Samuel Eto’o peut certainement se rejouir de l’investissement qu’il a fait sur les jeunes à un moment de sa carrière. Prendre la décision de miser sur des jeunes gosses qui n’avaient que le rêve de devenir footballeur, prendre en charge leur vie de façon totale, il fallait de l’audace. Et ces enfants se sont mis au travail. La première mouture a donné des joueurs qui apprennent à s’insérer dans différents clubs européens à l’instar de Gaël Etock, qui s”est exilé à Londres et est aujourd’hui à Bruges pour poursuivre son apprentissage. À posteriori, il verra si la décision fut fondamentale pour son avenir.
Deux jeunes de la fondation Eto’o attirent la curiosité depuis quelques semaines. Les deux réalisations de Dongou contre le club polonais de Lechia Gdansk, et son autre but contre Santos ce vendredi ont mis l’international camerounais sous les feux de la rampe. Et le jeune Bagnack, technique comme pas un, apprend le dur métier d’arrière axial d’une équipe portée vers l’avant. Mieux que leur performance, il y a la manière avec laquelle ces juniors arriment leur mental, pour rester au top, pour pouvoir réussir des performances magiques avec des joueurs plus expérimentés.
Il faudra aussi que les entraîneurs des différentes sélections jeunes du Cameroun expliquent pourquoi, année après année, ils ont refusé de sélectionner ces joueurs. Est-il possible de se tromper à ce point? Quand en 2011, le Cameroun participe à la coupe du monde des cadets en Colombie, Ndtoungou Mpile a choisi d’emmener avec lui une sélection hétéroclite de joueurs n’ayant aucune complémentarité, et a réussi le pari de faire rentrer au Cameroun son meilleur buteur du stage. Dongou, Olinga et bien d’autres jeunes talentueux, auraient tous encore pu aider cette équipe à atteindre des sommets. On se rappelle donc des résultats.
L’équipe nationale du Cameroun a désormais la possibilité de faire le choix de cette jeunesse qui monte. Avec un programme bien ficellé, une vision à moyen terme, les Lions Indomptables peuvent redevenir une équipe conquérante si les dirigeants acceptent de rebâtir ses fondations, à l’instar de plusieurs autres pays, le Brésil, l’Allemagne, le Nigéria, le Ghana. Il faut faire confiance à sa jeunesse, mettre en place une politique aggressive pour naturaliser ses jeunes de la diaspora, à l’instar de Umtiti, Axel Ngando, Bayebeck, etc. Et cette mission pourrait être confiée à Rigobert Song Bahanak, le capitaine emblématique qui dispose d’un bon aura à l’international.
Il est aussi urgent de refonder la structure de la formation des jeunes joueurs au Cameroun. Si les jeunes de la Fondation Eto’o peuvent désormais prétendre jouer dans n’importe quelle équipe au monde, c’est bien parce qu’ils ont été formé de manière impeccable, bénéficiant des structures appropriées et des formateurs de qualité. Si on fait cette même projection au Cameroun, on peut faire le constat que nous sommes à des années-lumière de cette “normalité”. Aucune disposition n’encadre cette pratique. Des écoles naissent sans aucune structure, sans encadreur formé, et le milieu est infesté de “petits débrouillards” qui vivent des paiements qu’ils reclament aux parents des jeunes footballeurs.
Il y a donc urgence que le Comité de Normalisation de la Fécafoot puisse se pencher sur cet autre dossier puisque la formation est seule garante de l’avenir. Bien entendu, les milliers de promotteurs vont farouchement s’y opposer, mais il est urgent de s’y attaquer. L’avenir du football camerounais en depend et avec, l’activité économique qui va en découler.
JC Mimb