« Je vais essayer de mélanger les deux objectifs. Si on peut gagner la finale et que je marque encore trois ou quatre buts, je serais l’homme le plus heureux du monde. Je ne peux pas cacher que je suis intéressé par ce record. Mais je ne vais pas me transformer en un attaquant égoïste qui ne regardera que son intérêt personnel… »
Comment avez-vous vécu les péripéties qui ont précédé votre retour en sélection nationale ?
J’ai vécu ça très difficilement. Mais j’ai essayé de prendre du recul en acceptant dans un premier temps de ne pas être sélectionné puis en étant en marge du football national pendant un moment. J’ai eu la très agréables surprise d’être rappelé en sélection nationale et cela m’a permis d’oublier tous les moments difficiles que je dû vivre. Il y a eu de nombreuses interrogations de la part des gens qui voulaient que je me prononce dans la négative, mais je n’ai pas voulu. Bien m’en a pris, puisque j’ai été rappelé. Je savoure l’instant présent.
Deux matches joués et déjà quatre buts marqués. Quelle est l’ambition qui vous anime ?
Mon ambition est de continuer à marquer des buts pour gagner des matches et surtout cette compétition. Le premier objectif, bien avant le début de la compétition, c’est de ramener le trophée pour la cinquième fois au Cameroun. Si en plus, je peux avoir la cerise sur le gâteau en terminant meilleur buteur, je serai content mais ce n’est pas là ma priorité.
Vous êtes à trois buts du record détenu par Laurent Pokou de Côte d’Ivoire qui est de 14 buts pour l’ensemble des CAN disputées. Avez-vous l’ambition d’égaler ou de battre ce record ?
Je vais essayer de mélanger les deux objectifs. Si on peut gagner la finale et que je marque encore trois ou quatre buts, je serais l’homme le plus heureux du monde. Je ne peux pas cacher que je suis intéressé par ce record. Mais je ne vais pas me transformer en un attaquant égoïste qui ne regardera que son intérêt personnel. Mon ambition ne va pas primer sur l’attente des millions de personnes qui veulent un trophée et non un record personnel.
Votre expression sur le terrain est assez impressionnante. Peut-on savoir ce qui vous motive ?
Je porte un uniforme vert, rouge, jaune. C’est le plus grand soutien que je me porte à moi-même. Et c’est un immense honneur. Je suis peut-être plus transcendé sous ces couleurs que quand je porte le maillot d’un club. J’ai également eu la chance de marquer mon empreinte en marquant des buts. Aujourd’hui, ce n’est que la continuité de ce que j’ai toujours fait depuis des années que je suis en équipe nationale.
Peut-on savoir quelle est l’ambiance en ce moment au sein l’équipe ?
L’ambiance est bonne. Elle est bonne comme quand nous avons l’habitude d’aller jusqu’au bout. Des bruits ont circulé mais le seul vrai problème c’est qu’il y a eu des vols dans les chambres. Mais ça, ce n’est pas un problème de groupe. Nous avons fait un nul au premier match, nous avons gagné le second. C’est un progrès. Nous avons pris des buts, nous essayerons de ne plus en prendre. Nous en avons marqué beaucoup. Nous essayerons d’en marquer encore et toujours. Cela ne sera pas facile. Puisque tout le monde regarde dans le même sens et que l’ambiance est bonne, ajouté à cela la qualité, la confiance et la cohésion du groupe, je suis très confiant pour la suite.
A vous entendre vous êtes très déterminé. Pensez-vous que cette même détermination est présente dans toute l’équipe ?
Oui ! C’est vrai, au départ, j’avais l’impression que seule une partie de l’équipe croyait vraiment en la victoire finale. Aujourd’hui, ce qui me fait le plus plaisir, c’est que tout le monde est imprégné de cet objectif, tout le monde est confiant dans le potentiel dont dispose l’équipe. C’est là le plus important. Parce que ce sont les joueurs qui doivent les premiers croire en nos chances.
Vous jouez mardi prochain un match capital contre l’Egypte. Comment est-ce que vous entrevoyez cette rencontre ?
Il n’y a pas de pression particulière quand au fait qu’on doive gagner le dernier match. Gagner le dernier match signifie simplement finir en tête du groupe, ce qui a toujours été l’ambition du Cameroun. Nous iront à ce match avec le même état d’esprit. Nous sommes en tête du groupe et on nous met des doutes sur les épaules. Je ne pense pas qu’il y ait à s’inquiéter tout comme il n’y aura pas à s’inquiéter dans les tours suivants. On ne peut pas être sûr d’aller jusqu’au bout mais c’est pas l’inquiétude qui empêchera les éventuels chagrins d’un retour prématuré à la maison. Nous allons jouer normalement, en essayant de progresser et de faire en sorte que notre chemin se termine le 14 février par une victoire.
Si le Cameroun passe au second tour, quel est l’adversaire que vous ne souhaitez pas rencontrer ?
Je ne fais pas cas de qui je vais rencontrer. L’important pour moi c’est de gagner. Plus ce sera difficile, plus ce sera méritant d’aller jusqu’au bout. Comme c’est partie, on a plus de chance d’avoir le Nigeria. Tant pis pour eux.
Après la CAN que fera Patrick ?
En 2000, j’ai été élu meilleur joueur et paradoxalement à partir de ce moment on m’a toujours parlé de ma retraite. Cela m’ennuie. Je sais de toute évidence que plus je joue, plus je m’approche de la sortie. Mais cette compétition est tellement importante à mes yeux qu’il n’y a qu’en la gagnant que je peux effacer la déception de la dernière Coupe du monde qui est l’une des plus grande déception de ma vie. Pour l’instant je me focalise sur la Coupe d’Afrique des nations. Aujourd’hui je ne pense qu’à jouer. Je me fais plaisir sur le terrain. On ne peut pas se faire plaisir et refuser ce plaisir. Tout ce que je peux dire c’est que je ne jouerais pas la Coupe du monde 2010, mais je ne peux pas dire quel est mon avenir.
Jean-Jacques Mouandjo et Martin Etonge à Sousse