La terre de Ngousso s’est refermée ce jour sur le jeune international camerounais décédé le 06 mai dernier à Bucarest. La cérémonie funéraire a eu lieu en présence de Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt, représentant personnel du Chef de l’Etat et d’une délégation du Bureau exécutif de la Fédération camerounaise de football (Fécafoot).
Alexandre Song est assis dans un des couloirs de la maison où est exposé dans la pièce principale, le corps sans vie d’Ekeng Ekeng. L’international camerounais évoluant à West Ham qui a recouvert ses yeux embués de larmes à l’aide de sa casquette grise, est inconsolable. Malgré les mots d’encouragement et de réconfort adressés par ses amis au premier rang desquels, le frère aîné du disparu, l’ancien Gunner a du mal à stopper le flot de ses larmes. Pour lui, Ekeng était plus qu’un ami, c’était un frère. Dans une salle attenante, la veuve, tout de blanc vêtue, a reposé sa tête sur les cuisses de son papa, l’Honorable Ombédé, qui essaye de la réconforter en lui faisant quelques petites tapes sur l’épaule. Nathalie Ekeng qu’on appelle affectueusement « Popina » ne pleure plus. Sa douleur et sa peine sont si grands qu’elle a décidé de contempler sans mot dire, le cercueil dans lequel repose son amour d’époux, vêtu de son dernier costume sur mesure. A le regarder de près, on dirait que le milieu de terrain du Dinamo Bucarest sourit. Ce sourire qui mettait la joie dans les cœurs de ses amis et proches. Cette douloureuse épreuve, Popina la vit comme un film… comme un rêve. Elle qui porte en son sein, le deuxième bébé de l’international camerounais trois ans après Kim, la fille aînée.
La mort n’est pas une fatalité
Ce 15 mai 2015, c’est pratiquement tous les jeunes du quartier Ngousso situé dans l’arrondissement de Yaoundé 5 qui porte le deuil de celui qu’ils ont surnommé « Patou ». Ils sont tous venus accompagner à sa dernière demeure, le célèbre dossard 14 des Lions indomptables décédé tragiquement le 06 mai dernier lors d’une rencontre de première division du championnat Roumain. Consternation, émotion, douleur et choc ponctuent la célébration inter religieuse prévue pour la circonstance avant la mise sous terre du jeune footballeur. Des différents « homme de Dieu » qui se succèdent, l’on retiendra que la mort n’est pas une fatalité mais « le chemin que tout homme sur terre doit emprunter un jour ou l’autre ». Pour être plus explicite sur le sujet, les orateurs s’inspirent des références bibliques à l’instar du message de Saint Paul aux Théssaloniciens: « Frères, nous ne voulons pas vous laisser dans l’ignorance au sujet de ceux qui se sont endormis dans la mort ; il ne faut pas que vous soyez abattus comme les autres qui n’ont pas d’espérance. Jésus, nous le croyons, est mort et ressuscité ; de même, nous le croyons, ceux qui se sont endormis, Dieu, à cause de Jésus, les emmènera avec son Fils. Ainsi, nous serons pour toujours avec le Seigneur», y lit-on.
Le pasteur célébrant de l’Eglise évangélique du Cameroun va s’inspirer du Livre de la sagesse pour expliquer à la famille, aux amis et aux proches si durement éprouvés que Patrick a rejoint la félicité céleste. Car, explique-t-il, « Dieu a créé l’homme pour une existence impérissable, il a fait de lui une image de ce qu’il est en lui-même. La vie des justes est dans la main de Dieu, aucun tourment n’a de prise sur eux. Ce qu’ils ont eu à souffrir était peu de chose auprès du bonheur dont ils seront comblés, car Dieu les a mis à l’épreuve et les a reconnus dignes de lui».
La mère du défunt pleure un fils aimant et aimé, un héros, un talent, un génie qui a su la rendre fière. « Personne sur cette terre ne pouvait arracher mon fils à la vie. Dieu seul en est capable. Il a fait. Qu’il en soit ainsi. Je suis sa servante ; je me sens honorée ; je ne peux que m’incliner », confie Cécile Ekeng.
Les morts ne sont pas morts
L’honorable Koah Luc, s’exprimant au nom de la Fécafoot, adresse les condoléances à la famille, revient sur le parcours élogieux du joueur avant de convoquer Birago Diop qui dit que « les morts ne sont pas morts. Ils continuent de vivre avec nous ».
Joseph Ekeng Bilong, le chef de famille remercie le Chef de l’Etat représenté personnellement par Pierre Ismaël Bidoung Mkpatt pour son implication dans l’organisation des obsèques. L’homme encourage sa belle fille (Popina) à surmonter cette épreuve mais aussi à se sentir chez elle. « Cette maison, c’est la tienne, sens-toi chez toi », rassure-t-il, non sans dire toute sa gratitude au patron des Sports pour ses nombreux conseils de la veille. « On en reparlera après la neuvaine », lâche-t-il. De quoi calmer la tension, ne fusse que le temps des obsèques-au sein de cette famille visiblement en lambeaux depuis la disparition tragique de Patrick Ekeng.
Christou DOUBENA