Le refus sec opposé par Samuel Eto’o Fils à sa re-sélection en équipe nationale pour le dernier match qualificatif à la Coupe d’Afrique des nations édition 2013 contre le Cap-Vert, marque un tournant décisif dans la gestion à venir des Lions Indomptables.Oui ou non allons-nous accepter que l’amateurisme, l’improvisation, les complots d’arrière garde et la fuite en avant perpétuelle régissent à jamais notre football?
Pour commencer, tuons d’emblée la polémique. Ce gros mal qui agite les camerounais et les range en pro et contre Eto’o. Entre ceux qui applaudiront et parleront de bon débarras et ceux qui soutiendront mordicus la décision de leur icône en espérant que les choses vont bouger autrement, il y a un manichéisme de mauvais aloi qui n’arrange en rien les choses. Ce qu’il importe de savoir, c’est qu’à contre courant des desiderata de quelques uns et même des certitudes de puissance qu’ils affichent, les choses peuvent ne pas se passer à leur convenance. Simplement par son refus et au-delà de sa personne, Samuel Eto’o Fils pose un vieux problème. Jusqu’à quand va-t-on subir le diktat d’une bande d’irresponsables qui réduisent le football camerounais à la seule satisfaction de leurs intérêts et n’hésitent pas à couler la carrière de ceux qui leur tiennent tête? Voilà le plus simplement possible, la question que pose le refus de Samuel Eto’o Fils.
La gestion à l’emporte-pièce du problème posé par le match amical avorté entre l’Algérie et le Cameroun puis des sanctions qui ont suivi, a laissé apparaître un mépris inacceptable des joueurs et une arrogance mal venue des encadreurs tant de la fécafoot que du ministère des sports. A l’indélicatesse des uns (ces administratifs qui avaient en charge d’offrir de sérieuses garanties aux joueurs), du reste non sanctionnée jusqu’à ce jour, a curieusement répondu, des frappes lourdes sur la carrière de ceux taxés de meneurs. Un peu comme s’il fallait démontrer qu’un joueur fût-il professionnel n’est rien au Cameroun, les parasites de la fécafoot, légalistes du dimanche à leurs heures perdues, ont du haut de leur association, tourner à leur avantage une situation qui les compromettait au premier chef et pour laquelle ils étaient les seuls vrais responsables. En passant, qui les interpelle ou les sanctionne sur les défaillances qu’ils accusent lors les périodes Fifa des matchs amicaux comme celle observée dernièrement?
La force du je m’en foutisme
Cette infatuation qui fait de la fécafoot aujourd’hui un rare léviathan auquel on doit faire acte d’allégeance, n’est plus supportable. C’est vrai, il y a et aura toujours deux espèces de joueurs au Cameroun: ceux qui courageusement clameront leur refus des intrigues et exposeront de ce fait leur carrière, et ceux qui pour des petits calculs de célébrité plieront toujours l’échine en espérant que les seuls nom de l’équipe et la providence suffiront pour leur assurer la gloire. Sur cette dernière catégorie, les responsables actuels de notre football ont trouvé un vivier pour perpétuer leurs manigances. Mais alors jusqu’à quand cela va-t-il vraiment durer? Peut-on raisonnablement se priver de ses meilleurs talents pour des questions d’humeur et de non reconnaissance de ses fautes?
Pour revenir à Samuel Eto’o Fils, les termes de sa correspondance restent sans équivoque. En exprimant le regret d’informer le président de la fécafoot de sa décision de suspendre toute participation en sélection , il ne manque pas de noter que notre équipe fanion continue toujours de baigner dans un environnement caractérisé par l’amateurisme et la mauvaise organisation incompatible avec les exigences du sport de haut niveau. Toutes choses qui font que sa démarche au final vise à attirer l’attention de tous sur la nécessité impérieuse de professionnaliser la gestion de cette équipe.
Ceux qui voudront chercher ailleurs les raisons de son refus doivent d’abord se demander si celles invoquées tiennent la route et ont une certaine pertinence.
Reste tout de même que ce refus est un vrai pari osé. Nous sommes au Cameroun au royaume de tous les je m’en foutismes possibles. Si on a pu à un moment donné se priver des talents comme Etame Mayer, Womè Nlend, Assou Ekotto et bien d’autres, qu’est-ce qui va arriver si Eto’o Fils ne fait plus partie du décor? Rien espère-t-on du côté de ses bourreaux. C’est pourquoi le pari est osé parce que ce n’est pas pour demain que les choses vont s’arranger pour justifier son retour en sélection. Et pire,malgré toutes les bêtises, nul ne peut souhaiter du malheur à l’équipe nationale pour aussi faire bouger les choses. Partie comme elle l’est contre un simple faire valoir qu’est le Cap-Vert, elle donnera sans doute de la satisfaction à ses fossoyeurs et entretiendra une fois de plus l’illusion. Ce mauvais sommier sur lequel se prélasse notre football. Et au final, un refus sans valeur puisqu’il sera démontré qu’on peut faire sans lui.