Rien n’est jamais banal au pays des quadruples champions d’Afrique, dès qu’il est question de Lions Indomptables. Pour preuve, une remise de voiture de fonction, qui en temps normal est une simple formalité administrative même pour un ministre de la république, prend une autre dimension quand il s’agit du sélectionneur national de football. Conscient de l’adage qui veut que ‘’le Cameroun compte autant de population que de sélectionneurs’’, le ministre a tenu à remettre en personne cet outil de travail, essentiel pour enclencher le travail de terrain du coach allemand.
« Monsieur Otto Pfister, respectant à la lettre les termes de notre contrat signé le 7 novembre, je vous remets les clés de ce véhicule. C’est un précieux instrument de travail. Prenez-en soin ». Ainsi s’est exprimé le ministre des Sports et de l’éducation physique, Thierry Augustin Edjoa, lors de la brève cérémonie qu’il a personnellement tenu à présider ce jeudi 22 novembre 2007, dans l’enceinte de son département ministériel. Le patron des Sports était entouré de ses plus proches collaborateurs. L’entraîneur allemand des Lions indomptables du Cameroun, lui, avait à ses côtés, son adjoint, Gweha Ikouam Fils, pour réceptionner le petit « bijou » roulant.
Pour ses déplacements, Otto Pfister s’est également vu affecter un chauffeur, choisi parmi les employés du ministère des Sports et de l’éducation physique. « Je vous demande de le considérer comme votre fils. C’est un garçon très serviable qui vous sera d’une très grande utilité », a précisé Thierry Augustin Edjoa au bénéficiaire de la Patrol, un véhicule tout terrain de marque japonaise, de couleur grise, estampillé CA, l’immatriculation qui distingue les automobilistes ordinaires et privés, de ceux du corps administratif.
En lui posant la question, « vous avez passé le permis de conduire ? », le coach des quadruples champions d’Afrique a néanmoins voulu se rassurer de l’expérience de son nouveau compagnon de route et guide, dans un pays où l’on dénombre, selon les chiffres officiels, pas moins de 20 mille morts chaque année, des suites des accidents de la circulation.
Arrivé au Cameroun ce jeudi matin, après son premier regroupement tenu la semaine dernière en Allemagne, et à l’issue duquel il s’est dit « satisfait de ce premier contact avec les Lions », Otto Pfister devrait se remettre rapidement au travail. A ce titre, ce véhicule de luxe, dont la valeur est estimée au moins à 60 millions Fcfa, apparaît comme un excellent moyen de locomotion pour mener à bien les missions ô combien pointilleuses de prospection et de détection des talents sur l’étendue du territoire national.
Détection des talents
« Avec ça, vous pourrez aller jusqu’au village, chercher les joueurs… ». Une boutade lancée, au milieu des cadres du Minsep, par Gweha Ikouam Fils à Otto Pfister, son supérieur hiérarchique, certainement pour détendre l’atmosphère, colle à l’actualité. Certains ténors actuels de l’équipe nationale, Rigobert Song Bahanag, Géremi Njitap, Joseph Désiré Job… sont en effet en fin de cycle, sans oublier Pierre Womé Nlend ou Lauren Etame Mayer… qui n’entendent plus, sous aucun prétexte, renfiler la tunique vert rouge jaune.
Otto Pfister qui devra obligatoirement résider au Cameroun 365 jours/365, ne pourra bâtir une équipe forte et conquérante dans l’optique de la coupe du monde 2010 en Afrique du Sud, qu’en suivant de près, certes la prestation des footballeurs professionnels, mais davantage les compétitions locales que sont les championnats de première et deuxième division. Lui qui a également en charge la sélection nationale A prime appelée à disputer la première édition de la coupe d’Afrique des nations amateur en 2009, bénéficie là d’un excellent moyen de déplacement mis à sa disposition par le ministère des Sports et de l’éducation physique, dont le budget de fonctionnement au titre de l’exercice 2008 a été arrêté à 15 milliards Fcfa. Malgré cette enveloppe colossale, les adjoints de Otto Pfister ne bénéficieront pas des mêmes avantages pour le moyen de locomotion !
On se souvient que la génération des mondialistes de 1982, constituée des Théophile Abéga, Mbida, Aoudou Ibrahim, Mbom Ephrem, Mbida Arantes, Onana Eloundou, Ndjéa Réné, Ndoumbè Léa, Jean Pierre Tokoto… était arrivée en fin de cycle après le sacre historique de la Can 1984 en Côte d’Ivoire. A son arrivée, dans des conditions similaires, en 1985, le Français Claude Marie Leroy, eût le flair d’aller fouiner à la campagne, d’où il sorti les frères Biyick, Kana et Oman et bien d’autres pions, qui allaient illuminer le football camerounais et africain durant plus d’une décennie. Otto Pfister pourra-t-il réussir ce pari ? À vos jeux.
Jean Robert Frédéric Fouda à Yaoundé