Avant l’arrivée de Paul Le Guen à la barre des Lions Indomptables, la qualification du Cameroun à la Coupe du Monde 2010 était fortement compromise. Dernier de son groupe après deux journées, l’équipe qui avait pourtant survolé les deux premiers tours des qualifications était à la peine.
Son arrivée, sous haute instruction de la présidence, a donné un bol d’air frais à l’équipe. Ne mesurant pas l’étendue de la proximité de tout le Cameroun avec son équipe nationale, ses premiers pas à Yaoundé vont lui faire comprendre l’immensité de sa mission. Il a en effet été reçu comme un ministre d’un gouvernement étranger en mission au Cameroun.
Une de ses premières décisions a été de se trouver un nouveau capitaine ; comme pour marquer son empreinte et faire comprendre que les choses ne seront plus comme avant. Samuel Eto’o sera donc intronisé. La suite, on la connait. Quatre victoires consécutives et première place du groupe assurée. La mission est donc bien remplie et le contrat sera reconduit jusqu’après la Coupe du Monde.
La coupe d’Afrique des nations sera mal négociée principalement en raison d’une préparation très en dessous de ce dont on est en droit d’attendre d’une compétition de cette envergure. Le sélectionneur ne jugeant pas intéressant un stage en longueur a décidé de le raccourcir. De deux semaines comme c’est souvent le cas, Le Guen n’a choisi d’en faire qu’une et n’a logiquement pas eu le temps matériel de passer en revue sa troupe. On prend logiquement de l’eau face aux Gabonais qui voulaient venger leur double échec quelques mois auparavant. La défense se perce, le milieu de terrain ne répond pas, ni l’attaque. La rue réclame des têtes. D’abord réticent, Paul Le Guen va avoir affaire à une presse qui veut des réponses. Il se résout à faire tomber des têtes et lance un grand chantier de rénovation.
De retour d’Angola, on se serait attendu à ce que le technicien fasse le tour des stades, comme tous les autres sélectionneurs du monde entier, pour superviser les joueurs camerounais. Il n’a ni la volonté, ni la possibilité puisqu’un contrat en béton le lit à Canal Plus, ce qui est hautement préjudiciable aux Lions Indomptables.
Son absence il y a quelques jours en Afrique du Sud, alors que tous les sélectionneurs étaient attendus, illustre la légèreté avec laquelle il « gère » son rôle de sélectionneur. La raison ? L’analyse des matchs du championnat anglais avec Canal Plus. Outre lui, seul Diego Armando Maradona était absent en raison de la suspension que lui avait infligée la FIFA.
Le problème est que personne, que ce soit le ministre des sports ou le président de la fédération, n’a l’autorité de le recadrer, puisqu’un blanc-seing lui a été accordé au départ. Et en plus, le français semble bénéficier, même si c’est à son insu, de solides appuis à la Présidence. La raison en est simple : ne faire aucune vague qui pourrait empêcher une prestation plus qu’honorable à la Coupe du Monde, question de ne pas perturber le calendrier électoral qui s’annonce. Même le groupe de gesticulateurs, qui voulait faire de Buffalo le fief des Lions Indomptables en Afrique du Sud, et qui était prêt à « arroser » tout le monde financièrement n’a pu les faire dévier de leur ligne de conduite.
Que faire donc ? Là réside tout le problème. Le Guen a « ses » certitudes, immuables et son vécu indique qu’il s’y tient, sans déviation aucune, avec tout ce que cela signifie.
Les Lions ont la capacité d’aligner une équipe digne et conquérante en Afrique du Sud. Pour ce faire, les meilleurs éléments qui ont eu le temps nécessaire pour développer les automatismes, doivent être présents et alignés. Paul Le Guen se doit de bouger, de trouver une façon de se libérer, même de façon provisoire de son contrat avec Canal Plus. Non loin de Paris où il réside plusieurs jeunes joueurs sont à superviser. Il est encore temps d’agir.