviennent dimanche soir et on reprend les entraînements lundi matin.
Qu’est-ce qui n’a pas marché lors de ce match aller ?
Je crois que nous avons donné assez de temps de jeu à cette équipe du Zimbabwe. On ne l’a pas pressé, parce que nous l’avons trop respectée. On a pensé qu’avec les multiples péripéties du voyage avec deux nuits passé à l’aéroport dans des conditions difficiles, il fallait être prudent. Malheureusement, cette prudence nous a fait subir un peu le match et c’est à ce moment qu’on a pris ce but qui est resté jusqu’à la fin du match. Pourtant on méritait largement de revenir au score et même faire la différence. Nous avons pourtant dominé toute la deuxième mi-temps. Ensuite, notre équipe a acquis sa première expérience internationale avec ce match, parce que la plupart des joueurs étaient à leur premier rendez-vous de cette nature. En plus, le casting qu’on aurait dû avoir n’a pas été fait. Maintenant que la majorité des joueurs sera là, je crois qu’on pourra faire la différence. Nous avons aussi pu découvrir que nous avons le niveau malgré nos difficultés. Nous avons utilisé le peu de temps qui a été mis à notre disposition a été utilisé à bon escient. L’équipe commence à être homogène et je pense réellement qu’une équipe est née au Zimbabwe. Il s’agit maintenant d’être un peu plus audacieux, plus entreprenant, prendre le match à notre compte, jouer beaucoup en profondeur et essayer de bloquer les ailes, parce que c’est le point fort de l’équipe adverse.
Pourquoi ne parlez-vous pas toujours de matchs internationaux amicaux ?
Vous êtes sans ignorer que j’ai demandé des stages pendant un an sans les avoir ; je ne sais pas trop pourquoi. Pourtant, toutes les autres sélections ont eu des stages. Peut-être que je gêne les gens ou que l’équipe a été négligée. Je me suis dit que le peu de temps qu’on me donne, même si c’est deux jours, je vais donner le maximum de moi-même et c’est ce qui a été fait. Je crois que cette question devrait être posée à qui de droit pour comprendre pourquoi cette équipe n’est pas entrée en stage à temps et pourquoi elle n’a pas eu des matchs amicaux. Si c’est un problème financier, pourquoi nous n’avons pas eu de matchs amicaux à domicile. Le problème, je crois, il est ailleurs et ceux qui sont en charge d’organiser tout cela le savent bien. On est pourtant appelé sur plusieurs fronts cette année : les Jeux africains, les Jeux olympiques, le Chan des U-23. Je ne comprends pas ; il n’y a qu’à moi que cela arrive. Chaque fois que je suis au front, il ya toujours ce genre de situation.
Avec tout ce que vous avez vécu sur le trajet pour arriver au Zimbabwe, quel discours avez-vous tenu aux joueurs avant le match ?
Je suis avant tout aussi un homme. Je me suis dit qu’en tant que capitaine du bateau, si je montre que j’ai des problèmes, le navire va couler. Il a fallu que je sois d’abord au-dessus de ces problèmes. Ensuite, il a fallu aller chercher le mot juste pour que les joueurs soient moralement frais le jour du match. C’est par exemple dire aux joueurs ; c’est la porte qui s’ouvre à vous, prenez votre chance. Si vous la perdez maintenant, vous allez revenir au point de départ. Alors cassez la baraque ! C’est ce genre de discours qu’on tient.
Quels sont les compartiments sur lesquels vous comptez travailler ?
C’est surtout sur le plan offensif. Sur les flancs il n’y a pas eu beaucoup d’animation. Ensuite le milieu de terrain. La défense a donné des assurances y compris le gardien de buts. Maintenant, si on a les joueurs de Coton sport et ceux qui viennent de l’extérieur, en les mettant ensemble et en travaillant pendant les deux semaines qui nous restent, je crois qu’on peut faire quelque chose.
Vous avez aussi créé la surprise au niveau du gardien de buts et ça fait débat …
Ce n’est pas une surprise. Lionel Ndjomo n’est pas Centrafricain. Il est Camerounais au même titre que Sylvain Abogo. Cela signifie que tout le monde doit avoir sa chance. Abogo a eu sa chance ; il faudrait que quelqu’un d’autre, peut-être pas Ndjomo ait la sienne un jour. Les gens ont tôt fait d’oublier que Lionel Ndjomo a été l’homme du match de la finale de la Coupe du Cameroun en 2012. C’est normal qu’après deux ans il soit à ce niveau. Par contre, Pierre Abogo a été à l’équipe première. Mais, qu’est-ce qu’il a prouvé avant ? Tout le monde est satisfait de la prestation de Lionel Ndjomo Ndjana. Il a fait un match digne des attentes de tous. Maintenant, ce sont deux jeunes gardiens de buts qu’il faut suivre. Il ne faut pas aduler l’un au détriment de l’autre. Les deux doivent travailler ensemble et que le jour-j, le public laisse l’entraîneur faire un choix. Ce n’est pas le public qui décide. C’est l’entraîneur qui décide du choix du joueur, parce qu’à la fin on ne chassera pas le public ; on chassera l’entraîneur, parce qu’il est le responsable technique de cette équipe. Que les présidents de clubs cessent de venir démarcher, pleurnicher et aller dans les bars insulter le coach. Ça ne sert à rien. Je m’en fous de ce qu’ils peuvent raconter, parce qu’eux aussi ont des problèmes.
Entretien mené par Antoine Tella à Yaoundé