Désigné par décret présidentiel patron du Comité local d’organisation de la Can féminine 2016 (Cochan), le premier ministre est aujourd’hui, au regard du retard accusé dans les travaux de rénovation des stades devant abriter cette compétition, subjugué entre les inquiétudes des populations du pays hôte et les assurances des ingénieurs qui jurent que les chantiers seront livrés à date.
« Je suis venu, j’ai vu…mais j’ai de la peine à être convaincu ». Le tour du propriétaire effectuée mardi par le PM lui a au moins permis de comprendre que le fossé entre les belles promesses des entrepreneurs largement relayées dans les médias et la réalité sur le terrain, est bien grand. Le retard constaté dans les travaux de rénovation des différents stades laisse penser que le Cameroun ne sera jamais prêt pour accueillir ce grand événement dont le Premier ministre en est le chef d’orchestre. Sur le terrain, les experts rassurent mais la CAN approche à grands pas. Du coup, Philémon Yang qui a pour mission « d’assurer la bonne organisation du championnat d’Afrique de football féminin 2016, en collaboration avec la commission d’organisation du championnat mise en place par la Confédération africaine de football, conformément au cahier des charges y relatif », se berce dans le même temps de cette assertion qui dit qu’« impossible n’est pas camerounais ». Or, il reste encore beaucoup à faire avant septembre prochain. Et en bon Chef, l’homme doit s’assurer de la qualité des installations de toute nature à mettre à la disposition des délégations attendues sous le ciel de Yaoundé. Sinon, bienvenue au flop !
Pessimisme
On pourrait assimiler le stade Omnisport Ahmadou Ahidjo à un éléphant blanc au regard de l’immensité des travaux non encore effectués. L’heure n’est pas à l’optimisme total en ce qui concerne les préparatifs de la prochaine CAN. Ici, on fait de la soudure industrielle ; là on tourne du béton pendant qu’un peu plus loin on fait hisser la charpente ou encore à la pose des sièges dans les gradins. C’est un peu un fourre-tout où chaque entreprise détentrice d’un Lot, tente de faire du mieux qu’il peut pour sauver sa cagnotte.
Contrairement au stade militaire où les ouvriers travaillent de jour et nuit, la métamorphose de la cuvette de Mfandena piétine. Le taux d’avancement est d’environ 45% au niveau de l’ensemble des entreprises sur le site. Et rendu à ce jour, le chef de mission est convaincu que l’infrastructure rénovée sera livré à échéance c’est-à-dire avant la compétition. L’homme veut bien croire que la mobilisation des différentes entreprises concernées doublées de l’ardeur au travail dont font montre les ouvriers, le pire sera évité.
Si au stade omnisport de Limbé, les travaux d’aménagement des voies d’accès ne sont plus un casse-tête, l’épais brouillard qui enveloppe le stade militaire, le stade Omnisports Ahmadou Ahidjo et ses deux annexes constituent une raison suffisante pour que le Premier ministre perde le sommeil. Lui qui pilote un Comité local d’organisation subdivisé en comité de supervision, comité central d’organisation et des comités de site. Le comité de supervision est composé de différentes entités de l’appareil politico-sportif, dont les responsables sont les membres. On y dénombre une pléiade de ministres avec en prime celui en charge des sports. Le président de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot) et celui du Comité national olympique et sportif du Cameroun (Cnosc) ne sont pas en reste.
Vers un bricolage à la camerounaise
On se souvient qu’une centaine de jours se sont écoulés après le délai (de 75 jours) donné par le Secrétaire général des services du Premier ministre aux entreprises pour rattraper les retards qu’accusent les travaux. Cette descente sur le terrain lui a permis de se faire sa propre idée sur l’état d’avancement des travaux.
Six mois, si loin, si proche. S’achemine-t-on vers une série de saupoudrage, replâtrages et de bricolage à la camerounaise ? La question en tout cas, reste celle de savoir ce que fera Philémon Yang des entreprises qui trainent encore le pas. Lors du Conseil de Cabinet sus évoque, Bidoung Mkpatt avait lui-même reconnu qu’il y a encore des retards: «Le ministre des Sports et de l’éducation physique a indiqué qu’à date, plusieurs entreprises affichent des taux de réalisation globalement satisfaisants et livreront leurs chantiers dans les délais. D’autres, en revanche, ont un rendement mitigé, tandis qu’une dernière catégorie accuse des retards», indiquait le communiqué final. Just wait !
Christou DOUBENA