Aucun hommage n’a été rendu à l’emblématique Lion indomptable cet après midi au stade omnisport Ahmadou Ahidjo lors de la 58e finale de la Coupe du Cameroun qui a consacré New stars de Douala, vainqueur d’Ums de Loum (1-0).
Au-delà de l’euphorie qui a envahi les rangs de New stars de Douala, le nouveau détenteur de la Coupe du Cameroun, il y’a une attitude inconcevable qui continue de choquer les nombreux fans des Lions indomptables notamment ceux qui vouent une admiration sans bornes pour les félins de l’épopée glorieuse de 1990 au Mondial italien. Le hasard de calendrier a voulu que Benjamin Massing qui appartenait à cette cuvée, tire sa révérence un jour de finale de la Coupe du Cameroun présidé par le Chef de l’Etat en personne. Mais au lieu qu’un hommage, ne fusse que symbolique soit rendu à l’illustre défunt, c’est encore et toujours l’apologie du premier sportif camerounais qui a cristallisé les attentions. Des posters géants pavoisant toutes les allées du stade, des tenues floqués de son effigie par là ; des chants de louange à l’honneur de ses œuvres et de son incroyable longévité au pouvoir… Le champion du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) qu’on a célébré comme un dieu, n’a pas hélas, songé à instruire qu’au moins une minute de silence soit accordée pour saluer la mémoire de ce héros.
Le Cameroun écrit son histoire avec la gomme
Ni les clubs pour un simple bandeau autour du bras des joueurs comme on l’observe souvent ailleurs. Ni l’organisation pour un portrait du joueur brandi avant le coup d’envoi. Rien ! Personne n’a pensé à Massing. Fidèle à son habitude, le régime Biya ne sait pas célébrer ses légendes et ses martyrs de leur vivant comme à leur mort. Et cela date de mathusalem. N’est-ce pas pour avoir voulu défendre les intérêts des populations « indigènes », notamment l’opposition à une expropriation sauvage des terres des Doualas par les Allemands dans les années 50, nos héros avaient été accusés de « haute trahison » et pendus sur la place publique au terme d’un simulacre de procès où l’accusation était juge et partie ?
Quelques années après ces pionniers du nationalisme camerounais, d’autres compatriotes aussi illustres et nobles, comme leurs ascendants, ont pris leur courage à deux mains pour dénoncer, puis, lutter contre l’impérialisme occidental. Résultat de course : Ruben Um Nyobe, Félix Roland Moumie, Ernest Ouandie, Ossende Afana, Abel Kingue et les autres milliers d’anonymes ont été massacrés par les forces colonisatrices françaises avec l’appui de leurs suppôts qu’ils ont pris soin de placer au pouvoir au moment où le Cameroun accédait à la souveraineté internationale. Confirmant ce qu’on dit de ce pays qui efface son histoire avec la gomme… Insoutenable !
C.D.